(PHOTO AFP)
La Ventosa, Mexique, vendredi 18 août 2017 - Si le Mexique est devenu un champion de l’énergie éolienne en Amérique latine, dans l’Etat d’Oaxaca (sud), les habitants critiquent les retombées économiques et menacent même de paralyser les moulins.
Ces dernières semaines, armés de pierres et de bâtons, ils ont exprimé leur frustration en bloquant l'accès à certains sites, ce qui a empêché aux aérogénérateurs de fonctionner.
"Si nous nous unissons, nous pouvons fermer tous les parcs" éoliens de la région, assure d'un air bravache Porfirio Montero, président d'une association de propriétaires hébergeant des éoliennes sur leur terrain.
Depuis des années Porfirio dénonce les différences de montants versés aux habitants par les groupes énergétiques, dont l'Espagnole Iberdrola.
Interrogée par l'AFP, cette dernière nie tout mécontentement chez ceux ayant noué des contrats avec elle dans cette région.
Pourtant M. Montero est formel: "il y a des différences de 25 à 30%" entre les rétributions versées aux différents propriétaires.
Le Mexique est balayé par des vents puissants sur pratiquement tout son territoire, mais c'est dans l'Etat d'Oaxaca que les conditions sont optimales pour ces moulins. Il est donc celui qui en concentre le plus dans le pays.
Selon l'Association mondiale WWEA, le Mexique est le deuxième pays d'Amérique latine en énergie éolienne, derrière le Brésil.
- 'Bénédiction' ? -
Mais il pourrait perdre de son avance si la fronde des habitants, qui réclament une révision des contrats, empêche les moulins de tourner.
"L'air c'est l'air, il n'y en a qu'un, il n'y a pas d'air de deuxième classe ni de troisième classe", s'emporte, dans son bureau de Juchitan, M. Montero, également éleveur de bétail, qui exige que la justice établisse "un prix unique".
Au pied de sept moulins de 40 mètres de haut, Cain Lopez parle de l'éolien comme d'une "bénédiction".
Dans le hameau de La Ventosa, ainsi nommée en raison des vents qui le traversent, Cain a acheté il y a 25 ans 52 hectares qui pendant longtemps ne lui ont servi qu'à faire paître ses bêtes. Le vent y est tellement fort qu'aucune culture n'arrive à pousser.
"Jamais auparavant je n'aurais imaginé avoir cette opportunité de profiter de cet air", confie-t-il, ravi d'avoir pu louer son terrain à l'une des entreprises éoliennes - une douzaine au total - ayant débarqué au Mexique depuis 1994. Grâce à cela, il a pu envoyer ses enfants à l'université et retaper son ranch.
Au début, il percevait 500 dollars par mois.
"Comme ce sont des arnaqueurs, on a commencé comme ça", raille-t-il. Mais après s'être "battu", lui et ses voisins ont obtenu une rente mensuelle de 2.800 dollars, pour des moulins tournant 24 heures sur 24, toute l'année, sur leurs terrains.
Pourtant Porfirio affirme que Cain est un de ceux qui reçoit le moins dans la région.
La Ventosa, Mexique | AFP | vendredi 18/08/2017 - 11:00 UTC-10 | 666 mots
PHOTOS DE PATRICIA CASTELLANOS Y VIDÉO DE PAULA VILELLA
par Jennifer GONZALEZ COVARRUBIAS
Si le Mexique est devenu un champion de l’énergie éolienne en Amérique latine, dans l’Etat d’Oaxaca (sud), les habitants critiquent les retombées économiques et menacent même de paralyser les moulins.
Ces dernières semaines, armés de pierres et de bâtons, ils ont exprimé leur frustration en bloquant l'accès à certains sites, ce qui a empêché aux aérogénérateurs de fonctionner.
"Si nous nous unissons, nous pouvons fermer tous les parcs" éoliens de la région, assure d'un air bravache Porfirio Montero, président d'une association de propriétaires hébergeant des éoliennes sur leur terrain.
Depuis des années Porfirio dénonce les différences de montants versés aux habitants par les groupes énergétiques, dont l'Espagnole Iberdrola.
Interrogée par l'AFP, cette dernière nie tout mécontentement chez ceux ayant noué des contrats avec elle dans cette région.
Pourtant M. Montero est formel: "il y a des différences de 25 à 30%" entre les rétributions versées aux différents propriétaires.
Le Mexique est balayé par des vents puissants sur pratiquement tout son territoire, mais c'est dans l'Etat d'Oaxaca que les conditions sont optimales pour ces moulins. Il est donc celui qui en concentre le plus dans le pays.
Selon l'Association mondiale WWEA, le Mexique est le deuxième pays d'Amérique latine en énergie éolienne, derrière le Brésil.
- 'Bénédiction' ? -
Mais il pourrait perdre de son avance si la fronde des habitants, qui réclament une révision des contrats, empêche les moulins de tourner.
"L'air c'est l'air, il n'y en a qu'un, il n'y a pas d'air de deuxième classe ni de troisième classe", s'emporte, dans son bureau de Juchitan, M. Montero, également éleveur de bétail, qui exige que la justice établisse "un prix unique".
Au pied de sept moulins de 40 mètres de haut, Cain Lopez parle de l'éolien comme d'une "bénédiction".
Dans le hameau de La Ventosa, ainsi nommée en raison des vents qui le traversent, Cain a acheté il y a 25 ans 52 hectares qui pendant longtemps ne lui ont servi qu'à faire paître ses bêtes. Le vent y est tellement fort qu'aucune culture n'arrive à pousser.
"Jamais auparavant je n'aurais imaginé avoir cette opportunité de profiter de cet air", confie-t-il, ravi d'avoir pu louer son terrain à l'une des entreprises éoliennes - une douzaine au total - ayant débarqué au Mexique depuis 1994. Grâce à cela, il a pu envoyer ses enfants à l'université et retaper son ranch.
Au début, il percevait 500 dollars par mois.
"Comme ce sont des arnaqueurs, on a commencé comme ça", raille-t-il. Mais après s'être "battu", lui et ses voisins ont obtenu une rente mensuelle de 2.800 dollars, pour des moulins tournant 24 heures sur 24, toute l'année, sur leurs terrains.
Pourtant Porfirio affirme que Cain est un de ceux qui reçoit le moins dans la région.
- Recours contre EDF -
Et il n'est pas le seul à se plaindre du traitement accordé par les groupes éoliens, dont les moulins, hauts de jusqu'à 60 mètres, se sont multipliés dans le paysage mexicain.
Sur la route de La Ventosa, on en croise des centaines, dans cette zone rurale proche de la côte Pacifique.
Début août, les habitants de la ville voisine de Union Hidalgo ont déposé un recours pour faire annuler le permis octroyé à EDF.
Le groupe français veut y installer près de cent moulins, mais la population locale affirme que l'on n'a pas respecté l'obligation de consulter d'abord la communauté zapotèque.
La ville héberge déjà des dizaines de moulins, exemple du boom enregistré dans l'Etat pauvre d'Oaxaca où, depuis 2009, la capacité en énergie éolienne a bondi de plus de 50% chaque année selon le gouvernement.
L'Etat compte 23 parcs éoliens, soit environ 2.000 aérogénérateurs et une capacité de 2.347 mégawatts, capable de couvrir la moitié de la consommation de la capitale Mexico.
"Nous n'avons aucune information (...), personne ne nous a dit ce qui allait se passer, ni le gouvernement et encore moins l'entreprise", soupire Guadalupe Ramirez, habitante de 66 ans de Union Hidalgo.
Contactée par l'AFP, EDF n'a pas souhaité s'exprimer sur ce sujet.
Ces dernières semaines, armés de pierres et de bâtons, ils ont exprimé leur frustration en bloquant l'accès à certains sites, ce qui a empêché aux aérogénérateurs de fonctionner.
"Si nous nous unissons, nous pouvons fermer tous les parcs" éoliens de la région, assure d'un air bravache Porfirio Montero, président d'une association de propriétaires hébergeant des éoliennes sur leur terrain.
Depuis des années Porfirio dénonce les différences de montants versés aux habitants par les groupes énergétiques, dont l'Espagnole Iberdrola.
Interrogée par l'AFP, cette dernière nie tout mécontentement chez ceux ayant noué des contrats avec elle dans cette région.
Pourtant M. Montero est formel: "il y a des différences de 25 à 30%" entre les rétributions versées aux différents propriétaires.
Le Mexique est balayé par des vents puissants sur pratiquement tout son territoire, mais c'est dans l'Etat d'Oaxaca que les conditions sont optimales pour ces moulins. Il est donc celui qui en concentre le plus dans le pays.
Selon l'Association mondiale WWEA, le Mexique est le deuxième pays d'Amérique latine en énergie éolienne, derrière le Brésil.
- 'Bénédiction' ? -
Mais il pourrait perdre de son avance si la fronde des habitants, qui réclament une révision des contrats, empêche les moulins de tourner.
"L'air c'est l'air, il n'y en a qu'un, il n'y a pas d'air de deuxième classe ni de troisième classe", s'emporte, dans son bureau de Juchitan, M. Montero, également éleveur de bétail, qui exige que la justice établisse "un prix unique".
Au pied de sept moulins de 40 mètres de haut, Cain Lopez parle de l'éolien comme d'une "bénédiction".
Dans le hameau de La Ventosa, ainsi nommée en raison des vents qui le traversent, Cain a acheté il y a 25 ans 52 hectares qui pendant longtemps ne lui ont servi qu'à faire paître ses bêtes. Le vent y est tellement fort qu'aucune culture n'arrive à pousser.
"Jamais auparavant je n'aurais imaginé avoir cette opportunité de profiter de cet air", confie-t-il, ravi d'avoir pu louer son terrain à l'une des entreprises éoliennes - une douzaine au total - ayant débarqué au Mexique depuis 1994. Grâce à cela, il a pu envoyer ses enfants à l'université et retaper son ranch.
Au début, il percevait 500 dollars par mois.
"Comme ce sont des arnaqueurs, on a commencé comme ça", raille-t-il. Mais après s'être "battu", lui et ses voisins ont obtenu une rente mensuelle de 2.800 dollars, pour des moulins tournant 24 heures sur 24, toute l'année, sur leurs terrains.
Pourtant Porfirio affirme que Cain est un de ceux qui reçoit le moins dans la région.
La Ventosa, Mexique | AFP | vendredi 18/08/2017 - 11:00 UTC-10 | 666 mots
PHOTOS DE PATRICIA CASTELLANOS Y VIDÉO DE PAULA VILELLA
par Jennifer GONZALEZ COVARRUBIAS
Si le Mexique est devenu un champion de l’énergie éolienne en Amérique latine, dans l’Etat d’Oaxaca (sud), les habitants critiquent les retombées économiques et menacent même de paralyser les moulins.
Ces dernières semaines, armés de pierres et de bâtons, ils ont exprimé leur frustration en bloquant l'accès à certains sites, ce qui a empêché aux aérogénérateurs de fonctionner.
"Si nous nous unissons, nous pouvons fermer tous les parcs" éoliens de la région, assure d'un air bravache Porfirio Montero, président d'une association de propriétaires hébergeant des éoliennes sur leur terrain.
Depuis des années Porfirio dénonce les différences de montants versés aux habitants par les groupes énergétiques, dont l'Espagnole Iberdrola.
Interrogée par l'AFP, cette dernière nie tout mécontentement chez ceux ayant noué des contrats avec elle dans cette région.
Pourtant M. Montero est formel: "il y a des différences de 25 à 30%" entre les rétributions versées aux différents propriétaires.
Le Mexique est balayé par des vents puissants sur pratiquement tout son territoire, mais c'est dans l'Etat d'Oaxaca que les conditions sont optimales pour ces moulins. Il est donc celui qui en concentre le plus dans le pays.
Selon l'Association mondiale WWEA, le Mexique est le deuxième pays d'Amérique latine en énergie éolienne, derrière le Brésil.
- 'Bénédiction' ? -
Mais il pourrait perdre de son avance si la fronde des habitants, qui réclament une révision des contrats, empêche les moulins de tourner.
"L'air c'est l'air, il n'y en a qu'un, il n'y a pas d'air de deuxième classe ni de troisième classe", s'emporte, dans son bureau de Juchitan, M. Montero, également éleveur de bétail, qui exige que la justice établisse "un prix unique".
Au pied de sept moulins de 40 mètres de haut, Cain Lopez parle de l'éolien comme d'une "bénédiction".
Dans le hameau de La Ventosa, ainsi nommée en raison des vents qui le traversent, Cain a acheté il y a 25 ans 52 hectares qui pendant longtemps ne lui ont servi qu'à faire paître ses bêtes. Le vent y est tellement fort qu'aucune culture n'arrive à pousser.
"Jamais auparavant je n'aurais imaginé avoir cette opportunité de profiter de cet air", confie-t-il, ravi d'avoir pu louer son terrain à l'une des entreprises éoliennes - une douzaine au total - ayant débarqué au Mexique depuis 1994. Grâce à cela, il a pu envoyer ses enfants à l'université et retaper son ranch.
Au début, il percevait 500 dollars par mois.
"Comme ce sont des arnaqueurs, on a commencé comme ça", raille-t-il. Mais après s'être "battu", lui et ses voisins ont obtenu une rente mensuelle de 2.800 dollars, pour des moulins tournant 24 heures sur 24, toute l'année, sur leurs terrains.
Pourtant Porfirio affirme que Cain est un de ceux qui reçoit le moins dans la région.
- Recours contre EDF -
Et il n'est pas le seul à se plaindre du traitement accordé par les groupes éoliens, dont les moulins, hauts de jusqu'à 60 mètres, se sont multipliés dans le paysage mexicain.
Sur la route de La Ventosa, on en croise des centaines, dans cette zone rurale proche de la côte Pacifique.
Début août, les habitants de la ville voisine de Union Hidalgo ont déposé un recours pour faire annuler le permis octroyé à EDF.
Le groupe français veut y installer près de cent moulins, mais la population locale affirme que l'on n'a pas respecté l'obligation de consulter d'abord la communauté zapotèque.
La ville héberge déjà des dizaines de moulins, exemple du boom enregistré dans l'Etat pauvre d'Oaxaca où, depuis 2009, la capacité en énergie éolienne a bondi de plus de 50% chaque année selon le gouvernement.
L'Etat compte 23 parcs éoliens, soit environ 2.000 aérogénérateurs et une capacité de 2.347 mégawatts, capable de couvrir la moitié de la consommation de la capitale Mexico.
"Nous n'avons aucune information (...), personne ne nous a dit ce qui allait se passer, ni le gouvernement et encore moins l'entreprise", soupire Guadalupe Ramirez, habitante de 66 ans de Union Hidalgo.
Contactée par l'AFP, EDF n'a pas souhaité s'exprimer sur ce sujet.