Quand Chambord sert de décor exotique à une ... "telenovela" brésilienne


CHAMBORD, 5 février 2011 (AFP) - En cette matinée glaciale, quatre carrosses attendent, devant le château de Chambord, le départ du roi Augusto. Un roi imaginaire, au coeur d'une fiction tournée par une télévision venue du Brésil, où Chambord en hiver constitue le comble de l'exotisme.

En début de semaine, la puissante TV Globo a installé son matériel, sa grue, ses régies, sur l'esplanade du chef d'oeuvre de la Renaissance pour lancer le tournage de sa prochaine "telenovela", l'un de ces feuilletons télévisés qui passionnent des millions de Brésiliens chaque soir en "prime time".

"Un château comme Chambord, pour un Brésilien, c'est très exotique", explique Christian Burnel, de la société de production Apatride TV, chargée d'attirer les tournages étrangers vers l'Europe. "Et puis il y a la beauté du château, son impact".

En ce mois de février, les arbres sont nus, les sols gelés, le ciel plombé : d'autant plus dépaysant qu'au même moment le thermomètre dépasse les 30 degrés à Rio.

"Ce qui les amuse aussi, c'est de voir que les arbres n'ont plus de feuilles", sourit le directeur général du domaine de Chambord, Jean d'Haussonville. "C'est nous qui sommes le pays exotique du Brésil, c'est une relation qui s'inverse !".

En matière d'exotisme, la première chaîne brésilienne n'a pas lésiné. Les carrosses d'époques différentes - l'un apparaît dans un "Harry Potter", l'autre dans "Marie-Antoinette" de Sofia Coppola - côtoient de rutilants casques à pointe arborés par certains gardes. Sur le plateau, l'anglais, le français et le portugais cohabitent tant bien que mal.

L'histoire de "Cortel Encantado" ("La Corde enchantée"), abracadabrante, se situe pour l'essentiel au Brésil, au tournant du XIXe et du XXe siècle. Mais un "flash-back", dans une Europe imaginaire où l'héroïne a vécu une jeunesse de princesse, a justifié le crochet par le Loir-et-Cher.

Toute la semaine, une quinzaine d'acteurs brésiliens - dont plusieurs vedettes, comme Debora Bloch ou Luiz Fernando Guimarães - 80 techniciens, entre 350 et 400 figurants, ont filmé quelques scènes censées rester "top secret". Pas question que des fuites ne révèlent des éléments de l'intrigue avant la diffusion de la série, à partir de mars prochain.

C'est la première fois que Chambord - où fut tourné "Peau d'Ane" en 1970 - accueille le tournage d'un téléfilm international, selon Jean d'Haussonville.

"Un excellent moyen de nous faire connaître", se félicite-t-il. Déjà, auprès des téléspectateurs brésiliens, qui pourraient un jour devenir autant de touristes visitant la région. "On a 6.000 visiteurs brésiliens par an actuellement, si on pouvait en avoir beaucoup plus on serait ravis", précise-t-il.

Un tel tournage a aussi des retombées plus directes. Facture pour TV Globo : 36.000 euros toutes taxes comprises. "Ca paie un emploi moyen sur une année, pour cinq jours de tournage", se réjouit le directeur.

Une expérience qu'il compte renouveler, voire faire fructifier. "Si vous accueillez un téléfilm brésilien, vous trouvez aussi plus facilement des grandes entreprises françaises ou européennes pour louer des espaces à Chambord", espère-t-il.

Mais le tournage a également fait le bonheur des centaines de figurants, recrutés dans la région.

"Chambord est un lieu mythique", témoigne Jean-Luc Péchinot. Déguisé en page, frigorifié après des heures d'attente, le tout pour une centaine d'euros brut par jour, ce journaliste tourangeau garde le sourire. "C'est une expérience unique, ça donne la force de poser pendant des heures par moins trois degrés".

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Rédigé par Par Eric THOMAS le Samedi 5 Février 2011 à 04:43 | Lu 706 fois