Pourquoi partir étudier au Canada ? Témoignage d’un étudiant polynésien


Jordan, Heimana Monvoisin, jeune étudiant polynésien a choisi de quitter le Fenua pour partir étudier au Canada dans le domaine de la Science Politique à L’Université de Montréal. Il nous explique son choix.

Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir Montréal pour poursuivre tes études alors que les conditions climatiques sont très rudes contrairement à la France ?
- Pourquoi Montréal ? Eh bien, avant d’y aller, j’ai fait une année de prépa en France à Paris mais « la vie parisienne » ne m’a pas plu, les conditions sont difficiles, ça change vraiment de la mentalité polynésienne, certains m’ont dit de continuer ailleurs comme à Bordeaux ou Nice mais j’ai préféré partir complètement de France. Je me suis dit : « pourquoi pas le Canada ? » sachant qu’il y a déjà de nombreux polynésiens qui partent faire leurs études là-bas. Il est vrai qu’on m’a traité de « fou » lorsque j’ai choisi Montréal à cause des températures hivernales extrêmes (−40°C) mais sincèrement je ne regrette pas ce choix car les gens sont très sympathiques et une fois bien équipé l’hiver est supportable car à partir de −15°C on ne fait plus vraiment la différence. En plus, la ville de Montréal est très animée que ce soit l’hiver avec le fameux Igloofest ou l’été avec le Piknic Electronik, « pas le temps de niaiser » comme dirait un québécois (expression québécoise : on ne perd pas son temps) ! De plus, les cours universitaires proposés sont très attrayants et il n’est pas étonnant d’avoir pour professeur un diplômé d’Harvard. C’est un peu le « rêve américain » façon canadienne mais en moins cher.

Qu’en est-il du coût des études pour Montréal ?
- Les études sont très abordables contrairement à ce que certaines personnes peuvent dire lorsqu’ils comparent la France au Canada ! Mais on ne peut pas comparer ces deux pays, le système n’est pas du tout le même et de plus nous sommes français donc il est normal que la France soit automatiquement plus abordable. Mais si on compare Los Angeles à Montréal les prix ne sont pas du tout les mêmes ! Par exemple, grâce à une entente franco-canadienne, une année entière à Montréal coûte environ 2 167$ CAD (environ 192 000 francs), au lieu de 15 000$ CAD (environ 1 300 000 francs) si cette entente n’existait pas, alors qu’aux Etats-Unis il faudrait compter au minimum 19 000 $ (environ 1 600 000 francs) pour une année voir plus. D’ailleurs, comme pour la France il existe des bourses que les étudiants peuvent obtenir auprès du pays voir même des bourses d’excellence avec leur université canadienne. Cependant, en plus des 2 167$ CAD pour une année il faudra compter 1 000$ d’assurance maladie car malheureusement la CPS n’a pas encore d’entente avec la sécurité sociale du Québec.

Les étudiants polynésiens au Canada se retrouvent-ils de temps en temps pour faire des activités ?
- Oui, des sorties sont organisées par l’AEPF Canada au moins une fois tous les deux mois comme une sortie ski ou bien une sortie au parc pour faire un barbecue, etc… Mais ce qui est dommage, c’est que notre AEPF Canada vit essentiellement des cotisations annuelles des membres qui acceptent de payer 20$ pour y entrer, contrairement aux AEPF de France, c’est pour cela que nous ne pouvons pas organiser plus de sorties. Il y a eu des tentatives pour obtenir une subvention de la part du pays pour l’AEPF Canada mais malheureusement rien n’a été obtenu. Peut-être qu’avec l’arrivée du nouveau gouvernement on réussira avec la présidente de l’AEPF Canada, Aurélie Felez, à obtenir une subvention en allant voir le ministre de l’éducation ou le président du pays, surtout qu’il y a de plus en plus d’étudiants polynésiens qui débarquent chaque année au Canada.

Pourquoi avoir choisi la Science Politique qui est pourtant un domaine « peu convoité » par les jeunes de nos jours ?
- Il est vrai que la politique en elle-même n’attire pas les jeunes et le contexte politique polynésien n’a pas véritablement aidé à améliorer la vision que les jeunes ont de la politique mais plus à la dégrader à cause notamment de l’instabilité politique que l’on a connue. Peut-être que cela changera avec le retour de la stabilité ! Mais, moi, personnellement, si j’ai choisi de poursuivre des études en Science Politique c’est parce que dès mon enfance j’ai été en contact avec la politique, on peut dire que je suis né dedans car ma mère a travaillé pendant très longtemps avec le gouvernement qui était en place. Mais bon, étudier la Science Politique n’implique pas obligatoirement de faire de la politique. Par exemple, étudier la Science Politique peut très bien déboucher sur une carrière de journaliste étant donné qu’elle touche plusieurs domaines comme le droit ou les statistiques.

Rédigé par () le Lundi 3 Juin 2013 à 15:26 | Lu 4822 fois