Prison avec sursis et amendes dans l'affaire Global Telecom Connect


Le jugement rendu est proche des réquisitions du ministère public qui avait jugé l'escroquerie avérée.
PAPEETE, le 22 mars 2016 - Le tribunal correctionnel a reconnu coupables et condamné, ce mardi, les différents protagonistes de cette entreprise de vente pyramidale à laquelle avaient succombé 6 000 polynésiens, entre 2013 et 2014.

Pas de relaxe, comme l'avaient plaidé leurs avocats à l'audience début mars, mais des condamnations comprises entre 2 et 4 mois de prison avec sursis assorties de peines de 500 000 francs à 2 millions de francs d'amende pour les développeurs polynésiens du réseau de vente pyramidale Global Telecom Connect, une pratique interdite au fenua. Ronald Terorotua, poursuivi dans ce dossier, écope d'une unique peine d'amende de 800 000 Fcfp.

Entre 2013 et 2014, l'entreprise avait connu une ascension fulgurante, séduisant près de 6 000 polynésiens. Le principe était simple, et tentant. Moyennant un droit d'entrée de 35 000 francs, les candidats avaient accès à des packs comprenant une carte SIM permettant de communiquer gratuitement dans 190 pays dans le monde, ainsi qu'une carte magnétique liée à un compte bancaire aux Etats-Unis.

La mariée était trop belle

En recrutant à leur tour un maximum de "filleuls", les premiers clients étaient récompensés en argent sonnant et trébuchant. Sauf que l'on ne s'improvise pas commercial, et qu'il était rapidement devenu difficile de "vendre" un produit tué dans l'œuf après la dénonciation rapide par Vini de l'accord commercial le liant avec la société de roaming qui permettait ces appels gratuits à l'international.

Réunions publiques, grand shows, voyages à gagner, visite bien rodées d'intervenants extérieurs pour convaincre un large public, démarchage à domicile, création de site internet et d'une page facebook, Global Telecom Connect (GTC), société basée aux Etats-Unis, avait mis tous les instruments entre les mains de ses relais au fenua pour vendre ses produits.

Les avocats des cinq prévenus dans cette affaire, dont le syndicaliste Ronald Terorotua, approché pour son entregent utile dans le cadre d'un recrutement en chaîne, avaient tous plaidé début mars la relaxe de leurs clients au motif qu'ils auraient été de bonne foi et se seraient eux-mêmes fait berner par la maison mère américaine. Des démarches officielles d'autorisations diverses avaient été engagées auprès des autorités polynésiennes, analysées par la défense comme une volonté de transparence.

Le parquet avait estimé, néanmoins, l'escroquerie avérée. Aucune victime ne s'était constituée partie civile, vraisemblablement en raison de la relative faiblesse des sommes engagées à titre individuel. Au sommet de la pyramide, les trois principaux animateurs de GTC Tahiti avaient réussi à générer, sur l'année, des revenus compris entre 30 000 et 40 000 dollars US.

Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 22 Mars 2016 à 16:12 | Lu 6990 fois