Poursuivi jusque sur la RDO, un homme rossé pour son portable


En larmes après les réquisitions de prison ferme avec maintien en détention prises par le procureur ce lundi, le jeune voleur en est quitte pour un dernier avertissement.
FAA'A, le 3 juillet 2017 - Les faits ont été commis dans la nuit de vendredi à samedi. Les agresseurs étaient deux. Mais un seul a été interpellé. Le piéton avait attiré l'attention des voleurs parce qu'il s'éclairait à la lumière de son téléphone en l'absence d'éclairage public, vers l'échangeur de Puurai.


Rentrer chez soi en déambulant de nuit le long de la RDO comporte des risques. La circulation, tout d'abord, et les mauvaises rencontres. Un piéton en a fait l'amère expérience dans la nuit de vendredi à samedi dernier. Deux individus lui ont sauté dessus pour lui dérober son téléphone portable. L'homme avait attiré l'attention sur lui… à cause de la lampe de son appareil qu'il utilisait pour trouver son chemin en l'absence d'éclairage public. Déterminés, les deux voleurs l'ont poursuivi jusque sur les voies rapides par lesquelles il pensait leur échapper, du côté de l'échangeur de Puurai. Le malheureux s'est fait rattraper alors qu'il se trouvait sur le terre-plein central.

Rossé, jeté et traîné par terre, il a été blessé aux jambes et plus particulièrement aux genoux. Une incapacité totale de travail de 6 jours lui a été délivrée. Abandonné sur place, et malgré ses appels à l'aide, aucun automobiliste ne s'est arrêté pour lui porter assistance. C'est une patrouille de gendarmerie qui passait par là qui lui portera finalement secours et interpellera dans la foulée l'un des deux suspects en possession du téléphone volé. Son complice court toujours.

"Je veux pas aller en prison"

Placé en détention provisoire en attendant son procès ce lundi en comparution immédiate, le voleur tombé dans les filets des gendarmes a reconnu les faits. Tout en les minimisant. Agé de 19 ans à peine, il a écopé de 8 mois de prison avec sursis sous réserve d'effectuer 140 heures de travail d'intérêt général. Le jeune homme, en pleurs tel un enfant quand le procureur de la République a requis à son encontre une peine autrement plus lourde de 18 mois de prison ferme, a supplié les magistrats de ne pas l'envoyer en prison.

"C'est un jeune majeur, livré à lui-même, accroc au pakalolo et qui subit l'influence des mauvaises fréquentations de son quartier", a plaidé son avocate Me Hayoun, rappelant que son client n'avait pas encore fait l'objet de peines alternatives à la détention. Le jeune homme avait été sanctionné deux fois en 2016, déjà pour des faits de vols, par la justice des mineurs. C'était son premier rendez-vous devant le tribunal des "grands". "Il était arrogant quand je l'ai rencontré ce week-end après son interpellation, ça l'a conduit à Nuutania en attendant le procès. Je vous jure qu'il a changé depuis qu'il a touché du doigt, ne serait-ce que pour une nuit, la réalité de la détention. On a voulu lui voler ses affaires, les rats il les a vus, ça l'a traumatisé, il m'a juré qu'on ne l'y reprendrait plus".

Le tribunal a tenu compte de ce contexte en prononçant une peine de prison avec sursis assortie d'un travail d'intérêt général. Mais il a aussi prévenu : "C'est le dernier avertissement, s'il y a une fois suivante vous risquerez certainement d'aller en prison". La nuit de l'agression, et avant de croiser la route de l'homme au téléphone, le jeune à la dérive avait prévu d'accompagner son complice pour commettre des cambriolages quartier Saint-Hilaire. Le procureur de la République avait justifié la lourdeur de ses réquisitions par la rareté des vols avec violence commis sur la voie publique en Polynésie française : "Il faut faire en sorte que cela demeure minoritaire et cela doit donc être sévèrement réprimé".

Rédigé par Raphaël Pierre le Lundi 3 Juillet 2017 à 16:13 | Lu 15456 fois