Tahiti, le 14 février 2024. En 2022, 279 000 personnes vivent en Polynésie française selon le dernier recensement général de la population. Le ralentissement démographique se poursuit avec une natalité en baisse et un allongement de la durée de vie. On note aussi que les chiffres tordent le cou aux affirmations de ceux qui voient un “blanchissement” de la population puisqu'il y a encore davantage de départs que d'arrivées en Polynésie entre 2017 et 2022.
C'est un travail titanesque qu'a mené l'Institut de la statistique de Polynésie française (ISPF) pour faire le dernier recensement général de la population polynésienne de 2022. Plus de 800 enquêteurs et contrôleurs ont été recrutés pour collecter les “centaines de milliers” de données sur le terrain pendant quatre mois. Des données qui ont ensuite été contrôlées, saisies et traitées avant d'être validées et présentées ce mercredi par la directrice de l'ISPF, Nadine Jourdan, en présence du ministre de l'Économie, Tevaiti Pomare. Budget de l'opération, 330 millions de francs financés à 100% par l'État via l'institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Contrastes selon les archipels
Premier constat, le ralentissement démographique annoncé il y a vingt ans se poursuit. Alors que la population augmentait de 6% entre 2002 et 2007, elle n'a augmenté que de 1% entre 2017 et 2022. Elle s'établit ainsi précisément à 278 786 habitants dont 210 000 aux seules îles-du-Vent (+ 1,3%), autrement dit les trois-quarts de la population polynésienne. À Tahiti, Faa'a reste la commune la plus peuplée avec 29 830 habitants, suivie de près par Punaauia et ses 28 780 habitants.
En revanche, à Papeete, Pirae, Paea et Mahina, on constate une baisse de la population quand, au contraire, elle est sensiblement en hausse à la Presqu'île et Teva i Uta (+5,7%). Mais c'est Moorea qui détient le record avec une population qui augmente deux fois plus vite que partout ailleurs en Polynésie. Aux îles Sous-le-vent, c'est toujours Raiatea qui compte le plus d'habitants avec 12 400 âmes au compteur. Ce qui est loin d'être le cas aux Australes où Rurutu descend au niveau de Tubuai avec une population en baisse de plus de 12%. Diminution aussi, mais plus légère, aux Tuamotu-Gambier avec - 0,9%.
Les Polynésiens font de moins en moins de bébés
Deuxième constat, comme en Métropole, les Polynésiens font de moins en moins d’enfants. S'il y a toujours davantage de naissances que de décès, le solde naturel décroît avec 500 naissances en moins chaque année et 200 décès en plus, dans le même temps, par rapport à la période précédente. Paradoxalement, le taux de fécondité reste stable. Mais cette baisse de la natalité s'explique par une diminution, entre 2017 et 2022, du nombre de femmes en âge de procréer, notamment entre 20 et 29 ans. Ils sont en effet environ 800 jeunes adultes à quitter le territoire chaque année. Cela étant, l'espérance de vie à la naissance continue d'augmenter pour atteindre 79 ans pour les femmes et 75 ans pour les hommes.
Une bonne nouvelle en soi mais l'accélération du vieillissement de la population n'arrange pas les affaires de la CPS qui compte de moins en moins d'actifs pour toujours plus de retraités. Si notre système par répartition, gage de solidarité, n'est plus garanti faute de financement pour nos comptes sociaux, il n'est pas exclu de devoir muter un jour vers un système par capitalisation... ou alors, de (re) faire beaucoup de bébés. Le souci est d'ailleurs le même en Métropole où le président Emmanuel Macron a annoncé un “grand plan contre l'infertilité” pour amorcer un “réarmement démographique”. Interrogé sur ce point et sur une déclinaison possible en Polynésie, le ministre Tevaiti Pomare n'a pas vraiment répondu, constatant simplement que ce ralentissement démographique était dû justement au “solde migratoire” avec une “population qui vieillit”.
En Polynésie la pyramide des âges s'est inversée depuis de nombreuses années déjà. “En 1988, les jeunes de moins de 20 ans représentaient encore près de la moitié de la population”, avec un âge médian se situant à “21 ans contre 34 aujourd'hui”, souligne l'étude de l'ISPF.
20 500 départs contre 14 000 arrivées en cinq ans
Les chiffres sont têtus. Et ils viennent tordre le cou aux dernières polémiques alimentées par certains élus sur le “blanchissement” de la population polynésienne. Le solde migratoire est en effet négatif et c'est un phénomène qui se confirme puisqu'il est observé depuis 2012 déjà. C'est ainsi qu'entre 2017 et 2022, 20 500 personnes ont quitté la Polynésie (17 000 lors du recensement précédent entre 2012 et 2017) tandis que 14 000 arrivaient sur le territoire. Certes, sur ces 14 000 nouveaux arrivants, ils sont 9 700 à venir de Métropole (69%), contre 2 100 natifs (15%) de Polynésie à rentrer au Fenua. Cela peut éventuellement expliquer ce “ressenti” de certains élus de la majorité comme Oscar Temaru, Mitema Tapati ou le ministre de l'Éducation Rony Teriipaia qui y voient une “invasion” des Métropolitains.
Mais comme pour la météo, il y a le réel et le ressenti. Et le réel dit que l'arrivée des natifs de France hexagonale régresse quand, au contraire, les Polynésiens sont de plus en plus nombreux à rentrer chez eux (plus 33%). “Un chiffre en légère baisse donc avec environ 10 000 Hexagonaux qui sont arrivés sur cette période”, concède timidement le ministre. En termes de proportion, l'ISPF souligne qu'en 2022, les natifs de Polynésie française représentent 88% des habitants (245 900 personnes) et les natifs de France 8,8% des habitants, soit 24 570 personnes. On est quand même loin de l'invasion...
C'est un travail titanesque qu'a mené l'Institut de la statistique de Polynésie française (ISPF) pour faire le dernier recensement général de la population polynésienne de 2022. Plus de 800 enquêteurs et contrôleurs ont été recrutés pour collecter les “centaines de milliers” de données sur le terrain pendant quatre mois. Des données qui ont ensuite été contrôlées, saisies et traitées avant d'être validées et présentées ce mercredi par la directrice de l'ISPF, Nadine Jourdan, en présence du ministre de l'Économie, Tevaiti Pomare. Budget de l'opération, 330 millions de francs financés à 100% par l'État via l'institut national de la statistique et des études économiques (Insee).
Contrastes selon les archipels
Premier constat, le ralentissement démographique annoncé il y a vingt ans se poursuit. Alors que la population augmentait de 6% entre 2002 et 2007, elle n'a augmenté que de 1% entre 2017 et 2022. Elle s'établit ainsi précisément à 278 786 habitants dont 210 000 aux seules îles-du-Vent (+ 1,3%), autrement dit les trois-quarts de la population polynésienne. À Tahiti, Faa'a reste la commune la plus peuplée avec 29 830 habitants, suivie de près par Punaauia et ses 28 780 habitants.
En revanche, à Papeete, Pirae, Paea et Mahina, on constate une baisse de la population quand, au contraire, elle est sensiblement en hausse à la Presqu'île et Teva i Uta (+5,7%). Mais c'est Moorea qui détient le record avec une population qui augmente deux fois plus vite que partout ailleurs en Polynésie. Aux îles Sous-le-vent, c'est toujours Raiatea qui compte le plus d'habitants avec 12 400 âmes au compteur. Ce qui est loin d'être le cas aux Australes où Rurutu descend au niveau de Tubuai avec une population en baisse de plus de 12%. Diminution aussi, mais plus légère, aux Tuamotu-Gambier avec - 0,9%.
Les Polynésiens font de moins en moins de bébés
Deuxième constat, comme en Métropole, les Polynésiens font de moins en moins d’enfants. S'il y a toujours davantage de naissances que de décès, le solde naturel décroît avec 500 naissances en moins chaque année et 200 décès en plus, dans le même temps, par rapport à la période précédente. Paradoxalement, le taux de fécondité reste stable. Mais cette baisse de la natalité s'explique par une diminution, entre 2017 et 2022, du nombre de femmes en âge de procréer, notamment entre 20 et 29 ans. Ils sont en effet environ 800 jeunes adultes à quitter le territoire chaque année. Cela étant, l'espérance de vie à la naissance continue d'augmenter pour atteindre 79 ans pour les femmes et 75 ans pour les hommes.
Une bonne nouvelle en soi mais l'accélération du vieillissement de la population n'arrange pas les affaires de la CPS qui compte de moins en moins d'actifs pour toujours plus de retraités. Si notre système par répartition, gage de solidarité, n'est plus garanti faute de financement pour nos comptes sociaux, il n'est pas exclu de devoir muter un jour vers un système par capitalisation... ou alors, de (re) faire beaucoup de bébés. Le souci est d'ailleurs le même en Métropole où le président Emmanuel Macron a annoncé un “grand plan contre l'infertilité” pour amorcer un “réarmement démographique”. Interrogé sur ce point et sur une déclinaison possible en Polynésie, le ministre Tevaiti Pomare n'a pas vraiment répondu, constatant simplement que ce ralentissement démographique était dû justement au “solde migratoire” avec une “population qui vieillit”.
En Polynésie la pyramide des âges s'est inversée depuis de nombreuses années déjà. “En 1988, les jeunes de moins de 20 ans représentaient encore près de la moitié de la population”, avec un âge médian se situant à “21 ans contre 34 aujourd'hui”, souligne l'étude de l'ISPF.
20 500 départs contre 14 000 arrivées en cinq ans
Les chiffres sont têtus. Et ils viennent tordre le cou aux dernières polémiques alimentées par certains élus sur le “blanchissement” de la population polynésienne. Le solde migratoire est en effet négatif et c'est un phénomène qui se confirme puisqu'il est observé depuis 2012 déjà. C'est ainsi qu'entre 2017 et 2022, 20 500 personnes ont quitté la Polynésie (17 000 lors du recensement précédent entre 2012 et 2017) tandis que 14 000 arrivaient sur le territoire. Certes, sur ces 14 000 nouveaux arrivants, ils sont 9 700 à venir de Métropole (69%), contre 2 100 natifs (15%) de Polynésie à rentrer au Fenua. Cela peut éventuellement expliquer ce “ressenti” de certains élus de la majorité comme Oscar Temaru, Mitema Tapati ou le ministre de l'Éducation Rony Teriipaia qui y voient une “invasion” des Métropolitains.
Mais comme pour la météo, il y a le réel et le ressenti. Et le réel dit que l'arrivée des natifs de France hexagonale régresse quand, au contraire, les Polynésiens sont de plus en plus nombreux à rentrer chez eux (plus 33%). “Un chiffre en légère baisse donc avec environ 10 000 Hexagonaux qui sont arrivés sur cette période”, concède timidement le ministre. En termes de proportion, l'ISPF souligne qu'en 2022, les natifs de Polynésie française représentent 88% des habitants (245 900 personnes) et les natifs de France 8,8% des habitants, soit 24 570 personnes. On est quand même loin de l'invasion...