Première Guerre mondiale : Papeete s'était préparé


Avenue du Petit-Thouars vers 1910. Crédit : D'après une carte postale, Cl. An, Fds. Rémy Carbayol, coll. Commune de Papeete
PAPEETE, le 8 novembre 2018. A l'occasion du centenaire de l'armistice de la Première Guerre mondiale, Tahiti Infos revient sur certains temps forts de la Première Guerre mondiale au fenua et notamment sur le bombardement de la ville le 22 septembre 1914.






L'historienne Marie-Noëlle Frémy explique comment Destremau s'était préparé à la Première Guerre mondiale


L'escadre allemande à l'entrée du port

Le 22 septembre 1914, la ville de Papeete était bombardée. L'île de Tahiti s'était préparée à une telle éventualité. « Cette journée avait été envisagée et préparée », insiste l'historienne Marie-Noëlle Fremy. « On savait que les Allemands étaient présents dans le Pacifique. » A l'époque, les nouvelles n'arrivent que tardivement en Polynésie française. Pour joindre Tahiti, la seule solution est le bateau. Le télégraphe est en effet arrivé en décembre 1914.
Destremau prévoit un plan pour pour défendre Papeete. « Destremau, qui avait alors 34 ans, était un ingénieur très intelligent », décrit Marie-Noëlle Frémy. « Il a travaillé dans les sous-marins. C'était quelqu'un de courageux. Il avait déjà eu la Légion d'honneur. »
Destremau avait quelques hommes. Une trentaine est aussi arrivée de Nouvelle-Calédonie. Il a aussi fait appel à des volontaires qui ont été entraînés très durement. Destremau décide de désarmer la Zélée. « Les canons et les mitrailleuses sont enlevés. Les mitrailleuses sont mises sur des voitures qui assurent la surveillance en bord de mer », explique l'historienne. « A cette époque, la route n'était pas goudronnée. » La plus grosse batterie sera montée sur le mont Faiere, à Papeete. « Des hommes vont tirer la batterie jusqu'en haut. C'est ce qui va sauver Papeete », insiste Marie-Noëlle Frémy. « Beaucoup de Tahitiens vont y participer. »

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Papeete, le siège du pouvoir

En 1914, Papeete est très tourné vers la mer et est le siège du pouvoir, comme actuellement. Le port est le cœur de la ville. Sur ce dernier point ça n'a pas changé. « En 1914, il y a beaucoup de bateaux qui y passent, beaucoup plus que maintenant », explique l'historienne Marie-Noëlle Frémy. « C'est le seul moyen de communiquer avec le reste du monde. Papeete, c'est le siège du gouverneur, c'est un système colonial. On remarque une présence militaire avec une garnison pas très nombreuse en 1914 et beaucoup de marins. C'est un lieu d'escale. Il y a des bars et donc beaucoup d'alcool. C'est pour ça aussi que ça a bien brûlé lors du bombardement de la ville le 22 septembre 1914. La grande majorité des Polynésiens vit tout autour en auto-subsistance dans une vie tout à fait traditionnelle. »



Le magasin Donald a résisté à l'incendie de 1914

L'emplacement du bloc Donald à gauche après le bombardement du 22 septembre 1914, à droite en 2011. En 1914, le magasin Donald, en ciment armé, a résisté alors que dans ses entrepôts les marchandises se sont enflammés rapidement, note le livre Le Bombardement de Papeete du 22 septembre 1914 et la Grande Guerre dans les EFO.





Pour ceux qui veulent en savoir plus, les murs de la présidence de la Polynésie française accueilleront les panneaux de l’exposition Centenaire 1914-1918 / Poilus tahitiens du 11 novembre au 30 novembre. Dédiée à l’histoire des Tahitiens dans la Grande Guerre, l’exposition se constitue d’une quarantaine de panneaux illustrés relatant avec minutie leur histoire souvent méconnue.

Rédigé par Mélanie Thomas le Vendredi 9 Novembre 2018 à 15:00 | Lu 1469 fois