Pū Mahara, un centre d'interprétation du fait nucléaire d'ici 2030


Situé en face du Parc Bougainville, le centre de mémoires Pū Mahara bénéficiera d'un terrain de 3400m2 en plein centre ville pour son installation.
Tahiti, le 21 août 2024 – Ce mardi, la Délégation polynésienne au suivi des conséquences des essais nucléaires (DSCEN) et le Pays ont officialisé l'installation du conseil scientifique et culturel au projet Pū Mahara, un centre de mémoires des essais nucléaires français dans le Pacifique qui devrait sortir de terre d'ici 2030. L'objectif étant de créer un lieu vivant dont le but sera de comprendre, témoigner et questionner le fait nucléaire afin que chacun puisse se construire sa propre opinion.
 
Quinze ans après les États généraux de l'Outre-mer de 2009, où le projet fut largement plébiscité, le Centre des mémoires des essais nucléaires français dans le Pacifique n'a hélas toujours pas vu le jour. Sa construction est toujours en projet à Papeete non loin du parc Bougainville, sur une parcelle de 3 400 mètres carrés rétrocédée par l’État.
 
Outil culturel demandé de longue date par les Polynésiens, ce centre scientifique et culturel pourrait cependant sortir de terre dans les cinq prochaines années. En effet, ce mardi, le président du gouvernement, Moetai Brotherson, et la chef de service de la DSCEN, Yolande Vernaudon, ont officialisé l'installation du conseil scientifique et culturel en charge de l'élaboration de l'écriture programmatique du centre, mais également de la constitution du fond documentaire essentiel à la compréhension du fait nucléaire. Un conseil constitué de cinq modérateurs (Joël Allain, Éric Conte, Daniel Palacz, Chantal Spitz et Yvette Tommasini) et de 23 rédacteurs (dont Miriama Bono, Renaud Meltz, Hinano Murphy, Bruno Saura ou encore Jacques Vernaudon pour ne citer qu'eux), tous qualifiés dans les domaines académiques, culturels et éducatifs de l'environnement et de la médiation.
 
Un challenge de mémoire
 
L'installation du conseil scientifique et culturel du Pū Mahara devrait permettre une avancée significative dans les réflexions portées sur ce projet puisque les premières conclusions devront être rendues dans l'année. Et si le premier coup de pioche n'est pas attendu avant au moins deux ans, cela laisse le temps au gouvernement de penser et repenser l'infrastructure et son architecture. “Le parti pris architectural est essentiel pour rendre le centre attrayant, notamment auprès des jeunes”, estime le président du Pays, Moetai Brotherson.
 
Un focus sur la jeunesse omniprésent dans la réflexion du président : “Il faut que cet espace soit fréquenté par nos jeunes. C'est pourquoi le conseil scientifique, culturel et éducatif devra réfléchir à la manière de transmettre l'information pour la rendre attrayante, mais aussi et surtout, non biaisée.” Une neutralité de l'information indispensable pour ce centre d'interprétation du fait nucléaire, où chacun doit se faire sa propre idée du sujet afin de faire vivre ces mémoires. “La mise en place de ce centre est essentielle”, explique Moetai Brotherson. “Je vais prendre mon cas : mes cinq enfants sont tous nés après le dernier essai nucléaire. Si personne ne leur en parle, s'il n'y a pas un lieu où ils peuvent aller se confronter à cette mémoire, ils n'en parleront pas eux même à leurs enfants et donc ce sera fini, on en parlera plus. C'est tout le challenge qui est le nôtre aujourd'hui.”

Rédigé par Wendy Cowan le Mercredi 21 Aout 2024 à 14:50 | Lu 1002 fois