Prison de Nuutania : les agents en grève par solidarité avec le mouvement national


Une partie des agents pénitentiaires de la prison de Faa’a Nuutania s’est mise en grève, les 4 et 5 avril de 10 h 30 à 13 h 30. Ce débrayage a été suivi mercredi par une quarantaine de surveillants et d’agents de la pénitentiaire à l’appel du syndicat CSTP-FO, par solidarité avec la mobilisation nationale à l'appel des syndicats FO et CGT, pour réclamer des recrutements massifs, alors qu’en métropole le nombre de détenus n'a jamais été aussi élevé.

Le constat de surpopulation carcérale que dénoncent les agents métropolitains est une réalité qui affecte l’ensemble du territoire national. Un recensement de février 2012 mesure l’impact sur les prisons outre mer. A Nuutania, on a évalué à 409.8% la sur-occupation du quartier Centre de détention et à 149.1% celle du quartier Maison d’arrêt (détention préventive). Cette situation est présente presque partout outre mer : maison d’arrêt de Camp Est, en Nouvelle Calédonie, 245.7% de surpopulation; Prison de Ducas, Martinique, 214.2% ; maison d’arrêt de Majicavo, Mayotte, 188.6% ; Prison Mata Utu, Wallis, 166.7% ; Prison de Baie-Mahault, Guadeloupe, 124.4%. Seuls les centres pénitentiaires de la Réunion, Uturoa-Raiatea et Nuku Hiva-Marquises échappent à ce phénomène de surpopulation.

En Polynésie française, le système pénitentiaire compte 129 agents de surveillance répartis sur les trois centres de Faa’a, Raiatea et Nuku Hiva. Le centre pénitentiaire de Nuutania, bâti en 1970, comptait au premier février 2012, 414 détenus. Près de 90 surveillants y sont employés.
Le centre pénitentiaire de Papeari, encore au stade de projet, pourrait voir le jour en 2014. Une réhabilitation progressive de Nuutania sera entamée en 2012.

INTERVIEW : Karl Manutahi, major pénitentiaire, secrétaire général CSTP-FO pénitentiaire.

Tahiti infos : Vous manifestez par solidarité avec un mouvement national des gardiens de prison. Estimez-vous qu’en Polynésie les problèmes sont identiques à ceux que connaissent vos homologues métropolitains ?

Karl Manutahi : Il faut comprendre qu’au niveau de la pénitentiaire nous avons les mêmes problèmes récurrents : le manque d’effectifs ; la surpopulation pénale ; le nombre excessif des missions qui nous incombent. On attend beaucoup de nous ; mais on ne nous ajoute pas d’effectif.
Cependant, en métropole la situation personnelle des agents est bien différente : ils ont les crachats, les insultes, la violence et une rémunération bien inférieure à la notre en Polynésie, en raison de l’indexation. Bien sûr, on est mieux lotis chez nous. Aujourd’hui, nous sommes solidaires avec les revendications des agents métropolitains de la pénitentiaire.


Tahiti infos : Aujourd’hui, que réclamez-vous à travers cette manifestation ?

Karl Manutahi : A notre niveau, nous avons réclamé à Paris qu’ils mettent en place une commission inter régionale englobant la totalité de l’outre mer afin de tenir compte des spécificités propres à l’outre mer et permettre aux partenaires sociaux de se réunir sur ces thèmes. Il existe des spécificités locales qui méritent d’être mieux prise en compte.

Tahiti infos : Comptez-vous exposer ces revendications à votre autorité de tutelle ?

Karl Manutahi : La direction inter régionale a prévu de réunir tous les secrétaires généraux ultramarins dans le courant du mois de mai, en métropole. On abordera ces questions.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 4 Avril 2012 à 16:43 | Lu 2434 fois