Préavis de grève à La Dépêche : "On a l’imprimerie avec nous" (CSIP)


PAPEETE, 21 novembre 2017 - Trois préavis placent les sociétés du groupe La Dépêche sous la menace d’une grève à compter de jeudi, 0 heure. Le mouvement de contestation peine à trouver de l’unité en interne ; mais la forte mobilisation des employés de l'imprimerie menace l'édition du quotidien de la Fautaua.

Le coup de force syndical a été manifesté vendredi dernier, sur la base d’une entente entre les centrales CSIP et O Oe To Oe Rima, avec le dépôt dans l’après-midi de préavis dans trois sociétés liées au groupe La Dépêche : la société Centrale tahitienne de distribution (CTD) prestataire pour la distribution, la société Rotative La Dépêche (imprimerie de la Fautaua) et la société éditrice La Dépêche de Tahiti.

A défaut d’accord avec la direction au plus tard ce mercredi, la grève serait déclenchée pour une durée illimitée, dès minuit passé.

Mardi à la mi-journée, aucune réunion de négociation n’avait encore eue lieu. Contacté, Dominique Auroy, le P-dg du groupe de communication, n’a pas souhaité s’exprimer.

"Soucieux de protéger les intérêts et les laissés-pour-compte, de préserver leurs acquis sociaux et l’outil de travail (…) nous déposons par la présente le préavis de grève, seul moyen légal à notre disposition pour porter auprès de la direction générale et des gérants, les revendications légitimes et communes", déclarent les trois préavis en introduction.

Ensuite, selon la société destinataire, entre huit et dix points de revendications sont exposés. Outre des demandes portant sur les conditions de rémunération ou le maintien d’avantages acquis, ils se rejoignent tous sur un point clé : "Non à l’externalisation de l’impression de la Dépêche vers l’imprimerie de Tahiti Infos à compter du 01/12/2017 ; Non à l’externalisation du pôle magazine Tikimag ; Stop à la création de sociétés fantômes pour faire disparaître les salariés par dépôt de bilan".

Mardi plusieurs représentants de la rédaction confirment ne pas être solidaires avec ce mouvement de contestation. Ils accusent l’intersyndicale CSIP-O Oe To Oe Rima d’avoir déclenché tout ça dans leur dos. "Il n’y a eu aucune discussion", nous explique l’un d’eux. "On est écœurés. Dans les points de revendication, il n’y a rien qui nous concerne. Tout ça a été réalisé et signé sans aucune concertation". Malgré tout, sur les 23 employés (journalistes et correcteurs) de la rédaction, 15 pourraient se mettre en grève dès jeudi.

"Je n’ai aucune confiance dans la mobilisation des journalistes", explique pourtant le syndicaliste Cyril Le Gayic, de la CSIP. "Par contre, on a 100 % de l’imprimerie avec nous".

Début novembre, après l’annonce aux délégués du personnel du projet d’externalisation de l’activité d’impression de plusieurs périodiques du groupe, l’unité semblait à portée de main.

A partir de décembre 2017, le groupe La Dépêche envisage en effet d’externaliser l’impression de six éditions par semaine du quotidien La Dépêche de Tahiti, de l’hebdomadaire de petites annonces Le Gratuit de Tahiti et probablement de l’hebdomadaire Tiki Mag. Des discussions sont engagées avec la société Pacific Press détenue par le groupe Moux, propriétaire du quotidien gratuit Tahiti Infos. Ce choix opérationnel, présenté par Dominique Auroy à ses salariés comme économiquement plus intéressant, met en cause l'emploi de 26 personnes, en interne : 15 imprimeurs et 11 monteurs.

De fait, la majorité des monteurs du pôle magazine du groupe (Tiki Mag, Maisons du Fenua, Fenua’Orama…) semble également solidaire avec cette menace de grève : "Il nous fallait taper avant le 1er décembre", justifie l’un d’eux. "Après on n'aurait plus eu moyen de faire pression".

Si la grève devait être déclenchée, le quotidien de la Fautaua devrait pouvoir sortir son numéro de jeudi matin, imprimé la veille. Mais l’édition papier du journal serait rendue impossible dès vendredi.

"De notre côté, on n’a pas eu connaissance du contenu de ces préavis", explique l’un des commerciaux de la Régie publicitaire polynésienne (RPP). "C’est leur façon de faire. Ils envoient des préavis sans demander l’avis du personnel". La vingtaine d’employés de cette autre filiale du groupe La Dépêche chargée de la vente d’espaces publicitaires voit cette menace de grève comme la promesse d’un chiffre d’affaires en berne, au mois de décembre : "on risque d’avoir du mal à joindre les deux bouts, cette année".


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 21 Novembre 2017 à 14:37 | Lu 2770 fois