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Ras-le-bol à La Dépêche sur fond d’enlisement de la grève


PAPEETE, 28 février 2018 - Les responsables de la rédaction du quotidien La Dépêche de Tahiti ont tenu une conférence de presse mercredi après-midi pour dire leur ras-le-bol face à un mouvement de grève qui peine à sortir de l’ornière, après une semaine de débrayages.

"La Dépêche n’est malheureusement consultable que sur internet", déplore Bertrand Prévost, directeurs des rédactions de La Dépêche de Tahiti et du pôle magazine, alors que "les journalistes sont là ; les secrétaires de rédaction sont là ; les quelques monteurs sont là".

Depuis jeudi 22 février quatre sociétés du groupe de presse de Dominique Auroy sont diversement handicapées par un mouvement de contestation organisé à l’appel de la Confédération des syndicats indépendants de Polynésie (CSIP). La mobilisation est variée : 11 employés sur 37 à la Société d’information et de communication (S.I.C), qui rassemble les rédactions du groupe ; trois collaborateurs sur 23 à la régie publicitaire. C’est à l’imprimerie qu’elle est massive : la totalité des techniciens et sept employés du conditionnement. "Oui, l’imprimerie est en grève, poursuit Bertrand Prévost, mais en ce qui nous concerne La Dépêche sort chaque jour. On est fiers d’avoir sorti cette belle Une aujourd’hui (…). Seulement on n’est pas imprimés et on est à la merci de la volonté des grévistes de reprendre le travail ou pas. Si les imprimeurs reprenaient le travail, nous aurions un journal demain".

Le problème : depuis une entrevue avortée, mercredi 21 février, avec Michel Yonker, le directeur général de la S.I.C, aucune rencontre de négociation n’a pu avoir lieu avec les grévistes. Et cette voie sans issue pourrait se poursuivre jusqu’à la mi-mars, date du retour à Tahiti de Dominique Auroy, l’actionnaire majoritaire, actuellement en déplacement à Cuba.

D’un côté, on assure que des propositions de rencontre ont été faites "presque chaque jour" aux grévistes pour trouver une issue à ce mouvement. Information démentie catégoriquement sur le piquet de grève, à l’entrée du quotidien de la Fautaua et à la CISP, où Cyril Le Gayic affirme avoir "relancé à plusieurs reprises la DRH (directrice des ressources humaines) pour s’entendre sur un calendrier de rencontres. Je n’ai pour l’instant aucun retour : nous sommes disponibles". Il précise cependant : "pour moi, le gros problème est de savoir si Michel Yonker a réellement la capacité de s’engager en l’absence du propriétaire".

Les grévistes demandent le respect des termes du protocole de fin de conflit signé le 30 novembre dernier. Il s’agit essentiellement de revendications salariales liées au paiement de primes et à des "retards récurrents du paiement des salaires". Les préavis dénoncent également des problèmes d'organisation fonctionnelle dans l’entreprise, demandent l'amélioration des "conditions de travail et d'hygiène" et déplorent des "pressions sur les représentants du personnel".

Face au ras-le-bol exprimé par la rédaction du quotidien La Dépêche de Tahiti, sur le piquet de grève, Stanley Sandford, délégué du personnel gréviste déplorait aussi, mercredi, "le fait de n’avoir aucune proposition de sortie de crise. Peut-être que l’on n’est pas suffisamment importants pour eux, que notre cause leur paraît perdue d’avance ; mais derrière chaque personne ici, il y a une famille". A La Dépêche, la grève s'enlise et tout le monde semble s'acheminer vers une solution perdante.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 28 Février 2018 à 16:55 | Lu 2193 fois