Quels sont vraiment les risques de cyclone ?


Sur le site internet Windyty.com, des vents à 45 kt (83 km/h) avec des rafales à 55 kt (102 km/h) sont annoncés pour la nuit du vendredi 15 au samedi 16 janvier
PAPEETE, le 6 janvier 2015. Des sites internet annoncent un risque de cyclone d'ici sept à dix jours au fenua. Il passerait au nord de l'archipel de La Société. Les spécialistes de la météorologie jugent cette prévision encore trop lointaine pour être fiable. Explications.

Sur le site internet Windyty.com, des vents à 45 kt (83 km/h) avec des rafales à 55 kt (102 km/h) sont annoncés pour la nuit du vendredi 15 au samedi 16 janvier mais c'est surtout l'annonce de fortes pluies qui seraient inquiétantes avec 13.8 millimètres par heure (1 millimètre de pluie équivaut à 1 litre d’eau par m2). Le site Windyty travaille avec le modèle numérique GFS. Le Global Forecast System (GFS) est un modèle de prévision du service météorologique des États-Unis. Il fait des prévisions jusqu'à 16 jours mais au-delà de cinq jours, les spécialistes météorologiques s'accordent à dire que ces prévisions doivent être considérées comme des tendances.

Ce mercredi, ce modèle GFS était le seul à annoncer le développement d'un système cyclonique. "A une échéance de 11 jours, la marge d'erreur est énorme", soulignait ce mercredi le site Info-cyclones.com sur sa page Facebook[ "Si la tendance se confirme (et si d'autres modèles aussi le confirment) alors la probabilité deviendra beaucoup plus 'fiable'".]i
Le site Info-cyclones.com ajoutait ce mercredi : "Malheureusement pour cette fois, la majorité des modèles informatiques s'accordent à dire qu'une formation pourrait se former en milieu de ce mois-ci à proximité Nord des îles de la Société. Nous attendons d'avoir plus d'éléments qui confirmeraient si oui ou non cette menace est réelle".

Mais les observations météorologiques appellent déjà à la vigilance : "Le risque cyclonique est plus que jamais présent. Les pointes de vent du côté de Punaauia ont atteint des vitesses avoisinant les 60-70 km/h par rafales hier soir (mardi soir)", indique info-cyclones.com. "Une rotation des vents semble s'organiser autour d'un centre de basse pression à l'ouest de Bora Bora depuis quelques jours. Cette situation augmente le risque de formation cyclonique à proximité des îles de Polynésie française. Le phénomène est sous surveillance."

Attention aux prévisions trop éloignées

Du côté de Météo France, on met en garde contre les sites de prévision qui utilisent des modèles "trop lointains". "Plus on s'éloigne dans le temps, plus les erreurs sont nombreuses. Au-delà de cinq jours, on peut seulement déterminer une tendance. Les prévisions au-delà de cinq jours peuvent engendrer des erreurs de 400 à 1 000 kilomètres…"

Depuis le début de la saison chaude, les prévisionnistes de Météo-France suivent avec attention les masses nuageuses et leur progression. D'autant plus, que Météo France a annoncé que le risque de voir un cyclone passer cette saison chaude sur le territoire était de 90%.
"Pour les trois prochaines semaines, des anomalies positives de précipitations sont attendues sur la Société, les Marquises et les Tuamotu", peut-on lire dans le point hebdomadaire de Météo France, paru mardi. "A contrario, sur les Australes, des anomalies négatives de précipitations sont prévues, notamment au cours des deux prochaines semaines."
Si le risque cyclonique venait à se confirmer dans les prochains jours, c'est le haut-commissaire qui décidera s'il faut déclencher ou non l'alerte cyclonique. C'est lui qui décide du changement d’état d’alerte et de la zone géographique à laquelle s’applique ce statut.

Le Haut-commissariat rappelle que le fait d’être en phase de « mise en garde cyclonique », voire en « pré-alerte cyclonique orange », n’implique pas que les conditions météorologiques se soient déjà notablement dégradées. Il arrive, en effet, que l’arrivée d’une tempête ou d’un cyclone tropical, soit précédée d’un temps relativement beau.

Sur cette image de mardi soir, on peut voir qu'une "rotation des vents semble s'organiser autour d'un centre de basse pression à l'ouest de Bora Bora depuis quelques jours", note le site info-cyclones.com. "Cette situation augmente le risque de formation cyclonique à proximité des îles de Polynésie française. Le phénomène est sous surveillance."

C'est quoi un cyclone ?

Sur cette image de mardi soir, on peut voir qu'une "rotation des vents semble s'organiser autour d'un centre de basse pression à l'ouest de Bora Bora depuis quelques jours", note le site info-cyclones.com. "Cette situation augmente le risque de formation cyclonique à proximité des îles de Polynésie française. Le phénomène est sous surveillance."
Le cyclone tropical est une perturbation atmosphérique occasionnant des vents tourbillonnaires violents et des pluies diluviennes. Il se forme sur les océans tropicaux où il génère houle et marée de tempête. Un système atteint le stade de cyclone lorsque les vents moyens (sur 10 minutes), près du centre, atteignent 118 km/h. La naissance d’un cyclone requiert certaines conditions :
- température de la mer supérieure à 26°C sur une profondeur d’au moins 60 mètres,
- air suffisamment humide,
- et surtout l’existence d’une dépression initiale.
Le cyclone se caractérise par une énorme masse nuageuse d’un diamètre moyen de 500 kilomètres, pouvant dépasser 1000 kilomètres dans certains cas, organisée en bandes spiralées qui convergent vers un anneau central. Au cœur de cet anneau se trouve l’œil, une zone d’accalmie où le vent est faible et le ciel généralement peu nuageux. Son diamètre est typiquement de 40 kilomètres.


Les différents stades d’alerte

La veille : Elle constitue la situation normale pendant la saison cyclonique (en pratique de novembre à mars) en l’absence de menace pour la Polynésie française dans les prochaines 72 heures.

La mise en garde cyclonique : Elle constitue pour chacun une mise en garde contre le péril cyclonique. Une perturbation cyclonique présente une menace potentielle pour une partie de la Polynésie française dans les prochaines 72 heures.

La pré-alerte cyclonique orange : Cette pré-alerte indique que la menace cyclonique se précise. Il y a un danger dans un délai inférieur à 48 heures. « La pré-alerte » pourra être éventuellement maintenue après le passage du phénomène, si un retour de celui-ci peut être envisagé dans les 48 prochaines heures.

L'alerte cyclonique rouge : "Elle indique que le danger cyclonique se confirme et devient imminent. La perturbation cyclonique affectera une partie de la Polynésie française dans les 12 à 18 heures qui viennent avec un risque de conditions cycloniques (vents moyens supérieurs à 100 km/h). Afin de permettre à l’ensemble de la population de rejoindre son domicile ou de gagner un abri, l’interdiction de circuler sera annoncée six heures avant que la mesure n’entre en vigueur.

La phase de sauvegarde – stade violet : La phase de sauvegarde est décidée, si besoin, après le passage de la perturbation cyclonique et la levée de l’alerte rouge, si les dangers indirects subsistent sur la zone (réseau routier totalement ou partiellement impraticable, arbres arrachés, fils électriques à terre, inondations, éboulements…). Elle permet de gérer l’intervention des secours et des services d’intervention et une interdiction de circuler totale ou partielle pour la population. Le but de cette phase est d’évaluer les dégâts, de permettre de réactiver le maximum de réseaux au profit de la population ou de projeter des secours au profit d’une île ayant subi de gros dommages. L’interdiction de circuler à la population peut toujours être active.

Fin d'alerte cyclone, retour à la situation de veille : La fin d’alerte indique que tous les dangers directement liés au cyclone sont écartés. Les équipes de secours ont rétabli un certain nombre de structures ou de réseaux permettant à la population de reprendre des activités en mode dégradés. Les secours sont en cours afin de revenir à la normale ; la phase de reconstruction est alors mise en œuvre par le gouvernement de la Polynésie française.


Rédigé par Mélanie Thomas le Mercredi 6 Janvier 2016 à 15:03 | Lu 6763 fois