Le siège de l'Organisation des Nations unies à New York.
PAPEETE, 3 octobre 2016 - Edouard Fritch est le premier élu non-indépendantiste polynésien à se présenter aux Nations unies devant la 4e commission en charge des questions de politique spéciales et de la décolonisation. Objectif : porter la voix du camp "autonomiste", alors que la France boycotte depuis 2013 les travaux engagés sous l’égide des instances onusiennes en charge de la décolonisation.
Depuis mai 2013 et la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser, les souverainistes polynésiens sont seuls à orienter la réflexion des instances onusiennes à New York.
Après plusieurs tentatives de sabotage diplomatique, une manifestation insolite du calendrier avait voulu que la Polynésie française se trouve réinscrite, le 17 mai 2013 à l’ONU, sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser, après plusieurs mois de lobbying d’Oscar Temaru. Ironie du calendrier alors qu’une majorité élue 12 jours plus tôt s’apprêtait, sur place à Tahiti, à confier ce même 17 mai les rênes du Pays au leader autonomiste Gaston Flosse. Ce jour-là à New York l’Organisation des Nations unies (ONU) adoptait une résolution affirmant "le droit inaliénable de la population de la Polynésie française à l'autodétermination et à l'indépendance", conformément à l’article 73 de sa Charte, dont la France est signataire.
L’organisation internationale invitait dès lors Paris à "faciliter et accélérer la mise en place d'un processus équitable et effectif d'autodétermination" en Polynésie et priait "le gouvernement français d’intensifier son dialogue avec la Polynésie française (…)".
D’abord dédaigné par le camp autonomiste polynésien, le processus diplomatique initié depuis est exclusivement conduit sur la base de suggestions dictées par les émissaires indépendantistes polynésiens. La 4ème commission de l’Assemblée générale de l’ONU doit cette année, mardi 4 octobre, examiner le projet de résolution adopté le 5 juin dernier à leur invitation par le comité de décolonisation. Deux thèmes y sont mis en avant : la demande à l’Etat d’un renforcement des compétences de la Polynésie française sur ses ressources naturelles, et notamment minérales sous-marines, compte tenu de la problématique statutaire liée à la question des matières premières stratégiques ; par ailleurs un effort de transparence est demandé à la France concernant les retombées environnementales, écologiques, sanitaires et autres des essais nucléaires français dans le Pacifique, et en particulier sur les conséquences de l’exposition aux rayonnements ionisants.
Avec le soutien d'associations antinucléaires et écologiques, Oscar Temaru cherchera à démontrer mardi que l'action de la France a nui à la population polynésienne. Chacun des "petitioners" disposera de trois minutes, soit trois quarts d'heure environ de temps de parole en tout.
Edouard Fritch parlera en premier devant la commission spéciale de la 71e session de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies. Il dispose de dix minutes. Il devrait insister sur le fait que la Polynésie dispose d'une très grande autonomie et que la collectivité s'est largement émancipée du colonialisme, au gré d’aménagements successifs de son statut d’autonomie. Un nouveau "toilettage" statutaire est d’ailleurs annoncé pour cette fin d’année. Il ne manquera pas de souligner au passage que la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie ont été admis cette année comme membres à part entière du Forum du Pacifique, qualité réservée jusqu’alors aux seuls Etats souverains. Le chef de l’exécutif polynésien devrait rappeler aussi que les autonomistes ont remporté toutes les élections, depuis 10 ans dans la collectivité ultramarine, et qu’à ce titre les Polynésiens sont majoritairement favorables au maintien de leur lien actuel avec l’Etat français.
Mais pour les adversaires politiques d’Edouard Fritch, le processus à l’œuvre depuis 2013, n’est pas nécessairement le vecteur d’une accession à l’indépendance. Le processus d’autodétermination doit plutôt conduire les Polynésiens à faire un choix concernant leur avenir au sein de la République. Après 20 à 30 ans de préparation, ils doivent à ce titre être invités à se prononcer, par référendum, sur le maintien de l'autonomie actuelle, sur son renforcement à travers la départementalisation, sur l'indépendance ou encore sur l’accession au statut d'Etat associé.
C’est dans ce contexte, et dans le prolongement de l’Accord de Nouméa (1998), que les calédoniens doivent être consultés lors d’un référendum d’autodétermination qui pourrait avoir lieu en 2018. La Nouvelle-Calédonie est réinscrite sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser depuis 1986.
En 2013, la résolution demandant la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser avait été présentée par trois petits Etats du Pacifique : les îles Salomon, l’Etat de Nauru, et celui de Tuvalu. La France avait boycotté l’examen de ce projet de résolution, lors de la 68e session de l'Assemblée générale de l'ONU. Elle n’a jamais participé depuis aux travaux engagés sous l’égide des instances onusiennes en charge de la décolonisation.
Le but des indépendantistes polynésiens est de contraindre Paris à s'asseoir à la table des négociations sur l'autodétermination. "Je pense que la France, en tant que membre du Conseil de sécurité de l'ONU, ne peut pas rester absente de ce débat", a déclaré dimanche à l'AFP Oscar Temaru, déjà présent à New York. Même s'il se défend d'être le porte-parole de Paris, l'intervention d'Edouard Fritch devant la 4e commission donne à la France l'opportunité de s'affranchir de cette obligation.
Depuis mai 2013 et la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser, les souverainistes polynésiens sont seuls à orienter la réflexion des instances onusiennes à New York.
Après plusieurs tentatives de sabotage diplomatique, une manifestation insolite du calendrier avait voulu que la Polynésie française se trouve réinscrite, le 17 mai 2013 à l’ONU, sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser, après plusieurs mois de lobbying d’Oscar Temaru. Ironie du calendrier alors qu’une majorité élue 12 jours plus tôt s’apprêtait, sur place à Tahiti, à confier ce même 17 mai les rênes du Pays au leader autonomiste Gaston Flosse. Ce jour-là à New York l’Organisation des Nations unies (ONU) adoptait une résolution affirmant "le droit inaliénable de la population de la Polynésie française à l'autodétermination et à l'indépendance", conformément à l’article 73 de sa Charte, dont la France est signataire.
L’organisation internationale invitait dès lors Paris à "faciliter et accélérer la mise en place d'un processus équitable et effectif d'autodétermination" en Polynésie et priait "le gouvernement français d’intensifier son dialogue avec la Polynésie française (…)".
D’abord dédaigné par le camp autonomiste polynésien, le processus diplomatique initié depuis est exclusivement conduit sur la base de suggestions dictées par les émissaires indépendantistes polynésiens. La 4ème commission de l’Assemblée générale de l’ONU doit cette année, mardi 4 octobre, examiner le projet de résolution adopté le 5 juin dernier à leur invitation par le comité de décolonisation. Deux thèmes y sont mis en avant : la demande à l’Etat d’un renforcement des compétences de la Polynésie française sur ses ressources naturelles, et notamment minérales sous-marines, compte tenu de la problématique statutaire liée à la question des matières premières stratégiques ; par ailleurs un effort de transparence est demandé à la France concernant les retombées environnementales, écologiques, sanitaires et autres des essais nucléaires français dans le Pacifique, et en particulier sur les conséquences de l’exposition aux rayonnements ionisants.
Avec le soutien d'associations antinucléaires et écologiques, Oscar Temaru cherchera à démontrer mardi que l'action de la France a nui à la population polynésienne. Chacun des "petitioners" disposera de trois minutes, soit trois quarts d'heure environ de temps de parole en tout.
Edouard Fritch parlera en premier devant la commission spéciale de la 71e session de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies. Il dispose de dix minutes. Il devrait insister sur le fait que la Polynésie dispose d'une très grande autonomie et que la collectivité s'est largement émancipée du colonialisme, au gré d’aménagements successifs de son statut d’autonomie. Un nouveau "toilettage" statutaire est d’ailleurs annoncé pour cette fin d’année. Il ne manquera pas de souligner au passage que la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie ont été admis cette année comme membres à part entière du Forum du Pacifique, qualité réservée jusqu’alors aux seuls Etats souverains. Le chef de l’exécutif polynésien devrait rappeler aussi que les autonomistes ont remporté toutes les élections, depuis 10 ans dans la collectivité ultramarine, et qu’à ce titre les Polynésiens sont majoritairement favorables au maintien de leur lien actuel avec l’Etat français.
Mais pour les adversaires politiques d’Edouard Fritch, le processus à l’œuvre depuis 2013, n’est pas nécessairement le vecteur d’une accession à l’indépendance. Le processus d’autodétermination doit plutôt conduire les Polynésiens à faire un choix concernant leur avenir au sein de la République. Après 20 à 30 ans de préparation, ils doivent à ce titre être invités à se prononcer, par référendum, sur le maintien de l'autonomie actuelle, sur son renforcement à travers la départementalisation, sur l'indépendance ou encore sur l’accession au statut d'Etat associé.
C’est dans ce contexte, et dans le prolongement de l’Accord de Nouméa (1998), que les calédoniens doivent être consultés lors d’un référendum d’autodétermination qui pourrait avoir lieu en 2018. La Nouvelle-Calédonie est réinscrite sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser depuis 1986.
En 2013, la résolution demandant la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser avait été présentée par trois petits Etats du Pacifique : les îles Salomon, l’Etat de Nauru, et celui de Tuvalu. La France avait boycotté l’examen de ce projet de résolution, lors de la 68e session de l'Assemblée générale de l'ONU. Elle n’a jamais participé depuis aux travaux engagés sous l’égide des instances onusiennes en charge de la décolonisation.
Le but des indépendantistes polynésiens est de contraindre Paris à s'asseoir à la table des négociations sur l'autodétermination. "Je pense que la France, en tant que membre du Conseil de sécurité de l'ONU, ne peut pas rester absente de ce débat", a déclaré dimanche à l'AFP Oscar Temaru, déjà présent à New York. Même s'il se défend d'être le porte-parole de Paris, l'intervention d'Edouard Fritch devant la 4e commission donne à la France l'opportunité de s'affranchir de cette obligation.
En direct sur Tahiti Infos
La réunion de la 4e commission de l’Assemblée générale de l’ONU en charge des questions de politique spéciales et de la décolonisation est diffusée en direct sur la page Facebook
de Tahiti infos à partir de 9 heures.
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