L'écriture des textes pour les chants et sketches a été réalisée par les élèves. Un travail de longue haleine qui vaut largement la peine, au vu du résultat.
PUNAAUIA, le 22/01/2016 - Beaucoup d'étudiants de l'université de la Polynésie française ont troqué leurs cahiers et leurs stylos pour des couronnes de fleurs et des tenues locales, vendredi dernier, pour la septième édition de la journée polynésienne. Cette année, le thème retenu était la mise en valeur de l'écriture, un challenge pour ces étudiants qui n'ont pas l'habitude de retranscrire une langue que certains parlent peu.
C'était l'effervescence vendredi matin, sur le parking de l'université de la Polynésie française (UPF). Un grand chapiteau et une scène de danse ont été installés pour fêter dignement la septième édition de la journée polynésienne, organisée par l'association des étudiants en reo mā'ohi.
Pour cette journée spéciale, les étudiants se sont habillés en tenues locales avec des couronnes de fleurs. Le thème retenu était l’écriture, écrire son histoire, son ressenti ou encore sa vision de l'utilisation de la langue. Les étudiants ont exprimé leurs sentiments au travers de chants, de danses, de sketches ou de poèmes.
Si, sur la scène, les groupes se succèdent comme des professionnels devant un public conquis, dans les stands, le stress se fait sentir. Pas facile pour les étudiants d'expliquer leur travail. Nous avons rencontré plusieurs d'entre eux et leur avons demandé ce que le thème de cette année leur a inspiré. Les réponses varient mais les idées se rejoignent : "Je viens de l'île de Nuku Hiva, de la vallée de Taiohae. Il y a une grande différence avec Tahiti parce que là-bas, on parle couramment notre langue, la plupart des jeunes communiquent en marquisien. Et j'ai remarqué que quand tu parles marquisien, tu as de la facilité à pratiquer d'autres langues polynésiennes. Tu peux aussi comprendre le maori et le pascuan", souligne Omaka, 18 ans, étudiante en licence de langues étrangères appliquées (LEA). "À Rurutu, la langue est préservée. On la parle tout le temps, on préserve aussi notre culture à travers l'artisanat. Aujourd'hui, nous avons mis en place un stand d'artisanat pour montrer que, même si nous avons des faiblesses à l'écrit, et bien nous avons eu une transmission orale. Je considère le tressage comme une autre façon d'écrire", explique Purea, 28 ans, étudiante en reo mā'ohi. "La culture à Raivavae est toujours présente aujourd'hui et beaucoup de personnes parlent notre langue et c'est important", précise Tevai, 21 ans.
À Tahiti, la langue ne fait pas vraiment partie des priorités de plusieurs jeunes. Dans les îles, en revanche, elle est couramment pratiquée. "Justement, il ne faut pas lâcher prise. Ce n'est pas parce que certains ne parlent pas qu'on ne doit rien faire. Je suis née à Tahiti, et je veux croire que les Tahitiens feront tout pour préserver leur langue. Un peuple sans sa langue perd toute sa dignité. Avoir un regard sur ce qui se passe à l'extérieur ne nous permet pas de dire que les jeunes ne s'intéressent pas à la langue. Je pense qu'il faut relativiser", assure Cathy, 19 ans.
Durant leurs mois de préparation, les étudiants se sont mis en groupes pour leurs différentes prestations de vendredi. Beaucoup nous ont exprimé leurs difficultés à mettre à l'écrit ce qu'ils disaient oralement. "Ce n'est pas évident d'écrire en tahitien, à cause de l'accentuation. Je suis protestante et depuis mon plus jeune âge, je suis allée à l'école du dimanche. J'ai été habituée à utiliser l'écriture de la bible et non celle de l'académie, qui, je trouve est trop compliquée à lire. Heureusement qu'on ne nous impose pas tel ou tel écrit", témoigne Anihia, 22 ans.
Des étudiants néo-zélandais et américains ont fait le déplacement pour apprécier les prestations de leurs homologues polynésiens. Ils sont restés admiratifs du travail effectué et de l'engouement que portent les Polynésiens à leur culture.
C'était l'effervescence vendredi matin, sur le parking de l'université de la Polynésie française (UPF). Un grand chapiteau et une scène de danse ont été installés pour fêter dignement la septième édition de la journée polynésienne, organisée par l'association des étudiants en reo mā'ohi.
Pour cette journée spéciale, les étudiants se sont habillés en tenues locales avec des couronnes de fleurs. Le thème retenu était l’écriture, écrire son histoire, son ressenti ou encore sa vision de l'utilisation de la langue. Les étudiants ont exprimé leurs sentiments au travers de chants, de danses, de sketches ou de poèmes.
Si, sur la scène, les groupes se succèdent comme des professionnels devant un public conquis, dans les stands, le stress se fait sentir. Pas facile pour les étudiants d'expliquer leur travail. Nous avons rencontré plusieurs d'entre eux et leur avons demandé ce que le thème de cette année leur a inspiré. Les réponses varient mais les idées se rejoignent : "Je viens de l'île de Nuku Hiva, de la vallée de Taiohae. Il y a une grande différence avec Tahiti parce que là-bas, on parle couramment notre langue, la plupart des jeunes communiquent en marquisien. Et j'ai remarqué que quand tu parles marquisien, tu as de la facilité à pratiquer d'autres langues polynésiennes. Tu peux aussi comprendre le maori et le pascuan", souligne Omaka, 18 ans, étudiante en licence de langues étrangères appliquées (LEA). "À Rurutu, la langue est préservée. On la parle tout le temps, on préserve aussi notre culture à travers l'artisanat. Aujourd'hui, nous avons mis en place un stand d'artisanat pour montrer que, même si nous avons des faiblesses à l'écrit, et bien nous avons eu une transmission orale. Je considère le tressage comme une autre façon d'écrire", explique Purea, 28 ans, étudiante en reo mā'ohi. "La culture à Raivavae est toujours présente aujourd'hui et beaucoup de personnes parlent notre langue et c'est important", précise Tevai, 21 ans.
À Tahiti, la langue ne fait pas vraiment partie des priorités de plusieurs jeunes. Dans les îles, en revanche, elle est couramment pratiquée. "Justement, il ne faut pas lâcher prise. Ce n'est pas parce que certains ne parlent pas qu'on ne doit rien faire. Je suis née à Tahiti, et je veux croire que les Tahitiens feront tout pour préserver leur langue. Un peuple sans sa langue perd toute sa dignité. Avoir un regard sur ce qui se passe à l'extérieur ne nous permet pas de dire que les jeunes ne s'intéressent pas à la langue. Je pense qu'il faut relativiser", assure Cathy, 19 ans.
Durant leurs mois de préparation, les étudiants se sont mis en groupes pour leurs différentes prestations de vendredi. Beaucoup nous ont exprimé leurs difficultés à mettre à l'écrit ce qu'ils disaient oralement. "Ce n'est pas évident d'écrire en tahitien, à cause de l'accentuation. Je suis protestante et depuis mon plus jeune âge, je suis allée à l'école du dimanche. J'ai été habituée à utiliser l'écriture de la bible et non celle de l'académie, qui, je trouve est trop compliquée à lire. Heureusement qu'on ne nous impose pas tel ou tel écrit", témoigne Anihia, 22 ans.
Des étudiants néo-zélandais et américains ont fait le déplacement pour apprécier les prestations de leurs homologues polynésiens. Ils sont restés admiratifs du travail effectué et de l'engouement que portent les Polynésiens à leur culture.
Purea Manuel, 28 ans, de Rurutu
"Ce n'est pas évident pour nous, qui venons des îles"
"Pour cette journée, j'ai écrit un tuki (chant rythmé) par rapport au thème de cette année, qui parle des solutions pour perpétuer notre histoire. Globalement, par rapport à la langue, on met en avant la langue tahitienne et non les langues polynésiennes. Pour nous, qui venons des îles, ce n'est pas évident lorsqu'on vient à l'université, parce qu'on a du mal à s'adapter au tahitien, c'est comme si on nous obligeait à parler le tahitien. On est polynésien avant tout."
"Ce n'est pas évident pour nous, qui venons des îles"
"Pour cette journée, j'ai écrit un tuki (chant rythmé) par rapport au thème de cette année, qui parle des solutions pour perpétuer notre histoire. Globalement, par rapport à la langue, on met en avant la langue tahitienne et non les langues polynésiennes. Pour nous, qui venons des îles, ce n'est pas évident lorsqu'on vient à l'université, parce qu'on a du mal à s'adapter au tahitien, c'est comme si on nous obligeait à parler le tahitien. On est polynésien avant tout."
Omaka, 18 ans, des Marquises, étudiante en licence des langues étrangères appliquées
"J'ai choisi la facilité"
"Je n'ai pas pris le reo mā'ohi parce que je ne parle pas très bien les langues polynésiennes, je suis plus forte dans tout ce qui est langues étrangères. J'ai choisi la facilité pour la continuité de mes études. Comme j'ai choisi une filière économique au lycée, je me suis dit autant continuer l'aventure en économie et voir ce que je peux faire."
"J'ai choisi la facilité"
"Je n'ai pas pris le reo mā'ohi parce que je ne parle pas très bien les langues polynésiennes, je suis plus forte dans tout ce qui est langues étrangères. J'ai choisi la facilité pour la continuité de mes études. Comme j'ai choisi une filière économique au lycée, je me suis dit autant continuer l'aventure en économie et voir ce que je peux faire."
Tevai (en noir) et ses amies
Tevai, 21 ans, de Raivavae
"Je ne connais pas l'écriture de Raivavae"
"Beaucoup de jeunes parlent couramment le raivavae. Concernant l'écriture, personnellement, je ne connais pas l'écriture de Raivavae parce qu'il n'y en a pas, je pense. Ce que je sais, c'est que le raivavae c'est comme le tahitien, mais à la place du "r", on met le "g". Par exemple, quand on dit "Ia Ora Na" et bien nous, on dit, "Ia Oga Na". Une autre particularité, c'est la façon de parler : on parle en chantant, si on peut dire ça comme ça."
"Je ne connais pas l'écriture de Raivavae"
"Beaucoup de jeunes parlent couramment le raivavae. Concernant l'écriture, personnellement, je ne connais pas l'écriture de Raivavae parce qu'il n'y en a pas, je pense. Ce que je sais, c'est que le raivavae c'est comme le tahitien, mais à la place du "r", on met le "g". Par exemple, quand on dit "Ia Ora Na" et bien nous, on dit, "Ia Oga Na". Une autre particularité, c'est la façon de parler : on parle en chantant, si on peut dire ça comme ça."
Adam, 41 ans, de Nouvelle-Zélande
"En Nouvelle-Zélande, il y a beaucoup de jeunes qui parlent maori"
"J'ai remarqué beaucoup de similitudes, spécialement dans certains mots qu'on utilise aussi bien en tahitien qu'en maori, comme le mot "aroha". En Nouvelle-Zélande, il y a beaucoup de jeunes qui parlent maori et nous avons aussi des écoles spécialisées pour cela. Dans les familles, on parle plus la langue anglaise que notre langue maternelle. Chez nous, le maori prend de plus en plus d'ampleur et d'autant plus que maintenant nous avons le support des médias, la télévision. Même les occidentaux nous encouragent justement à préserver notre langue maternelle."
"En Nouvelle-Zélande, il y a beaucoup de jeunes qui parlent maori"
"J'ai remarqué beaucoup de similitudes, spécialement dans certains mots qu'on utilise aussi bien en tahitien qu'en maori, comme le mot "aroha". En Nouvelle-Zélande, il y a beaucoup de jeunes qui parlent maori et nous avons aussi des écoles spécialisées pour cela. Dans les familles, on parle plus la langue anglaise que notre langue maternelle. Chez nous, le maori prend de plus en plus d'ampleur et d'autant plus que maintenant nous avons le support des médias, la télévision. Même les occidentaux nous encouragent justement à préserver notre langue maternelle."
Teraireva (deuxième en partant de la gauche) et ses amis
Teraireva, 25 ans, 1re année de licence de reo mā'ohi
"Ce thème nous a beaucoup permis de nous remettre en question"
"L'écriture, selon moi, n'est pas assez mise en valeur. Les jeunes comme moi sont plus basés sur l'action que l'écriture et, ce thème, justement, nous a beaucoup permis de nous remettre en question sur l'importance de mettre sur papier tout ce que l'on peut ressentir, vivre, pour les générations futures."
"Ce thème nous a beaucoup permis de nous remettre en question"
"L'écriture, selon moi, n'est pas assez mise en valeur. Les jeunes comme moi sont plus basés sur l'action que l'écriture et, ce thème, justement, nous a beaucoup permis de nous remettre en question sur l'importance de mettre sur papier tout ce que l'on peut ressentir, vivre, pour les générations futures."