Tahiti Infos

Publicité sur les boissons sucrées : les professionnels dubitatifs face à la hausse de la taxe


PAPEETE, 27 novembre 2016 - Le syndicat de l’imprimerie, de la presse et de la communication (SIPCOM) s’inquiète des effets contre-productifs de la forte augmentation envisagée de la taxe sur les messages publicitaires liés aux produits sucrés et aux boissons alcoolisées.

Un projet de loi fiscale prévoit de multiplier par 8 (de 5 % à 40 %) la taxe sur les messages publicitaires liés aux produits sucrés et aux boissons alcoolisées. Cette taxe s’appliquera y compris sur les messages de publicité conçus et réalisés en Polynésie française avec pour base d’imposition le prix des messages publicitaires diffusés. Un projet de modification du code des impôts doit être soumis à l’examen des représentants polynésiens, jeudi 1er décembre en préambule de l’examen du budget prévisionnel 2017. Elle devrait être adoptée sans problème compte avec les voix de la majorité Tapura Huiraatira. Les mesures devraient entrer en application dès le premier janvier 2017.

Le Pays entend s’attaquer à la promotion des produits pour soutenir la politique de santé publique en matière de prévention, mais le syndicat de l’imprimerie, de la presse et de la communication (SIPCOM) redoute que cette mesure ne s’illustre à ses dépens par des pertes économiques considérables, dans un contexte déjà sinistré, en conduisant les annonceurs à déplacer leur effort vers la promotion directe ou la publicité sur lieu de vente (PLV).

"Nous tenons à attirer votre attention sur une telle disposition qui serait catastrophique pour notre profession (…) et dont les effets seront désastreux en matière d’emploi", s’indigne un courrier adressé à Edouard Fritch le 21 novembre par le président du SIPCOM, Dominique Auroy. "Cette mesure sera sans aucun effet réel", estime-t-il en prévoyant le déplacement d’une partie des budgets traditionnellement consacrés à la publicité vers des opérations de promotion directe, alors que "les visuels de ces marques sont déjà présents sur les snacks, roulottes, enseignes de frigo, PLV, stores, ainsi que sur de nombreux autres supports" et "les réseaux sociaux seront également mis à contribution pour faire la promotion".

Question de santé publique

Le SIPCOM invite le gouvernement au dialogue : "Si vous persistez dans une telle mesure, il conviendrait qu’elle soit reportée afin qu’elle puisse être étudiée globalement avec l’ensemble des intervenants privés et publics". Pour l'instant aucune entrevue n'est programmée.

Le gouvernement prépare en outre un projet de loi du pays sur la fiscalité spécifique à la prévention. Ce dernier, non encore présenté en commission à l’assemblée, vise à augmenter les taxes sur les boissons les sucrées et devrait entraîner dès son entrée en application une hausse du prix à la vente de ces produits d’au moins 25 %. Cet autre projet de texte provoque la rage des industriels et des commerçants locaux, comme le soulignait jeudi nos confrères de TNTV.

Les recettes fiscales nouvelles générées par ces deux mesures sont estimées à 500 millions Fcfp par an et seront intégralement didiées au financement de la Protection sociale généralisée, via le Fonds pour l’emploi et la lutte contre la pauvreté (FELP).

Il demeure que la consommation excessive de sucre pose un réel problème de santé publique. En 2014, 36 799 personnes, soit 13,6 % de la population polynésienne, étaient prises en charge au titre d’une longue maladie, pesant pour plus de la moitié des 51,3 milliards Fcfp de dépenses de santé de la collectivité. Cet effectif est en augmentation constante depuis 1995 et a été multiplié par 4 en 20 ans, alors que les indicateurs de santé publique montrent un développement inquiétant des maladies liées au comportement, avec une augmentation de + 554 % des cas de diabète sucré, de +447 % de maladies cardio-vasculaires, de + 1320 % de cas insuffisances respiratoires et de +522 % pour l’hypertension artérielle.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Dimanche 27 Novembre 2016 à 17:00 | Lu 3354 fois