Paris, France | AFP | mardi 21/03/2017 - Le débat des principaux postulants à l'Elysée, qui a attiré près de 10 millions de téléspectacteurs, a lancé la campagne sur les sujets de fond et occulté les affaires touchant depuis deux mois les candidatures de François Fillon et Marine Le Pen.
"C'est le vrai début de la campagne, parce que enfin on parle du fond et les candidats ont pu s’exprimer sur des propositions, c’est d’ailleurs ce qui a fait la différence", s'est réjoui mardi sur France 2 Bruno Retailleau, coordinateur de la campagne de François Fillon.
Malmené depuis deux mois par l'enquête sur les emplois présumés fictifs de ses proches, le candidat de la droite, désormais mis en examen, a tiré son épingle du jeu lors de cette joute télévisée, où les "affaires", qui éclaboussent aussi la présidente du Front national, ont été reléguées au second plan.
A moins de cinq semaines du premier tour, François Fillon, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron, les cinq candidats les mieux placés dans les sondages sur les onze en lice, se sont affrontés lundi soir sur TF1 et LCI.
Un exercice inédit qui sera renouvelé à deux reprises, mais cette fois à onze, sur BFMTV et CNews le 4 avril, sur France 2 le 20 avril.
Après un démarrage un peu poussif, les thèmes de la sécurité et l'immigration, puis la laïcité et l'islam, ont animé les échanges. A plusieurs reprises, les protagonistes se sont lancé des piques particulièrement acérées.
A gauche, Alexis Bachelay, soutien du candidat socialiste Benoît Hamon, a salué un débat de "qualité". "Il y avait une attente, parce que depuis des mois, des semaines, le débat justement il a du mal à décoller", a-t-il dit sur LCI.
"Les Français ont eu droit à un débat fouillé", a jugé de son côté Benjamin Griveaux, porte-parole d'En Marche!.
- "Une pression sur Emmanuel Macron" -
Sans surprise, les soutiens des candidats se félicitaient aussi des performances de leur champion respectif, la droite en profitant pour taper sur Emmanuel Macron, qui fait avec Marine Le Pen la course en tête dans les sondages, distançant François Fillon et plus encore Benoît Hamon, talonné par Jean-Luc Mélenchon.
"On a bien vu pendant ce débat qu’il y avait un seul candidat qui avait la stature pour devenir président de la République", claironnait Bruno Retailleau, moquant "une Marine Le Pen dans le +y a qu’a, faut qu’on+" et "un Emmanuel Macron un peu insaisissable, d’accord avec tout le monde, un clin d’œil à droite, un clin d’œil à gauche", "impeccable, jeune, fringant, attrayant", mais qui "sonnait creux".
Le candidat de la droite, qui a déjà à son actif les quatre débats télévisés des primaires, s'est présenté comme "quelqu'un de solide", avec "un projet accompli", face à Emmanuel Macron "totalement flou", a renchéri le secrétaire général des Républicains, Bernard Accoyer.
Le député pro-Macron Christophe Castaner a au contraire senti le candidat d'En Marche! "déterminé". "Après, oui, il y avait une pression sur Emmanuel Macron, on l’a senti, mais il est serein", a-t-il dit sur RMC.
Pour Benjamin Griveaux, il a même "pris du plaisir à débattre" et "il sort renforcé de ce débat". L'ex-ministre de l'Economie de François Hollande a en tout cas reçu mardi le soutien de la secrétaire d'Etat à la Biodiversité, l'écologiste Barbara Pompili, premier ralliement officiel au sein du gouvernement.
Refusant "un scénario écrit d’avance", Alexis Bachelay a mis en avant la prestation de Benoît Hamon "sur les sujets régaliens, la sécurité, la défense, les questions internationales".
Selon des experts en communication politique, si François Fillon est apparu solide, Jean-Luc Mélenchon a "dominé le show", Marine Le Pen a réalisé une bonne opération en s'intégrant "dans le jeu démocratique", tandis que les prestations d'Emmanuel Macron et Benoît Hamon ont été jugées plus mitigées.
Très remonté du fait de ne pas avoir été invité à ce débat, Nicolas Dupont-Aignan, candidat Debout la France, ne l'a pas regardé, dénonçant "manipulation de l'opinion".
"C'est le vrai début de la campagne, parce que enfin on parle du fond et les candidats ont pu s’exprimer sur des propositions, c’est d’ailleurs ce qui a fait la différence", s'est réjoui mardi sur France 2 Bruno Retailleau, coordinateur de la campagne de François Fillon.
Malmené depuis deux mois par l'enquête sur les emplois présumés fictifs de ses proches, le candidat de la droite, désormais mis en examen, a tiré son épingle du jeu lors de cette joute télévisée, où les "affaires", qui éclaboussent aussi la présidente du Front national, ont été reléguées au second plan.
A moins de cinq semaines du premier tour, François Fillon, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron, les cinq candidats les mieux placés dans les sondages sur les onze en lice, se sont affrontés lundi soir sur TF1 et LCI.
Un exercice inédit qui sera renouvelé à deux reprises, mais cette fois à onze, sur BFMTV et CNews le 4 avril, sur France 2 le 20 avril.
Après un démarrage un peu poussif, les thèmes de la sécurité et l'immigration, puis la laïcité et l'islam, ont animé les échanges. A plusieurs reprises, les protagonistes se sont lancé des piques particulièrement acérées.
A gauche, Alexis Bachelay, soutien du candidat socialiste Benoît Hamon, a salué un débat de "qualité". "Il y avait une attente, parce que depuis des mois, des semaines, le débat justement il a du mal à décoller", a-t-il dit sur LCI.
"Les Français ont eu droit à un débat fouillé", a jugé de son côté Benjamin Griveaux, porte-parole d'En Marche!.
- "Une pression sur Emmanuel Macron" -
Sans surprise, les soutiens des candidats se félicitaient aussi des performances de leur champion respectif, la droite en profitant pour taper sur Emmanuel Macron, qui fait avec Marine Le Pen la course en tête dans les sondages, distançant François Fillon et plus encore Benoît Hamon, talonné par Jean-Luc Mélenchon.
"On a bien vu pendant ce débat qu’il y avait un seul candidat qui avait la stature pour devenir président de la République", claironnait Bruno Retailleau, moquant "une Marine Le Pen dans le +y a qu’a, faut qu’on+" et "un Emmanuel Macron un peu insaisissable, d’accord avec tout le monde, un clin d’œil à droite, un clin d’œil à gauche", "impeccable, jeune, fringant, attrayant", mais qui "sonnait creux".
Le candidat de la droite, qui a déjà à son actif les quatre débats télévisés des primaires, s'est présenté comme "quelqu'un de solide", avec "un projet accompli", face à Emmanuel Macron "totalement flou", a renchéri le secrétaire général des Républicains, Bernard Accoyer.
Le député pro-Macron Christophe Castaner a au contraire senti le candidat d'En Marche! "déterminé". "Après, oui, il y avait une pression sur Emmanuel Macron, on l’a senti, mais il est serein", a-t-il dit sur RMC.
Pour Benjamin Griveaux, il a même "pris du plaisir à débattre" et "il sort renforcé de ce débat". L'ex-ministre de l'Economie de François Hollande a en tout cas reçu mardi le soutien de la secrétaire d'Etat à la Biodiversité, l'écologiste Barbara Pompili, premier ralliement officiel au sein du gouvernement.
Refusant "un scénario écrit d’avance", Alexis Bachelay a mis en avant la prestation de Benoît Hamon "sur les sujets régaliens, la sécurité, la défense, les questions internationales".
Selon des experts en communication politique, si François Fillon est apparu solide, Jean-Luc Mélenchon a "dominé le show", Marine Le Pen a réalisé une bonne opération en s'intégrant "dans le jeu démocratique", tandis que les prestations d'Emmanuel Macron et Benoît Hamon ont été jugées plus mitigées.
Très remonté du fait de ne pas avoir été invité à ce débat, Nicolas Dupont-Aignan, candidat Debout la France, ne l'a pas regardé, dénonçant "manipulation de l'opinion".
Mélenchon très bon, Fillon solide, Hamon en retrait
Un débat marathon avec un Mélenchon très bon, un Fillon solide, un Macron inégal, un Hamon un peu en retrait et une Le Pen très rodée : tel était lundi soir le verdict de trois experts en communication politique.
Premier constat, un débat si long que beaucoup de gens ont lâché avant la fin. "Sur les réseaux sociaux tout le monde a décroché à la troisième partie, un tweet disait que seuls restaient les journalistes et les communicants", a commenté la spécialiste Anne-Claire Ruel, du blog "Fais pas Com Papa".
"Les émissions de commentaires ont même démarré avant la fin du débat ! La durée a neutralisé l'effet positif ou négatif", a renchéri Thierry Herrant, du cabinet Equancy. "Les candidats ont eu le temps de répondre", s'est au contraire félicité Philippe Moreau-Chevrolet, président de MCBG Conseil. "Dans cette campagne où on a jamais eu le temps de parler du fond, c'était bienvenu".
Le débat a tardé à décoller. "Pendant une heure chacun courait en solitaire et déroulait son programme sans se regarder", regrette Thierry Herrant.
Puis dans un deuxième temps, tout s'est animé, avec plusieurs confrontations, notamment sur la laïcité entre Macron et Le Pen, ou encore sur les sujets du chômage et du travail. A la toute fin est venu l'international, où tous étaient "un peu éteints", estime l'analyste.
Tous jugent que François Fillon s'en est bien sorti. "Fillon avait besoin de montrer sa présidentialité, et a eu sa posture habituelle, calme, en laissant s'écharper les autres pour ensuite conclure les discussions. Il a eu un moment difficile sur ses affaires, mais les autres ont été plutôt gentils, sauf Mélenchon qui a dit tout haut ce que tous pensaient tout bas", remarque Thierry Herrant.
Même avis pour Philippe Moreau-Chevrolet : "Fillon a cette petite musique qui fonctionne, une sobriété, une hauteur de vue, malgré les affaires. On a retrouvé le Fillon de la primaire".
L'autre gagnant, estiment les trois experts, est Jean-Luc Mélenchon: "il sait s'adresser aux gens avec un langage direct et un brillant sens de la formule. Il a généré le plus de conversations sur les réseaux", note Thierry Herrant. "Il a été très drôle et a dominé le show", ajoute Philippe Moreau-Chevrolet.
"Il a donné les respirations, a été moins agressif et a même échangé un sourire avec Marine Le Pen", renchérit Anne-Claire Ruel. Derrière lui, ses fans hilares tranchaient avec les postures compassées des soutiens de François Fillon, a-t-elle souligné.
Nouveauté dans un débat politique, les nombreux plans de coupes, où les candidats laissaient sciemment transparaître leur approbation ou leur mépris des positions de leurs adversaires.
- Le Pen intégrée -
Tous estiment que Marine Le Pen a pu mettre en avant sa rhétorique rodée sur ses thèmes habituels, et réalisé une bonne opération.
"Pour Marine le Pen c'est historique: elle a été intégrée dans le jeu démocratique, a ri de blagues de Mélenchon, était en empathie avec les autres, ce que son père n’aurait jamais pu faire", a relevé Philippe Moreau-Chevrolet.
Emmanuel Macron a en revanche été jugé plus mitigé. "Il ne s'en est pas mal sorti mais a des tics de langage et du mal à s'exprimer simplement, il veut trop ménager la chèvre et le chou et un langage trop techno. Mais poussé dans ses retranchements il a été meilleur, notamment quand il a été attaqué par Marine le Pen sur l'Europe", juge Thierry Herrant.
"Macron a un peu déçu, à cause de son manque d'expérience, avec des colères parfois un peu artificielles mais aussi parce qu'il y avait de telles attentes sur sa performance", a renchéri Philippe Moreau-Chevrolet.
Hamon a lui été jugé un peu décevant. Pour Thierry Herrant, "il était un peu absent des moments animés du débat et a du mal à trouver d'autres marqueurs que celui du revenu universel", selon Thierry Herrant. "Il a lâché assez vite quand il s'est fait attaquer sur le revenu universel", a également estimé Anne-Claire Ruel.
Premier constat, un débat si long que beaucoup de gens ont lâché avant la fin. "Sur les réseaux sociaux tout le monde a décroché à la troisième partie, un tweet disait que seuls restaient les journalistes et les communicants", a commenté la spécialiste Anne-Claire Ruel, du blog "Fais pas Com Papa".
"Les émissions de commentaires ont même démarré avant la fin du débat ! La durée a neutralisé l'effet positif ou négatif", a renchéri Thierry Herrant, du cabinet Equancy. "Les candidats ont eu le temps de répondre", s'est au contraire félicité Philippe Moreau-Chevrolet, président de MCBG Conseil. "Dans cette campagne où on a jamais eu le temps de parler du fond, c'était bienvenu".
Le débat a tardé à décoller. "Pendant une heure chacun courait en solitaire et déroulait son programme sans se regarder", regrette Thierry Herrant.
Puis dans un deuxième temps, tout s'est animé, avec plusieurs confrontations, notamment sur la laïcité entre Macron et Le Pen, ou encore sur les sujets du chômage et du travail. A la toute fin est venu l'international, où tous étaient "un peu éteints", estime l'analyste.
Tous jugent que François Fillon s'en est bien sorti. "Fillon avait besoin de montrer sa présidentialité, et a eu sa posture habituelle, calme, en laissant s'écharper les autres pour ensuite conclure les discussions. Il a eu un moment difficile sur ses affaires, mais les autres ont été plutôt gentils, sauf Mélenchon qui a dit tout haut ce que tous pensaient tout bas", remarque Thierry Herrant.
Même avis pour Philippe Moreau-Chevrolet : "Fillon a cette petite musique qui fonctionne, une sobriété, une hauteur de vue, malgré les affaires. On a retrouvé le Fillon de la primaire".
L'autre gagnant, estiment les trois experts, est Jean-Luc Mélenchon: "il sait s'adresser aux gens avec un langage direct et un brillant sens de la formule. Il a généré le plus de conversations sur les réseaux", note Thierry Herrant. "Il a été très drôle et a dominé le show", ajoute Philippe Moreau-Chevrolet.
"Il a donné les respirations, a été moins agressif et a même échangé un sourire avec Marine Le Pen", renchérit Anne-Claire Ruel. Derrière lui, ses fans hilares tranchaient avec les postures compassées des soutiens de François Fillon, a-t-elle souligné.
Nouveauté dans un débat politique, les nombreux plans de coupes, où les candidats laissaient sciemment transparaître leur approbation ou leur mépris des positions de leurs adversaires.
- Le Pen intégrée -
Tous estiment que Marine Le Pen a pu mettre en avant sa rhétorique rodée sur ses thèmes habituels, et réalisé une bonne opération.
"Pour Marine le Pen c'est historique: elle a été intégrée dans le jeu démocratique, a ri de blagues de Mélenchon, était en empathie avec les autres, ce que son père n’aurait jamais pu faire", a relevé Philippe Moreau-Chevrolet.
Emmanuel Macron a en revanche été jugé plus mitigé. "Il ne s'en est pas mal sorti mais a des tics de langage et du mal à s'exprimer simplement, il veut trop ménager la chèvre et le chou et un langage trop techno. Mais poussé dans ses retranchements il a été meilleur, notamment quand il a été attaqué par Marine le Pen sur l'Europe", juge Thierry Herrant.
"Macron a un peu déçu, à cause de son manque d'expérience, avec des colères parfois un peu artificielles mais aussi parce qu'il y avait de telles attentes sur sa performance", a renchéri Philippe Moreau-Chevrolet.
Hamon a lui été jugé un peu décevant. Pour Thierry Herrant, "il était un peu absent des moments animés du débat et a du mal à trouver d'autres marqueurs que celui du revenu universel", selon Thierry Herrant. "Il a lâché assez vite quand il s'est fait attaquer sur le revenu universel", a également estimé Anne-Claire Ruel.