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"Que l’on rende à Gaston ce qui n’appartient pas à Edouard", interpelle le Tahoera’a


Marcel Tuihani et les élus du groupe Tahoera’a, jeudi matin lors de la conférence de presse donnée en salle des commissions de l’Assemblée pour critiquer le bilan du gouvernement Fritch.
Marcel Tuihani et les élus du groupe Tahoera’a, jeudi matin lors de la conférence de presse donnée en salle des commissions de l’Assemblée pour critiquer le bilan du gouvernement Fritch.
PAPEETE, 22 septembre 2016 – Sous la conduite de Marcel Tuihani, jeudi, le groupe Tahoera’a a vertement critiqué le bilan de l’action politique du gouvernement Fritch depuis septembre 2014.

"C’est le rôle de l’opposition de s’inscrire dans cette démarche", a justifié Marcel Tuihani, porte-parole pour l'occasion du groupe Tahoera’a jeudi lors d’une conférence de presse donnée à l’Assemblée en présence des élus orange. "Sauf à considérer que l’opposition doit se taire".

Le 16 septembre dernier, le président Fritch présentait un bilan d’étape des actions menées par l’exécutif polynésien depuis septembre 2014 au plan fiscal, économique, réglementaire, social : "Dans un dialogue constant avec l’Etat, et avec son appui financier, la Polynésie française est bien sur la voie du redressement", y assure-t-il en préambule de cette belle plaquette résolument positive : 30 pages imprimées sur feuilles brillantes ; l’inventaire minutieux des mesures mises en œuvres par le gouvernement depuis qu’il en assure la conduite, de même que celles en préparation.

Marcel Tuihani a balayé tout ça d’un revers de main en qualifiant le document de bilan d’ "autosatisfaction", de recueil de "mesurettes" : "Allez écouter les gens à l’extérieur (…). Lorsque je vais à la rencontre des commerçants, des Polynésiens, des chefs d’entreprises, ils contestent les statistiques et les commentaires faits sur la base de ces chiffres. J’invite tout un chacun à aller tendre l’oreille et écouter ce qui se dit à l’extérieur de nos beaux bureaux".

"Le redressement, ce n’est pas une opération de communication, ce n’est pas des discours, des incantations, de jolies plaquettes", poursuit le président délégué du Tahoera’a. "Le redressement c’est des actions fortes, c’est une ambition forte et portée haut et clair, à la mesure des défis qui se posent à nous. Or il n’y a rien de tout ceci dans l’inventaire qui nous a été proposé en guise de bilan. C’est du saupoudrage et de l’autosatisfaction. Nous sommes dans la gestion des affaires courantes, rien de plus".

> Lire aussi : La réponse politique communiquée jeudi après-midi par le Tapura Huiraatira

Flosse a semé Fritch récolte

Pour le groupe Tahoera’a l’assainissement des comptes publics et l’embellie économique que connaît la collectivité depuis 2014 est liée aux réformes engagées dès août 2013, sous la présidence Flosse, avec la mise en place de la réforme fiscale et la création des fonds spéciaux pour la garantie de la dette et pour la lutte contre la pauvreté. "Que l’on rende à Gaston ce qui n’est pas à Edouard", clame Marcel Tuihani. "Les grandes mesures, les plus importantes et les plus sensibles, ont été menées en juillet 2013. Depuis, que s’est-il passé ? Rien ! On parle du financement de la PSG. Qui peut me dire de quelle manière la réforme va être financée ? Oui, ce qui a été fait et ce que nous récoltons aujourd’hui, sont les fruits du travail fait par l’ancien gouvernement, dont Gaston Flosse était naturellement le président".

"Standard & Fritch"

Visiblement piqué au vif par l’allusion à "Standard & Flosse", par Edouard Fritch le 15 septembre lors de son allocution devant les représentants de Tarahoi, pour dénoncer le regard critique permanent de l’opposition autonomiste sur l’embellie des comptes économiques, alors que l’agence de notation financière Standard & Poor’s a relevé à BBB- la note de la collectivité en mai dernier, le groupe Tahoera’a répond du tac-au-tac en fustigeant une agence "Standars & Fritch" : "les chiffres montrent tout au plus un frémissement (…) ils traduisent une réalité moins optimiste que celle que le gouvernement nous vante et que vivent les Polynésiens dans leur grande majorité au quotidien", insiste Marcel Tuihani.

Mahana Beach et "Rikiki Beach"

Le groupe orange pointe l’échec du gouvernement Fritch dans la gestion du projet Mahana Beach, complexe touristique phare voulu par Gaston Flosse à Punaauia pour doper l’activité touristique en Polynésie. Le 30 juin dernier, le protocole d’accord pour son financement conclue avec consortium chinois conduit par le groupe Recas a été déclaré infructueux. Dans son discours pour l’ouverture de la session budgétaire, Edouard Fritch a rappelé qu’avec le Tahiti Mahana Beach il avait hérité d’un concours de dessin et que le projet n’était pas financé. "Faux !", s'indigne Marcel Tuihani "Gaston Flosse a toujours déclaré qu’il irait lui-même chercher les investisseurs". Et il poursuit : "Aujourd’hui, au lieu de privilégier une vraie vision du développement de notre collectivité, Edouard Fritch a choisi de développer son « Rikiki Beach » qui consistera, selon ses propos, à donner un bout de terrain à tout investisseur local qui voudra bien en faire quelque chose", fustige-t-il. "Nous étions dans une approche ambitieuse avec plus de 3500 clés. Aujourd’hui on nous parle d’investisseurs locaux. Quelle somme d’argent sont-ils prêts à investir ? Pour quel programme immobilier ? 1000 clés, voire moins ?".

Edouard Fritch "ne fait que pleurnicher"

Sur l’attitude du président Fritch, notamment lors de ses interventions devant la représentation polynésienne Marcel Tuihani dénonce : "Ses discours sont invariablement les mêmes. Il ne fait que pleurnicher et régler ses comptes. Il n’a toujours pas assumé sa rupture. Avant, il se plaignait de ne pas pouvoir travailler parce qu’il n’avait pas la majorité. Maintenant qu’il a la majorité, au lieu de travailler, il nous accuse de faire du catastrophisme et de noircir le tableau. On voudrait anticiper la justification de ses échecs ou d’un bilan moins convainquant qu’annoncé, qu’on ne s’y prendrait pas autrement".

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 22 Septembre 2016 à 15:06 | Lu 3265 fois