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Procès Ellacott: le principal accusé présente ses excuses


PAPEETE, le 6 février 2018 - Le procès du meurtre de Sandy Ellacott s’est ouvert ce mardi en présence des proches de la victime. Après avoir entendu le récit des faits tragiques, les jurés de la cour d’assises se sont penchés sur les parcours et les personnalités des accusés. L’un d’entre eux, le seul à être poursuivi pour « meurtre », a présenté ses excuses à la famille du disparu.

La première session de la cour d’assises de l’année 2018 a débuté ce mardi par l’ouverture du procès du meurtre de Sandy Ellacott. Parmi les trois accusés présents, seul l’un d’entre eux, Henri T, est poursuivi pour avoir volontairement donné la mort à la victime en cette funeste nuit de septembre 2015. Ce soir-là, alors qu’il roulait au volant de son land rover accompagné de sa compagne et de l’une de ses amis, Sandy Ellacott avait manqué de heurter l’accusé qui marchait sur la route, une bière à la main. Il avait alors fait marche arrière et avait eu une altercation verbale avec Henri T. Ce dernier, ainsi que l’un de ses amis, avaient pris leurs véhicules afin de rattraper Sandy Ellacott et de le passer à tabac. Alors que la victime gisait au sol, inanimée, le visage défiguré, les deux hommes et la compagne de l’un d’entre eux avaient volé le land rover. Le véhicule avait été retrouvé quelques heures plus tard par les policiers municipaux. Les trois individus s’étaient finalement rendu d’eux-mêmes à la gendarmerie. Aux côtés d’Henri T ce mardi se trouvaient sa concubine, poursuivie pour « non-assistance à personne en danger » et son ami, présenté devant la cour d’assises pour des violences volontaires commises sur la personne de Sandy Ellacott. Ce dernier, âgé de 34 ans le jour des faits, était décédé des suites de nombreuses lésions encéphaliques relatives aux coups qui lui avaient été portés. Le médecin légiste avait relevé dix fractures des côtes et de nombreuses fractures faciales.



Un homme respectueux

Après un court rappel des faits, la présidente de la cour d’assises a donné la parole à Henri T. Expliquant qu’il regrettait ses actes, le jeune homme, âgé de 26 ans, s’est tourné vers la famille de la victime. La main sur le cœur et la voix chancelante, l’accusé s’est adressé à la fille de Sandy Ellacott : « je voudrais m’excuser, je pense à Sandy tous les jours. » L’homme a évoqué sa détention, particulièrement difficile au début, « ce n’était pas facile, je n’avais jamais imaginé aller en prison un jour. J’ai vécu un enfer pendant six mois. Les gardiens, les détenus, tout le monde était contre moi. » Depuis, Henri T s’est adapté à l’univers carcéral, obtenant même un emploi de cuisinier au sein de la prison.

En détention depuis le 16 septembre 2015, l’accusé a expliqué à la cour qu’il recevait souvent des visites de sa famille. Cette famille dans lequel le jeune homme a grandi, entouré de nombreux frères et sœurs, était présente ce mardi au tribunal pour écouter Henri T évoquer son enfance : « ça s’est bien passé durant ma jeunesse, ça n’était pas tout le temps rose mais il n’y a jamais eu de violences physiques. » Son rapport à la violence justement, c’est ce qu’a tenté de déterminer la présidente du tribunal. Mais, hormis une claque portée à sa compagne qu’il soupçonnait d’être infidèle, l’homme a un passif qui ne plaide pas contre lui. Jeune, il délaisse l’école pour se consacrer au Vaa’a. Sport dans lequel il acquiert une certaine notoriété, prenant même la route du championnat du monde à Sacramento en 2010. A la barre, il évoque la chasse sous-marine, sa deuxième passion, « plus qu’une passion. » De son parcours scolaire, l’on retient qu’il est décrit comme un élève respectueux, pas bagarreur. Il est même félicité par le directeur de son école lorsqu’il porte assistance à l’un de ses camarades blessés pour son « courage » et son comportement qui n’est pas « anodin. » Dans son entourage, l’incompréhension domine sur sa violence le jour du drame. Interrogée, la femme qui l’employait en qualité d’agent de sécurité avant les faits loue un jeune « travailleur, respectueux, un grand sportif (…) je témoigne aujourd’hui car je lui suis reconnaissante. »



Douloureuses allégations

Le témoignage de l’ex-employeuse se poursuit pour se perdre dans des allégations particulièrement difficiles à écouter pour la famille de la victime. La femme sous-entend que Sandy se livrait à un trafic de drogue, que beaucoup n’ont pas voulu témoigner car la famille Ellacott est la « plus puissante de Bora Bora. » Des « on dit » sans aucun fondement auxquels le père du défunt ne réagit pas, restant digne comme tout au long de cette première journée.

C’est ensuite l’ex belle-mère d’Henri T qui se présente à la barre. La vieille dame évoque un jeune qu’elle aime comme son fils : « il a vécu cinq ans chez nous et a apporté le respect au sein de notre foyer. Il était correct envers tout le monde et ne se montrait pas bagarreur. » Même discours chez son mari, « au quotidien, c’était un garçon calme, doux et obéissant. » L’accusé écoute, le regard dans le vide. Comme si sa vie d’avant se rappelait à lui, il semble réaliser les conséquences dramatiques de ses actes.

Enquêteurs et techniciens

Après les témoignages, la présidente de la cour d’assises appelle le directeur d’enquête à la barre. L’homme, qui a été le coach sportif de l’accusé durant deux ans, a de nouveau évoqué le soir du drame, expliquant qu’au petit matin, les trois accusés s’étaient présentés à la gendarmerie car ils souhaitaient porter plainte contre Sandy Ellacott qui aurait tenté de renverser Henri T. Rapidement mis en garde à vue, ce dernier n’avait ni bu ni consommé de stupéfiants. Il reste donc trois jours aux jurés de la cour d’assises pour tenter de comprendre l’origine de ce déchainement inouï de violence qui a coûté la vie à un jeune père de famille.

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 6 Février 2018 à 17:16 | Lu 4683 fois