Présidentielle: la Seconde Guerre mondiale s'invite, Le Pen courtise les mélenchonistes


Paris, France | AFP | vendredi 28/04/2017 - La Seconde Guerre mondiale s'est immiscée vendredi dans le duel présidentiel, avec une visite d'Emmanuel Macron dans le village martyr d'Oradour et le remplacement du président par intérim du FN, accusé de propos négationnistes, tandis que Marine Le Pen s'est employée à séduire l'électorat mélenchoniste.

Dans une vidéo postée sur Twitter en début d'après-midi, la candidate FN a lancé un appel aux électeurs de La France insoumise à mettre "les querelles et les divergences de côté" et à "faire barrage à Emmanuel Macron" au second tour le 7 mai.
"C'est l'essentiel qui est aujourd'hui en jeu", alors que "toute l'oligarchie" veut "vous mettre au garde-à-vous derrière le banquier Macron", a lancé Mme Le Pen, qui courtise depuis plusieurs jours les "insoumis". Leur leader Jean-Luc Mélenchon, arrivé quatrième au premier tour, n'a pas donné de consigne de vote, s'attirant de nombreuses critiques.
Il devait prendre la parole en fin d'après-midi, mais son porte-parole Alexis Corbière a d'ores et déjà rangé la vidéo FN au rang des "petites manoeuvres électorales, pas très dignes". "Pas une voix ne doit aller au Front national", a-t-il à nouveau demandé.
La candidate d'extrême droite a en tout cas repris la main, après l'épisode matinal de l'éviction de la présidence par intérim du parti de Jean-François Jalkh, accusé de propos négationnistes - qu'il a démentis.
"C'est M. Briois qui prend la suite de l'intérim, et on n'en parle plus", avait balayé le vice-président du Front national Louis Aliot et compagnon de Mme Le Pen. Le maire d'Hénin-Beaumont Steeve Briois assurera donc la présidence par intérim du FN, fonction qu'avait quittée lundi symboliquement la candidate pour "rassembler" les Français autour de son projet.  - Après Estrosi, Macron rencontre Raffarin -  
Cette clarification à la tête du FN est intervenue alors que ses adversaires multiplient les références à l'Histoire et les mises en garde contre "l'idéologie d'extrême droite".
L'ancien maire socialiste de Paris Bertrand Delanoë en a ainsi appelé à la "responsabilité" de ceux qui ne voteraient pas Emmanuel Macron le 7 mai pour faire barrage au Front national, faisant un parallèle avec l'arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne.
"Dans les années 30 en Allemagne, l'extrême gauche n'a pas voulu choisir entre les sociaux démocrates et les nazis. Hitler a été élu par le suffrage universel", a rappelé Bertrand Delanoë sur RTL, souhaitant forcer la main à Jean-Luc Mélenchon.
Dans une pleine page publiée dans le quotidien Libération, l'association "Les Fils et Filles des Déportés Juifs de France" et Serge, Beate et Arno Klarsfeld font directement référence aux camps de concentration nazis et appellent à voter Macron "contre Le Pen".
Alors que Martine Aubry avait été critiquée pour avoir appelé à "faire barrage au Front national" mais sans citer de nom, la maire PS de Lille a indiqué vendredi qu'elle votera "bien sûr" pour Emmanuel Macron. Le combat contre le Front national "est mon ADN", a-t-elle souligné.
Filant la métaphore à l'occasion d'un déplacement en Bretagne, François Hollande, qui a déjà appelé à voter Macron, a invité à "chasser les mauvais vents" du "nationalisme" et du "repli", évoquant sans le citer le Front national. 
C'est dans ce contexte qu'Emmanuel Macron a décidé il y a plusieurs jours de rendre hommage dans l'après-midi aux victimes du massacre d'Oradour-sur-Glane, petite localité du Limousin où une unité de la Waffen SS massacra 642 habitants le 10 juin 1944.
Dans la soirée, le candidat tiendra une réunion publique à Châtellerault, après avoir rencontré... Jean-Pierre Raffarin, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac.
Tandis que Marine Le Pen, qui a tenu jeudi soir  à Nice son premier meeting d'entre-deux-tours, sera l'invitée de BFMTV.
Vendredi est également attendue la position de Nicolas Dupont-Aignan,  premier des "petits candidats" au premier tour avec 4,7% des voix. Les frontistes ont multiplié les appels du pied au président de Debout la France. Nicolas Bay a ainsi jugé "probable" l'hypothèse que M. Dupont-Aignan puisse figurer au sein du gouvernement que pourrait mettre en place Marine Le Pen si elle accédait à l'Elysée.

le Vendredi 28 Avril 2017 à 05:32 | Lu 363 fois