Première nuit de la lecture sur la thématique LGBTQIA+


TAHITI, le 26 juin 2023 - La quinzaine des fiertés LGBTQIA+ prend fin. Elle se termine par une nuit de la lecture ce mardi soir. Deux auteurs sont invités pour une lecture d’extraits choisis. L’événement est l’occasion de libérer la parole mais aussi de faire la lumière sur les textes qui disent toute la souffrance des membres de la communauté.

Karel Luciani est le président de l’association Cousins Cousines de Tahiti. Une quinzaine des fiertés a été organisée ce mois de juin et, pour la clôturer, l’association propose une nuit de la lecture sur la thématique LGBTQIA+. Il s’agit d’une rencontre d’auteurs et de discussion. Une invitée surprise prévoit d’accompagner les échanges en musique. “Cet événement vise deux objectifs : d’une part il s’agit de libérer la parole ; d’autre part de donner un coup de projecteur sur cette littérature”, explique le président. Selon lui, la littérature “participe à faire changer les mentalités”. Les lecteurs ressentent “la souffrance des personnages”. Ils prennent ainsi conscience “des problèmes”.

Encore trop de tabous

Dans une interview accordée à Tahiti infos en février lors de la Tahiti Pride Week, Karel Luciani reconnaissait une meilleure tolérance de la communauté ces dernières années. Mais il regrettait la trop grande hypocrisie persistante. “Il y encore trop de tabous. Ce qui est intolérable, c'est qu'il y a aussi énormément de souffrances. J'ai trop de jeunes qui m'appellent avec des idées suicidaires ou qui sont à la rue parce qu'ils ont été rejetés par leur famille. Ces situations n'ont plus lieu d'être ! Les personnes nées différentes doivent être enfin acceptées, pour avoir enfin une place à part entière dans la société.”

Lecture active pour ouvrir le dialogue

Les deux invitées sont Monak auteure du livre “Le sang du corail” paru en septembre 2022 aux éditions Maïa et Mariana Mout Ham pour “A Hi’o i Tō Mou’a” édité par l’association Tā'atira'a Parau.

Karel Luciani, en haut à gauche, coorganise pour Cousins Cousines de Tahiti la première nuit de la lecture.
Le Sang du corail est une fiction dont le personnage central nommé Pers’ est inspiré d’une personne bien réelle qui devrait être présente à la nuit de la lecture. Le récit explore la dureté du quotidien de celles qui paraissent, à première vue, intégrées. “J’ai de nombreuses amies raerae et j’ai pu constater les brimades, humiliations et insultes, le manque de considération. Alors même que l’on se sert d’elles.” À la maison, “on leur demande de s’occuper des enfants par exemple, de réaliser les tâches ménagères”. Souvent, elles sont rejetées. Dans la rue, “on ne se gêne pas pour les déguster et les consommer !” Car d’après l’auteure, celles qui n’ont pas de diplôme et souhaitent changer de sexe n’ont pas d’autre choix que la prostitution. “La société est intolérante. Elle piétine éternellement les raerae”, insiste Monak.

Ce mardi soir, l’auteure de “Sang du corail” entend faire une “lecture active”. Elle prévoit d’y mettre le rythme et les intonations. Et de solliciter le public. “Quitte à le provoquer. Je ne serai pas là pour m’écouter lire.” Il lui paraît essentiel de donner la parole à celles et ceux qui sont le plus concernés. “J’ai eu la chance d’être éditée. Il faut les laisser parler.”

À propos de “A Hi’o i Tō Mou’a” Mariana Mout Ham écrit : “De là d’où je viens, lorsque l’on parle de mou’a, il ne s’agit pas simplement d’une forme de relief statique, figée, d’un paysage. On parle d’un emblème, d’un symbole fort, identitaire, d’une montagne magistrale. On peut la contempler depuis un bateau, d’un avion et même par satellite. Peu importe d’où on l’observe, la montagne nous apparaît toujours dans sa beauté brute, impénétrable, essentielle, originelle. Elle représente la source de toutes choses. A Hi’o i Tō Mou’a, c’est se retourner vers cette montagne pour comprendre d’où l’on vient.” Elle évoque dans son texte les problématiques de la communauté.

Panel de textes

Pour organiser la soirée, Cousins Cousines a balayé les ouvrages édités localement pour trouver des chapitres ou passages “qui parlent des mahu, raerae, de l’homsexualité et/ou l’homophobie”, indique le président de Cousins Cousines. En plus de “Sang du corail” et de A Hi’o i Tō Mou’a un recueil de textes d’élèves des écoles et collège de Taiarapu produit par la DGEE a fait surface. Il est intitulé “Des mots contre des maux”. Les auteurs sont jeunes, et concernés. “Nous en lirons également des extraits”, annonce Karel Luciani. De même que celui d‘Albert Hugues publié dans la revue Littéramā’ohi.

Pratique

L’association Cousins Cousines organisera sa 1ère Nuit de la lecture polynésienne sur la thématique LGBTQIA+ à 18 heures, au local de l’association (13, place de la cathédrale).

Entrée libre, places limitées. Réservations et Informations : par MP (FB : Cousins Cousines de Tahiti) ou par téléphone au 89 50 18 15.


Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 26 Juin 2023 à 15:25 | Lu 1543 fois