Rapa Nui, l'écotourisme s'est imposé de lui-même


PAPEETE, le 08 septembre 2016 - Si le tourisme à Rapa Nui n'est pas un tourisme de masse à proprement parler, mais ce tourisme quand même extrêmement soutenu pour la taille de l'île et la population locale, pose plusieurs questions.

Le tourisme est l'activité économique principale de Rapa Nui. Elle représente 80 % de l'économie locale. «La principale activité économique de l’île de Pâques est le tourisme, et malgré le désordre que celui-ci engendre, il est vital pour la croissance économique de la zone et pour son maintien.» Indiquait un rapport sur l'état de l'île publié par la Revue interaméricaine d'environnement et de tourisme en 2012. "Le développement du tourisme de l'île de Pâques est particulier, le nombre de touristes s'est multiplié de façon exponentielle sans aucun type de plan stratégique de développement" indique Julio Lagos Huke, responsable des relations publiques de MahinaTur à Rapa Nui.

L'île de Pâques compte 6 000 habitants pour environ 100 000 visiteurs par an en moyenne et près de 40 hôtels, sans compter les auberges, pensions de famille et maisons d'hôtes.

Faute de politiques publiques, le développement du tourisme sur l'île s'est fait de façon anarchique et par initiatives privées. Si ce sont des petits hôtels pas trop exubérants, plutôt que des resorts et des casinos qui se sont implantés sur le territoire c'est surtout du fait du profil des touristes qui se rendent à Rapa Nui.

Une clientèle fortunée et éclairée

Finalement, Rapa Nui a la "chance" d'attirer un public instruit et fortuné, qui apprécie et respecte les sites archéologiques. En effet, Le prix du billet, la desserte rare et la distance de la destination sont des freins majeurs pour le grand public. "On ne va pas à Rapa Nui par erreur ou par hasard. Nos touristes ont entendu parler des moaï. Ils sont généralement âgés et férus de tourisme culturel. Le profil des touristes de Rapa Nui n'a pas changé depuis les années 1970" indique Julio Lagos Huke.

Ainsi, les promoteurs et le secteur de l'hôtellerie ont dû s'adapter à leur clientèle, c’est-à-dire à un profil d'aventuriers éclairés, qui ont une conscience de l'importance du patrimoine archéologique et culturel. Cela a permis d'à peu près épargner les statues compte tenu du flux de touristes. Néanmoins, certaines statues ont quand même été dégradées.

L'afflux massif de touriste pose aussi les problèmes de traitements de déchets, des eaux usées et de respect de l'environnement. Les autres questions qui se posent sont celles de l'acceptation du tourisme par la population et celle de la gestion du flux par rapport à un terrain limité. Des problématiques que la Polynésie rencontre aussi de façon récurrente du fait de l'insularité.

Trois questions à Julio Lagos Huke responsable des relations publiques de MahinaTur à Rapa Nui

Les touristes de Rapa Nui et ceux de la Polynésie sont-ils comparables ?
Même si ce sont deux destinations Polynésiennes, la Polynésie et l’île de Pâques sont des marchés très différents.
S'il est vrai que nous travaillons avec les même marchés émetteurs c’est-à-dire, l'Amérique du Nord, l'Europe et l'Amérique latine, l'Asie, le type du de touristes que nous recevons sont très différents.
Le touriste qui va à Rapa Nui cherche une destination culturelle. Il est en quête de sites archéologiques, d'aventure. A Tahiti, même si elle tend à changer, la cible est plutôt celle des honey-mooners, qui viennent chercher une lune de miel de rêve au paradis. On remarque cette différence surtout dans l'âge des touristes.

Comment fonctionne le tourisme à l’île de Pâques ?
Le tourisme s'est accru de façon exponentielle, dû à la renommée internationale des sites archéologiques. Les offres des lignes aérienne, les croisières tour du monde et les packages des tours opérateurs donnent de la visibilité à l'île. L'île n'a pas besoin de plan de communication, elle était déjà mondialement connue avant les plans de communication de Latam (Lan Chile) et du gouvernement chilien.

L'île de Pâques a huit mois de haute saison et quatre mois de saison basse. Le touriste reste en moyenne quatre jours sur l'île. En général, ils ont deux jours programmés, et deux jours libres.

Le problème c'est que certains produits ne répondent pas aux attentes des clients, notamment par le manque de professionnalisme et de sérieux de certains prestataires.

Quelle est la stratégie de développement touristique mise en place à Rapa Nui ?
Il n'y a pas de stratégie à proprement parler, elle s'est imposée d'elle-même. Le plan de développement créé par le gouvernement ne fonctionne pas comme il le devrait. La promotion de la destination menée par les acteurs privés a été plus efficace.

Aujourd'hui, c'est très à la mode de parler d'écotourisme, d'écologie nous devons suivre ce modèle notamment pour la cible des touristes que nous visons. L'île s'est orientée vers ce type de tourisme. C'est un parc archéologique à l'air libre, un resort ou un casino ne marcheraient jamais sur ce site. On essaie de construire des hébergements qui correspondent à la demande de nos touristes.


Rédigé par Marie Caroline Carrère le Jeudi 8 Septembre 2016 à 18:17 | Lu 3633 fois