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Raffin mise sur l'agrivoltaïque


Tahiti, le 20 avril 2021 – Le ministre en charge de l'Énergie, Yvonnick Raffin, s'est exprimé longuement mardi sur sa politique énergétique et a annoncé le lancement du premier appel à projets du Pays pour les fermes solaires avec stockage à Tahiti.
 
Peu prolixe sur ce sujet depuis sa nomination au gouvernement en septembre dernier, le ministre en charge de l'Énergie, Yvonnick Raffin, s'est rattrapé mardi avec une longue conférence de presse destinée à aborder sa politique énergétique et son “plan d'action 2021-2023” pour le secteur. L'occasion également d'annoncer le lancement officiel, ce mardi, des appels à projets de fermes solaires avec stockage destinés à augmenter la part de l'énergie solaire dans le mix énergétique sur l'île de Tahiti.
 
50% de renouvelable sous “4 à 5 ans”
 
Sur l'objectif général de sa politique énergétique, le ministre a largement insisté sur les questions environnementales de “sauvegarde de notre écosystème” et la nécessité de “changer notre modèle énergétique”. En bref, les objectifs du plan de transition énergétique de 2015 qui ont pris quelques années de retard… Le plan prévoyait en effet d'atteindre 50% de part des énergies renouvelables dans la production énergétique totale de la Polynésie française en 2020. Aujourd'hui, ce taux de pénétration plafonne à 36% pour la seule île de Tahiti. “Il y a eu beaucoup d'annonces ces dix dernières années, mais peu souvent suivies d'effet”, a concédé le ministre. L'objectif étant, selon lui, d'apporter davantage de réalisations “concrètes” dans le secteur. 50% de taux de pénétration des énergies renouvelables ? “Honnêtement, c'est possible d'ici 4 à 5 ans”, avance Yvonnick Raffin.
 
Pour arriver à cet objectif, le “plan d'action” d'ici la fin de la mandature se veut “simple” et sommaire. D'une part “renforcer la sécurité juridique du code de l'énergie pour clarifier le positionnement et le rôle de chacun”, d'autre part “viser la durabilité avec le développement des énergies renouvelables via les fermes solaires avec stockage, le Swac et la poursuite du développement de l'hydroélectrique”. Pour le premier volet du plan, les principales lois du Pays ont été votées fin 2020/début 2021. Pour le second volet, la conférence de presse de mardi était l'occasion d'annoncer officiellement le lancement de l'appel à projets pour les fameuses fermes solaires avec stockage.
 
30 mégawatts-crête
 
“L'appel à projets sera lancé aujourd'hui”, a annoncé Yvonnick Raffin. Le ministre a précisé les contours de ce premier appel d'offres pour des fermes de panneaux solaires avec batteries sur l'île de Tahiti pour une puissance totale de 30 mégawatts-crête (MWc). Les projets seront déposés dans les prochaines semaines et sélectionnés dans le courant du mois de septembre par le Pays. Parmi eux, on connaît déjà l'existence de celui porté par Tahiti Nui Télécom pour 12 MWc à Papenoo. Le ministre a précisé qu'au terme du processus de sélection en septembre prochain, les lauréats auraient “18 à 24 mois” pour affiner leurs offres en dialoguant avec le Pays. L'objectif annoncé est de produire “le premier kilowattheure au premier semestre 2023”. Ces projets seront validés par des “contrats de longue durée pour 20 à 25 ans” avec le Pays, avec une obligation de retraitement des déchets issus des panneaux photovoltaïques en fin de contrat pour les lauréats.
 
Deux critères principaux sont annoncés par Yvonnick Raffin pour le choix des projets. Le premier, comptant pour 75% de la note attribuée, sera le prix proposé par les candidats. Le conseil des ministres a arrêté récemment un tarif de rachat de 21 Fcfp le kWh pour l'énergie solaire, quand le tarif moyen de l'énergie thermique se situe en moyenne à 22 Fcfp le kWh. “Tous les candidats qui seront au-dessus de 21 Fcfp seront automatiquement éliminés”, explique Yvonnick Raffin. Pour autant, il ne faut pas s'attendre à voir cette baisse du prix du kWh se répercuter sur la facture des consommateurs. La différence de tarif servant à financer le coût d'installation du solaire… Le deuxième critère, comptant pour 25% de la note, concernera le type d'installation choisi par le candidat. Et sur ce point, le ministre annonce déjà la couleur : le vert. “Le Pays privilégiera les installations qui allieront agriculture et énergie solaire”. Soit l'agrivoltaïque. Des concepts comme ceux “d'Agrinergie” développés par le français Akuo, particulièrement innovant mais aussi très coûteux.
 
Au final, ces 30 MWc d'énergies solaires devraient représenter “6 à 10%” d'énergies renouvelables supplémentaires dans le mix énergétique pour Tahiti. Et le Pays annonce d'ores et déjà qu'un second appel à projets pour “30 à 40 MWc” sera lancé “d'ici trois ans”.
 

​Un objectif de trois centrales à Tahiti

Evoqué dans deux articles récents par nos confrères de Radio 1, le projet d'une centrale à gaz pour alimenter une partie du réseau électrique de l'île de Tahiti a été brièvement évoqué mardi par le ministre en charge de l'Énergie, Yvonnick Raffin. Ce projet évoqué dans le dernier plan de relance du Pays est destiné à équilibrer un réseau électrique en expansion “qu'une seule centrale thermique (celle de la Punaruu, NDLR) ne peut absorber”, dixit Yvonnick Raffin. Ce projet de deuxième centrale est donc à l'étude, mais souffre encore d'un petit bémol. Si le gaz est une énergie thermique intéressante car moins polluante que le gazole qui alimente désormais la centrale Martin à la Punaruu, il reste encore bien plus cher que le carburant issu du raffinage du pétrole.
 
Le ministre a également confirmé que la centrale de Vairaatoa à Papeete serait démantelée après le bouclage du réseau électrique de Tahiti-Nord par la TEP. Un bouclage prévu pour septembre 2022. Et surtout, Yvonnick Raffin a annoncé qu'après ce démantèlement et la création d'une deuxième centrale, la construction d'une troisième centrale thermique serait également “nécessaire”. Mais ça, c'est pour beaucoup plus tard.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mardi 20 Avril 2021 à 20:40 | Lu 3567 fois