Une conférence sur la vision polynésienne du ciel s'est tenue à 100% en reo tahiti.
Raiatea, le 14 Février 2022 – L’association A nui Taputapuātea, représentée par Jean Mere, médiateur du patrimoine au ministère de la Culture a organisé vendredi une conférence sur la vision polynésienne du ciel. Pour la première fois, elle s'est entièrement tenue en reo tahiti.
À Raiatea, les locaux de Aroha étaient pleins, vendredi soir, pour cette première présentation en reo tahiti. Naiki Lutz, qui organise ces conférences culturelles chaque mois, s’est prêtée au jeu. Elle a réalisé en tahitien le temps de méditation qui précède les enseignements. Jean Mere a ensuite pris la parole. Il est médiateur du patrimoine au ministère de la Culture, et a travaillé avec l’Unesco sur le dossier de classement de Taputapuātea au patrimoine mondial de l’humanité.
Il a raconté Te rahura’ahia o te ao, la création du monde par Ta’aroa, puis a enchaîné avec les autres intervenants sur les pou, les piliers célestes, Te fānaura’ahia o te mau fetū, la naissance des astres et Te mau hui tārava, les constellations. Il a ensuite fait un parallèle avec la culture chinoise et égyptienne. En effet dans la vision polynésienne, Ta’aroa crée le monde avec l’œuf rūmia que l’on retrouve également au commencement dans les deux autres cultures. Pour terminer, il a présenté la représentation du monde avec les dix cieux (voir encadré).
“Le reo n'est pas un frein”
À l'issue de la conférence, Jean s'est félicité de l'initiative, ravi que la langue choisie n'ait pas été un frein pour le public : “Pour une première, c’était une réussite. Une fierté aussi parce que mes deux collègues ont relevé ce challenge de parler en langue polynésienne. Je suis fier aussi du public que nous avons eu parce qu’ils étaient embarqués, malgré le peu de connaissance en tahitien pour certains. J’ai appris que le reo n’était pas un frein. Je croyais que ça allait être difficile pour les gens de comprendre, mais finalement non. Il faut se lancer. On a bien vu ce soir que les gens sont demandeurs. Ils veulent se ‘nourrir’.”
“Réconcilier les Tahitiens avec le tahitien”
À Raiatea, les locaux de Aroha étaient pleins, vendredi soir, pour cette première présentation en reo tahiti. Naiki Lutz, qui organise ces conférences culturelles chaque mois, s’est prêtée au jeu. Elle a réalisé en tahitien le temps de méditation qui précède les enseignements. Jean Mere a ensuite pris la parole. Il est médiateur du patrimoine au ministère de la Culture, et a travaillé avec l’Unesco sur le dossier de classement de Taputapuātea au patrimoine mondial de l’humanité.
Il a raconté Te rahura’ahia o te ao, la création du monde par Ta’aroa, puis a enchaîné avec les autres intervenants sur les pou, les piliers célestes, Te fānaura’ahia o te mau fetū, la naissance des astres et Te mau hui tārava, les constellations. Il a ensuite fait un parallèle avec la culture chinoise et égyptienne. En effet dans la vision polynésienne, Ta’aroa crée le monde avec l’œuf rūmia que l’on retrouve également au commencement dans les deux autres cultures. Pour terminer, il a présenté la représentation du monde avec les dix cieux (voir encadré).
“Le reo n'est pas un frein”
À l'issue de la conférence, Jean s'est félicité de l'initiative, ravi que la langue choisie n'ait pas été un frein pour le public : “Pour une première, c’était une réussite. Une fierté aussi parce que mes deux collègues ont relevé ce challenge de parler en langue polynésienne. Je suis fier aussi du public que nous avons eu parce qu’ils étaient embarqués, malgré le peu de connaissance en tahitien pour certains. J’ai appris que le reo n’était pas un frein. Je croyais que ça allait être difficile pour les gens de comprendre, mais finalement non. Il faut se lancer. On a bien vu ce soir que les gens sont demandeurs. Ils veulent se ‘nourrir’.”
“Réconcilier les Tahitiens avec le tahitien”
Gino Salmon et Jean Mere.
À l’initiative de cette conférence, on retrouve Gino Salmon, qui travaille à l’Inspection des écoles primaires des îles-Sous-le-Vent. Il explique que ce projet, qui peut paraître ambitieux au départ, a germé car il y a une jeunesse qui a envie d’apprendre, de renouer avec sa culture, son identité. “J’avais envie de cibler un public particulier : la communauté polynésienne. Je voulais réconcilier les Tahitiens avec le tahitien, et je suis persuadé qu’à plusieurs, ces petites frustrations et problèmes d’identité peuvent être comblés. Les Polynésiens peuvent être fiers d’eux, de leurs ancêtres, mais aussi de cette jeune génération. Et c’est un moyen d’aider ceux qui sont un peu déracinés, qui ne trouvent pas leur chemin”.
Jean Mere, médiateur du patrimoine au ministère de la Culture
"Je n'arrête pas d'apprendre"
“J’ai eu un choc culturel lors de la réception d’une délégation hawaïenne à Raiatea. Après chaque dîner, ils se rassemblaient pour une petite veillée où ils faisaient la lecture de leur généalogie jusqu’au marae de Taputapuātea. Et un soir c’est tombé sur moi. Mais à l’époque je n’étais pas trop intéressé à la culture polynésienne et j’ai raconté ma généalogie. Je suis arrivé jusqu’en Angleterre, car je suis descendant des Holman. À ce moment-là, le regard que mes cousins hawaïens m’ont porté m’a transpercé. J’ai eu honte, je me suis rendu compte qu’ils sont venus de Hawaï, ils ont fait leur appartenance au marae de Taputapuātea, et moi qui suis d’ici, j’ai raconté être rattaché à l’Angleterre. À partir de ce moment, j’ai commencé mes recherches sur la culture polynésienne. Et depuis je n’arrête pas d’apprendre et de gagner. Car tout ce que je reçois, je donne. Le Polynésien il gagne quand il donne. Et donc je me suis dit qu’il faut que je partage toutes les connaissances que je vais acquérir. Le but c’est que ce petit Polynésien, même à 0,10% prenne cette partie de l’histoire."
"Je n'arrête pas d'apprendre"
“J’ai eu un choc culturel lors de la réception d’une délégation hawaïenne à Raiatea. Après chaque dîner, ils se rassemblaient pour une petite veillée où ils faisaient la lecture de leur généalogie jusqu’au marae de Taputapuātea. Et un soir c’est tombé sur moi. Mais à l’époque je n’étais pas trop intéressé à la culture polynésienne et j’ai raconté ma généalogie. Je suis arrivé jusqu’en Angleterre, car je suis descendant des Holman. À ce moment-là, le regard que mes cousins hawaïens m’ont porté m’a transpercé. J’ai eu honte, je me suis rendu compte qu’ils sont venus de Hawaï, ils ont fait leur appartenance au marae de Taputapuātea, et moi qui suis d’ici, j’ai raconté être rattaché à l’Angleterre. À partir de ce moment, j’ai commencé mes recherches sur la culture polynésienne. Et depuis je n’arrête pas d’apprendre et de gagner. Car tout ce que je reçois, je donne. Le Polynésien il gagne quand il donne. Et donc je me suis dit qu’il faut que je partage toutes les connaissances que je vais acquérir. Le but c’est que ce petit Polynésien, même à 0,10% prenne cette partie de l’histoire."
Dessin de Claude Teriierooiterai.
Les dix cieux dans la vision polynésienne du ciel.
Le premier contient te Ao et Te Pō. Le second, la lune et le troisième, le soleil et les planètes. Le quatrième ciel est la place des étoiles repères : les ‘anā et ta’urua. Les ciels de cinq à neuf contiennent les étoiles et enfin, le dixième ciel contient Vai-Ora-a-Tane ou Vai-ora-a-Ta’aroa, la voie-lactée et les différents dieux.
Le premier contient te Ao et Te Pō. Le second, la lune et le troisième, le soleil et les planètes. Le quatrième ciel est la place des étoiles repères : les ‘anā et ta’urua. Les ciels de cinq à neuf contiennent les étoiles et enfin, le dixième ciel contient Vai-Ora-a-Tane ou Vai-ora-a-Ta’aroa, la voie-lactée et les différents dieux.