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Présidentielle : "le grand conseil décidera du candidat que nous soutiendrons" annonce Gaston Flosse


Présidentielle : "le grand conseil décidera du candidat que nous soutiendrons" annonce Gaston Flosse
PAPEETE, le 14/03/2017 - Si plusieurs élus orange ont donné leur parrainage à Marine Le Pen, le Tahoeraa Huiraatira n'a cependant donné aucune consigne de vote pour cette présidentielle. Le grand conseil du parti se réunira mardi prochain pour définir son choix. La profession de foi des candidats orange aux législatives a été adressée aux candidats de droite : Marine Le Pen et François Fillon, pour avoir leur avis sur les dossiers du parti orange. La présidente du FN, dans une lettre, s'engage à suivre leurs demandes, en échange de leur soutien. Rencontre avec le président du Tahoeraa Huiraatira, Gaston Flosse

Marine Le Pen déclare être d'accord point par point avec vos demandes. Quelle sera la suite ?
"D'abord, il faut savoir que le Tahoeraa Huiraatira est un parti de droite. Aujourd'hui, il n'y a plus que deux candidats à droite : Marine Le Pen et François Fillon. Nous leur avons donc adressé, il y a à peu près deux semaines, la profession de foi de nos candidats aux législatives, en leur demandant de nous faire savoir quel était leur avis sur ce programme. Madame Le Pen nous a répondu qu'elle était d'accord sur notre programme et sur le projet de statut de Pays associé à la République. Elle nous dit d'ailleurs dans sa lettre, que dès lors que le Polynésien reste au sein de la République française et que la France garde ses compétences régaliennes, il n'y a pas de tabu pour le reste, on peut discuter.

Evidemment sur les autres points également, puisque le programme de nos députés se partage en deux parties. Dans la première partie, il s'agit pour nous de remettre en mouvement les conventions qui ont été annulées, soit par Nicolas Sarkozy, soit par François Hollande. Par exemple, pour la dette nucléaire qui était de 18 milliards de francs et signée et engagée par deux Premiers ministres de la République, 8 millions ont été rognés. L'aide au RST qui était de 3,5 milliards, a été réduite, après plusieurs arrêts d'ailleurs de ce versement, à 1,4 milliard de francs. Donc, madame Le Pen est d'accord sur notre programme et nous attendons la réponse de monsieur Fillon. J'ai convoqué le conseil politique et le grand conseil du Tahoeraa Huiraatira pour mardi de la semaine prochaine. Il y aura donc un grand débat et c'est le grand conseil qui décidera du candidat que nous soutiendrons."

En tant que Gaulliste, profondément ancré aux Républicains, vous aurez plutôt tendance à rester du côté des Républicains ou vous pourriez soutenir Marine Le Pen ?
"Vous savez bien que le premier à avoir rejeté le Tahoeraa Huiraatira est Alain Juppé. Il n'a même pas voulu me rencontrer, ne serait-ce que me saluer. Nous avons soutenu, c'est vrai, Nicolas Sarkozy, mais malheureusement, il a été battu aux Primaires. Mais, au second tour des Primaires, et grâce au Tahoeraa, François Fillon a eu de bons résultats. Donc, nous lui avons envoyé notre programme. Mais, nous sommes vraiment déçus de lui. Au lendemain des Primaires, nous lui avons envoyé une lettre pour le féliciter et lui dire que Monsieur Wauquiez s'était engagé à choisir le Tahoeraa Huiraatira pour être le référent des Républicains, et que nous avions déjà un des députés qui avait démissionné de l'UDI pour entrer au groupe des Républicains. Pas une seule réponse, même pas un accusé de réception. Mais malgré cela, nous lui avons adressé la profession de foi et nous attendons sa réponse. Je pense qu'il doit être très occupé avec les essayages de costumes."

Que propose justement le Tahoeraa Huiraatira aux candidats de la Présidentielle ?

"La partie la plus importante est le dossier que nous devrons défendre ensemble. C'est ce statut de Pays associé, que nous considérons être autre chose qu'un statut comme nous l'avons eu avec l'autonomie. Je pense que c'est vraiment un mode de vie que nous proposons aux Polynésiens. Et c'est cela le dossier le plus important, ensuite, la remise à l'ordre du jour, des anciennes conventions qui ont été interrompues, et puis d'autres nouvelles demandes que nous proposons aux candidats."

Concernant le statut de Pays associé, qu'est-ce que cela veut dire ?
"En tahitien nous disons, "Ua tau'ati hia tātou e te Repupirita Farāni". C'est un peu l'image de deux pirogues tau'ati qui sont attachées l'une à l'autre mais qui avancent à la même vitesse et qui sont de vrais partenaires. Nous ne voulons plus être gouvernés par Paris, nous ne voulons plus de directives qui viennent de Paris, nous disant : bon, on veut bien vous verser vos 1,4 milliard de francs pour votre RST, à condition que ceci, que cela… Je crois que ce temps est révolu et nous sommes suffisamment grands pour savoir ce que nous faisons. La solidarité nationale est un devoir de la République, et cela est inscrit dans la constitution."

Que la Polynésie puisse décider de son propre chef, c'est bien ce que vous demandez ?
"Tout à fait, nous sommes suffisamment grands pour décider de notre avenir, tout en restant associés à la République française. Nous ne voulons pas nous séparer de la France. C'est un statut de Pays associés et non pas Etats associés, nous sommes opposés à l'indépendance."

Un point que Marine Le Pen pourrait rejoindre ?
"Elle est d'accord sur ce point. Elle nous dit que dès lors que nous demeurons français, et que l'Etat garde ses compétences régaliennes, il n'y a pas de "tabu" pour le reste. Nous sommes prêts à discuter avec vous. Mais attendons la réponse de Monsieur Fillon et la décision ensuite du grand conseil."

Plus d'indépendance également sur la nomination des magistrats en Polynésie ?
"Non pas du tout. La justice reste de la compétence de l'Etat. Nous ne réclamons pas le transfert de cette compétence-là au Pays. Bien sûr que les compétences de l'Etat seront resserrées par rapport à la situation actuelle. Mais loin de nous l'idée de l'indépendance, c'est absolument faux !"

Plusieurs élus du parti orange ont parrainé Marine Le Pen pour cette présidentielle, est-ce un signe ?

"Non, il y a une liberté dans ce domaine-là. Par exemple, il y a le député qui a accordé son parrainage à Oscar Temaru et plusieurs en ont fait de même. Mais lorsque nous aurons décidé du candidat pour lequel nous devrons voter, ce sera alors une discipline de vote pour tout le monde. Le Tahoeraa Huiraatira votera pour le candidat qui aura été désigné par le grand conseil."


le Mardi 14 Mars 2017 à 15:24 | Lu 3545 fois