Prison avec sursis pour le chauffard marquisien


Crédit photo : Thibault Segalard.
Tahiti, le 14 novembre 2023 – Ce mardi, un homme de 37 ans comparaissait devant le tribunal correctionnel de Papeete pour homicide involontaire par conducteur d'un véhicule avec deux circonstances aggravantes. Un accident survenu lorsque le conducteur était sous l'emprise de la drogue et de l'alcool (1,28 g par litre de sang). La victime, passager du véhicule, n'était autre que le frère du prévenu.
 
Les faits jugés mardi par le tribunal correctionnel de Papeete remontent à février 2020, à Hiva Oa. Après que l'affaire a été renvoyée il y a trois ans faute d'interprète marquisien, le prévenu, un homme de 37 ans, comparaissait ce mardi pour homicide involontaire par conducteur d'un véhicule avec deux circonstances aggravantes. En cause, l'état général de la voiture, dont notamment ses pneus lisses, mais également la présence de traces de THC et un taux d'alcool à 1,28 g par litre de sang chez le prévenu.
 
Lors de l'audience, mardi, le juge a retracé l'histoire de cet accident mortel où la victime n'est autre que le frère aîné du prévenu. Le jour du drame commence simplement. Comme souvent, l'homme de 34 ans au moment des faits ans rejoint son frère pour boire du rhum-corossol, une boisson de sa confection. “J'ai l'habitude de boire le week-end”, reconnait-il d'ailleurs à la barre en marquisien. Ensemble, ils fument également du paka en quantité, “trois pipettes” selon le prévenu. Après l'accident, les analyses démontrent la présence d'alcool, en forte quantité, dans le sang, ainsi que des traces de THC. Devant le juge, l'homme hoche la tête quand on lui demande s'il avait “conscience d'avoir trop bu”.
 
Accident fatal
 
Cependant, après avoir festoyé tout l'après-midi, le soir venu, les deux compères veulent rentrer chez eux. Ils montent alors dans une voiture, celle du petit frère, qui est dans un très mauvais état. En effet, les pneus sont totalement lisses tandis que les plaquettes de freins sont usées. Selon une expertise, la voiture souffrait d'une multitude d'autres problèmesSauf que sur la route, surtout dans les sinueuses vallées des Marquises, ces soucis techniques ne pardonnent pas. À l'approche d'un tournant, dans une descente, les freins ne répondent plus. Le conducteur tente alors de couper le virage pour éviter de foncer tout droit, où le vide les attend. Après plusieurs tonneaux, le véhicule se stoppe en contrebas, le prévenu s'extirpe du véhicule, il souffre de blessures superficielles, quelques plaies et hématomes. Son frère, lui, n'est plus sur le siège passager. Dans l'adrénaline du moment, pensant échapper à l'accident, il s'est jeté de la voiture, une chute qui lui sera fatale.
 
Prison avec sursis
 
Depuis plus de trois ans, l'homme de 37 ans est sous contrôle judiciaire. Il vit désormais à Faa'a, loin de son île natale. Un déchirement pour sa mère, présente lors de l'audience, qui, en pleurs, a déclaré devant le président du tribunal et ses assesseurs vouloir “que son fils sorte de cette situation”. En effet, si elle ne s'est pas constituée partie civile, elle reconnaît tout de même “qu'il a fauté”. Malheureuse, elle a expliqué qu'elle n'a pas vu son fils depuis trois ans. “C'est un dossier émouvant”, a lâché l'avocate de la défense, avant d'expliquer que le prévenu, conscient de ses actes, s'est racheté une conduite. “Il a arrêté de boire et de fumer, et ce n'est pas moi ni lui qui le dit, ce sont les contrôles toxicologiques qu'il a suivis lors de son contrôle judiciaire”. D'autant que l'homme ne reste pas oisif. En effet, “il a rarement connu des périodes de latence entre deux contrats de travail”, explique son avocate. “Sa femme, elle, a un CDI.”
 
Dans cette affaire, la procureure de la République s’est montrée intransigeante. Face à l'émotion de la mère du prévenu, elle a déclaré : “C'est sa mère qui a payé, en ne pouvant pas voir son fils, pas lui. Lui n'a rien payé.” Ainsi, elle a demandé une peine de quatre années d'emprisonnement, assorties d'un sursis de trois ans. Après délibération, le tribunal a finalement condamné l’homme à deux ans de prison assortis d'un sursis, avec obligation d'avoir un travail ou de suivre une formation. Une peine aménageable, qui permettra à l'homme de retourner enfin à Hiva Oa pour rendre visite à sa mère et au reste de sa famille.
 

Rédigé par Thibault Segalard le Mardi 14 Novembre 2023 à 14:56 | Lu 3322 fois