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Rassemblement des acteurs de la mer pour compléter nos cartes sous-marines


Une réunion organisée par le Cluster juste avant le cocktail
Une réunion organisée par le Cluster juste avant le cocktail
PAPEETE, le 3 juin 2016 - Pour développer le potentiel maritime de la Polynésie beaucoup reste à faire, à commencer par créer des cartes marines et sous-marines exactes. Pour cela, il faut mettre en relation tous les acteurs de ce secteur, dans les ministères, les administrations et les entreprises. Un travail à faire en urgence, et qui pourrait rapporter énormément à notre économie assure le président du Cluster maritime.

Ce jeudi soir, le bateau de guerre Le Prairial hébergeait une soirée loin de ses vocations belliqueuses : un cocktail rassemblant entreprises, officiers, scientifiques, ministres et hauts-fonctionnaires. Tous étaient rassemblés à l'initiative du Cluster Maritime et du SHOM (Service hydrographique et océanographique de la Marine), pour rassembler les acteurs de l'économie bleue.

Beaucoup de ces acteurs importants du secteur ne se connaissaient que de nom ou par mail. Se rencontrer en personne devrait permettre d'accélérer les dossiers et faciliter les résolutions de problèmes. D'ailleurs, la soirée a commencé par une réunion du Cluster consacrée à la bathymétrie (cartographie des fonds sous-marins), et la vingtaine de participants étaient si enthousiastes de se rencontrer enfin que d'autres réunions et l'élaboration d'un cahier des charges commun sont déjà prévus pour la fin de l'année.

Gérard Siu, président du Cluster maritime
Gérard Siu, président du Cluster maritime
Vincent Lamarre, le directeur de l'antenne du SHOM dans le Pacifique, nous explique que son service est la référence pour les relevés de fonds sous-marins, la modélisation des courants… Il travaille en ce moment "sur Fakarava, pour ouvrir de nouvelles escales de bateau de croisière, nous avons aussi des demandes sur Hao par rapport à la ferme aquacole pour faire des modèles de circulation de l'eau pour implanter et gérer la ferme durablement… Il y a de gros besoins de connaissance du milieu marin en Polynésie."

CHAQUE FRANC INVESTI DANS L'HYDROGRAPHIE GÉNÈRE 10 FRANCS DE RETOUR

Gérard Siu, le président du Cluster maritime, nous explique que "notre vision, c'est vraiment de trouver quels sont les facteurs de développement de notre économie maritime, et quels sont les différents freins qui bloquent ce développement. Et aujourd'hui nous avons identifié l'un de ces freins : c'est l'hydrographie. Ce sont les cartes sous-marines, les courants marins, les houles, les phénomènes de température et de salinité… C'est un univers assez complexe, que les gens ne connaissent pas, ce qui a une influence pour les constructions par exemple. Les gens savent ce qu'il y a à la surface, où sont les passes, mais ce qu'il y a en dessous, les courants, les reliefs sous-marins, ils ne connaissent pas. Par exemple les gens vont faire un muret le long de la mer, sans savoir qu'avec les courants ils vont causer plus de dommages ailleurs…"

Gérard Siu
Gérard Siu
Le président, dans son discours, donne d'autres exemples : l'émissaire de rejet du CHPF dans la baie de Taaone qui n'était pas sur les cartes marines et a été endommagé par erreur, causant la pollution de la baie. Ou encore le câble sous-marin entre Raiatea et Taha'a qui, encore une fois, n'était pas sur les cartes et a été arraché par un bateau de pêche… "L'organisme centralisateur aujourd'hui, le Pays, doit rassembler toutes ces données et ne le fait pas. Les émissaires et les câbles ne sont pas dans les plans. Un service les a posés, mais n'a pas communiqué les données à une cellule qui les transmettrait aux chambres et au Pays qui l'intégrerait à ses plans…"

Gérard Siu reste cependant très optimiste pour le développement du secteur, assurant que "pour chaque franc investit dans l'hydrographie dans un pays dépendant de l'économie maritime comme le nôtre, on peut attendre 10 francs de retour. Ce sont les chiffres de l'Organisation internationale de l'hydrographie. Et si déjà tous ceux qui travaillent autour de l'hydrographie pouvaient rassembler les données dans un système centralisé, ça ne couterait pas grand-chose et ça rapporterait beaucoup !"

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Vendredi 3 Juin 2016 à 17:43 | Lu 2492 fois