Prêt AFD : le ton monte entre le Pays et l'Etat


La polémique entre le Haut-commissaire et le président de la Polynésie française autour du prêt AFD prend de l’ampleur par médias interposés. Suite aux déclarations d’Oscar Temaru, qui accusait mercredi l’Etat de bloquer le décaissement de la deuxième tranche du prêt, le Haut-commissaire Richard Didier répliquait dans une interview accordée aux Nouvelles jeudi : « Il n’y a pas de blocage ». Ce vendredi le président polynésien persiste et signe : pour lui, c’est bien l’Etat qui bloque, et utilise le prêt AFD comme « instrument de chantage ».

Cette certitude, Oscar Temaru affirme la tenir du directeur général de l’Agence française de développement. « J’ai rencontré le patron de l’AFD à Paris, M. Dov Zérah pour ne pas le citer » a expliqué Oscar Temaru vendredi matin. « Il a été clair pour me dire : nous sommes une banque, nous sommes prêts à payer mais c’est l’Etat qui bloque tout. Si je me permets de dire certaines choses, c’est que j’ai des infos de bonne source ».

Selon le président polynésien, l’Etat n’a pourtant aucune raison de bloquer ce décaissement. « On nous avait demandé des conditionnalités. Nous avons remis tous les documents qu’il fallait » estime Oscar Temaru, pour qui la polémique autour de l’utilisation de ces fonds n’est pas fondée. « On me pose la question de savoir si ça va servir à financer des opérations de fonctionnement ou d’investissement. Tout le monde sait bien qu’il y a une seule caisse, l’unicité des fonds du pays tout le monde la connaît » a répliqué le président, pour qui le Pays, ayant avancé l’argent pour financer l'investissement, peut parfaitement utiliser l'argent du prêt pour payer ses fonctionnaires. En revanche, « nous ne pourrons pas les payer si l’AFD ne donne pas le feu vert, parce que derrière l’AFD, il y a toutes les banques qui attendent » pour prêter à la Polynésie, a résumé le président.

Pas de rencontre entre le président et le Haut-commissaire

Oscar Temaru, qui campe donc sur ses positions, exclut tout rendez-vous avec le Haut-commissaire, qui déclarait pourtant jeudi avoir « demandé à le rencontrer » depuis dimanche et « attendre sa réponse ». « Nous nous sommes déjà rencontrés, il a toutes les informations entre les mains » lui répond Oscar Temaru au travers des médias.

« Communiquer par la presse en ne me recevant pas, c’est un manque de respect par rapport au représentant de l’Etat » l'avait pourtant mis en garde jeudi Richard Didier. La petite phrase fait sortir de ses gonds le président. « Si on veut parler de manque de respect, alors là… Je ne sais pas s’il connaît l’histoire de notre pays ? Est-ce que de Gaulle, lorsqu’il a pris cette décision criminelle de faire des essais chez nous, est-ce qu’on nous a respectés ? La France ne nous a jamais respectés » s’est emporté Oscar Temaru. « Parlons de respect. Tous les présidents de la République, ils sont dignes de passer devant la Cour internationale de justice. C’est pour ça que je vais à New-York. C’est notre population qui est en train de payer les pots cassés aujourd’hui. Les cas de cancer, les enfants qui sont handicapés et tout le reste... Non, non, non, parlons de respect. Je le respecte lui, l’homme, mais ce que la France a fait dans notre pays, non ».

Manifestement gêné par une polémique qui dépasse désormais le problème du prêt, le directeur de l'antenne polynésienne de l'Agence française de développement s’est refusé à tout commentaire vendredi.

Ecoutez la réaction d'Oscar Temaru : "Parlons de respect".

Temaru_Parlons de respect.mp3  (1.22 Mo)


Rédigé par F K le Vendredi 7 Octobre 2011 à 14:54 | Lu 3855 fois