Présidentielle 2017 : "Je m’adresse surtout aux abstentionnistes" (Heimana Garbet)


Heimana Garbet, référent polynésien d'Emmanuel Macron et du mouvement En Marche ! pour la présidentielle 2017.
PAPEETE, 2 mai 2017 - Le second tour de l’élection présidentielle est programmé ce samedi 6 mai en Polynésie française. Le scrutin opposera le centriste de gauche Emmanuel Macron à la candidate d’extrême droite Marine Le Pen. Dans cette perspective nous avons souhaité donner aux référents locaux de ces deux leaders politiques l’opportunité de s’adresser à l’électorat polynésien. Seul Heimana Garbet, pour le mouvement En Marche !, a accepté de nous recevoir. Interview.

Quels sont les points du programme d’Emmanuel Macron qui vous semblent intéressants pour la Polynésie française ?

Heimana Garbet : Emmanuel Macron est dans une volonté d’apaisement des Polynésiens vis-à-vis de leur histoire récente. Il a pris connaissance de l’accord de l’Elysée pour le développement de la Polynésie française et en reconnait le contenu : il s’agit d’un engagement pris par François Hollande en tant que président de la République. Emmanuel Macron est prêt à travailler sur la base de ce document, à le clarifier, afin de permettre à la Polynésie d’avancer sereinement, en rassemblant le plus grand nombre de personnes.
J’ajoute qu’Emmanuel Macron prévoit aussi de soutenir l’économie bleue et la Polynésie a toutes ses cartes à jouer dans ce cadre, compte tenu de sa surface maritime.
Ce que propose Emmanuel Macron c’est, dans l'ensemble, un projet de société. Ce projet met en avant l’idée de moralisation de la vie politique (...). Il propose aussi d’instaurer une égalité renforcée entre les hommes et femmes. Ce projet vise également à améliorer les conditions de vie de nos concitoyens, notamment en termes de qualité alimentaire... Il s’agit d’un ensemble de mesures qui s’emboîtent les unes dans les autres et qui visent à offrir de meilleures conditions de vie au Français en général et j’espère que le gouvernement local saura en profiter, par le biais de subventions compte tenu de nos compétences propres, pour participer au financement de programmes, ici en Polynésie. (…)


Que souhaiteriez-vous dire aux électeurs qui hésitent encore ou qui songent à s’abstenir, samedi ?


Heimana Garbet : Je m’adresse surtout aux abstentionnistes : il faut qu’ils prennent conscience que le droit de vote est le fondement de notre démocratie. Le fait de ne pas voter revient finalement à cautionner l’élection à la présidence de la République d’une personne que l’on ne souhaite pas u voir. Si l’on veut que les choses évoluent favorablement, j’invite tous les Polynésien à aller voter pour Emmanuel Macron, samedi 6 mai.
Je crois qu’aujourd’hui il est important d’expliquer aux gens ce qu’est le Front national et d'où vient ce parti d'extrême droite. Il faut aussi leur dire quelles pourraient être les conséquences directes pour nous de l’élection de Marine Le Pen à la présidence de la République. La sortie de l’euro aurait pour nous une conséquence directe et très néfaste sur les prix. Aujourd’hui, nous avons 20 % des Polynésiens qui vivent sous le seuil de pauvreté. Cette réalité serait considérablement amplifiée
.

Après l’appel à voter Macron lancé par le Tapura Huiraatira, n’avez-vous pas aujourd'hui le sentiment d’être instrumentalisé pour des questions purement politiciennes ?

Heimana Garbet : Je n’ai aucunement l’impression d’être instrumentalisé. Nos relations avec nos partenaires politiques locaux sont tout à fait cordiales. Chacun tient son rôle et le joue parfaitement. Nous serons présents aux côtés du Tapura Huiraatira, jeudi soir à 19 h 30, à la grande réunion publique organisée à Pirae, route de Vetea, dans le cadre de la campagne du second tour.

Vous attendiez-vous à voir votre candidat arriver en 3e position des suffrages sur la Polynésie française ?

Heimana Garbet : i[Dès l’origine, je pensais que nous aurions un résultat autour de 10 points inférieurs au score national. Ce pronostique s’est réalisé. Cela a été pour nous un grand challenge. N’oubliez pas que nous sommes partis de zéro et que nous avons milité sur le terrain sans le soutien d’aucune force politique locale
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Le vote Emmanuel Macron a fait 14,7 % au premier tour, avec des électeurs essentiellement regroupés dans le grand Papeete. Combien pensez-vous faire au second tour ?

Heimana Garbet : Au deuxième tour je pense que nous aurons un résultat comparable à la moyenne nationale, soit autour de 60 %.

Au lendemain de la présidentielle, comment avez-vous prévu de sélectionner les candidats investis par En Marche ! pour les législatives ? Quels sont les critères de choix ?


Heimana Garbet : Les procédures de sélection pour les législatives dans le cadre du mouvement En Marche ! sont claires : toute personne désireuse de se présenter sous l’étiquette En Marche ! à la possibilité de s’inscrire sur le site du mouvement. Une commission d’investiture sera chargée d’étudier chaque cas. C’est elle qui donnera les agréments. Le choix se fera en métropole. Si la commission souhaite nous consulter, nous serons là pour répondre à ses demandes. Pour l’instant aucun Polynésien ne s’est officiellement porté candidat. Il est un peu tôt pour envisager quoi que ce soit.

Aujourd’hui référent polynésien, envisagez-vous demain de monter un parti politique en lien avec le mouvement lancé par Macron ?

Heimana Garbet : La première étape est la constitution d’un parti politique en métropole autour d’Emmanuel Macron. En fonction du statut qu’adoptera cette formation, nous verrons comment nous positionner et sous quelle forme précise. Il y aura forcément une continuité en Polynésie française. La lettre de mission que j’ai reçue concerne pour l'instant l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République. Nous verrons par la suite si l’on nous confie une nouvelle lettre de mission. Nous avons 27 comités au plan local et je peux vous dire, en attendant, qu’il y a sur le terrain une forte volonté de continuer ce mouvement : antenne du parti national ou parti politique local, il est encore trop tôt pour se prononcer.

Précision

Nous avions l'intention de proposer un questionnaire identique au représentant polynésien du Front national, M. Eric Minardi, le président du parti Te Nati Front national polynésien. En dépit de nos demandes réitérées ce dernier n’a pas souhaité nous accorder d’entrevue. Par souci d’équité, nous regrettons ce choix à quelques jours du second tour de scrutin de l’élection présidentielle en Polynésie française. Merci de votre compréhension.

Rédigé par Propos recueillis par Jean-Pierre Viatge le Mardi 2 Mai 2017 à 11:41 | Lu 4190 fois