Paris, France | AFP | mercredi 25/02/2015 - Des algues et des micro-guêpes pour protéger blé et maïs des maladies : le biocontrôle, alternatif aux pesticides, commence à apparaître timidement pour les céréales, grandes consommatrices de produits chimiques.
Dans le maraîchage ou l'arboriculture, ces méthodes sont déjà largement utilisées: recours à des insectes pour dévorer d'autres ravageurs (coccinelles pour pucerons par exemple) ou à des micro-organismes (bactéries, champignons...) capables de protéger les cultures ou même d'améliorer leur productivité et leur fertilité.
Mais pour les céréales et le colza, il existe très peu de produits, alors que ces grandes cultures utilisent 70% des pesticides employés en France.
En cause, des raisons agronomiques et économiques.
"Il y a une grande différence entre des serres de tomates où on maîtrise la température et l'humidité, et des cultures en plein champ" comme le blé ou l'orge, où les plantes subissent de plein fouet le stress des conditions climatiques, explique Régis Berthelot de l'institut Arvalis.
En outre, en blé "on s'intéresse avant tout au rendement, il faut donc des produits très efficaces et aujourd'hui c'est un peu la limite", reconnaît le spécialiste.
Le risque économique freine les céréaliers. "Si le blé n'est pas sain à la moisson, il est refusé" par les acheteurs, souligne Christophe Grison, agriculteur dans l'Oise.
Malgré ces obstacles, il a décidé de tester le biocontrôle pour aller vers une agriculture plus raisonnée, "mais seulement sur de petites surfaces pour l'instant, car on n'a pas les moyens financiers de se lancer sur plus grand, de prendre le risque de louper des contrats avec Lu ou McDonald's".
L'agriculteur teste un produit à base de laminarine, une algue qui stimule les défenses naturelles de la plante contre les maladies, à l'instar d'un vaccin.
Cette solution se développe rapidement, avec un triplement des surfaces de blé et orge concernées ces deux dernières années. Mais si le produit semble efficace pour la prévention, il atteint ses limites lorsque la plante est vraiment malade.
"L'efficacité du biocontrôle n'est pas encore avérée sur les soins. Il n'y a rien en termes de désherbage ou pour les fongicides", constate Christophe Grison.
Pour le maïs en revanche, les trichogrammes semblent avoir démontré leur efficacité. Ces micro-guêpes s'attaquent aux larves de la pyrale du maïs, un ver redouté des agriculteurs.
Elles sont désormais utilisées sur 120.000 hectares de cultures et représentent un quart des traitements de la pyrale en France, selon l'Association française des entreprises de produits de biocontrôle (IBMA France).
- Axe stratégique -
Le produit le plus utilisé en grandes cultures (sur 300.000 ha) reste le phosphate ferrique, d'origine minérale, qui permet de faire mourir de faim les limaces...
Mais il y a désormais un "très net regain d'intérêt pour les céréales" dans la recherche, sur fond d'intérêt croissant pour le biocontrôle dans son ensemble, assure Régis Berthelot.
Car les réglementations sur les pesticides rendent l'innovation de plus en plus coûteuse. Les fabricants se tournent donc vers le biocontrôle.
Le biocontrôle fait désormais partie "des axes stratégiques de ces entreprises, y compris les grands groupes de chimie", souligne Denis Longevialle, secrétaire général d'IBMA. Bayer CropScience ou Monsanto par exemple, investissent massivement.
Mais le biocontrôle "n'est pas une solution miracle" et ne pourra pas remplacer complètement les produits chimiques pour les maladies les plus coriaces, nuance M. Berthelot, qui plaide plutôt pour une complémentarité entre les deux.
Pour que le biocontrôle soit efficace, il doit aussi être utilisé avec "plus de subtilité" que les pesticides classiquement déversés sur les céréales, ajoute M. Longevialle.
Les céréaliers devront apprendre à observer attentivement leurs champs, à mieux utiliser l'agronomie. Et parfois à perdre du temps.
"Pour les trichogrammes, il faut les déposer plant de maïs par plant de maïs. Il faut deux ou trois personnes pour aller dans le champ. Ce serait plus facile de démarrer le pulvérisateur", reconnaît Christophe Grison, persuadé tout de même que l'avenir est au biocontrôle, à l'image de la voiture électrique.
Dans le maraîchage ou l'arboriculture, ces méthodes sont déjà largement utilisées: recours à des insectes pour dévorer d'autres ravageurs (coccinelles pour pucerons par exemple) ou à des micro-organismes (bactéries, champignons...) capables de protéger les cultures ou même d'améliorer leur productivité et leur fertilité.
Mais pour les céréales et le colza, il existe très peu de produits, alors que ces grandes cultures utilisent 70% des pesticides employés en France.
En cause, des raisons agronomiques et économiques.
"Il y a une grande différence entre des serres de tomates où on maîtrise la température et l'humidité, et des cultures en plein champ" comme le blé ou l'orge, où les plantes subissent de plein fouet le stress des conditions climatiques, explique Régis Berthelot de l'institut Arvalis.
En outre, en blé "on s'intéresse avant tout au rendement, il faut donc des produits très efficaces et aujourd'hui c'est un peu la limite", reconnaît le spécialiste.
Le risque économique freine les céréaliers. "Si le blé n'est pas sain à la moisson, il est refusé" par les acheteurs, souligne Christophe Grison, agriculteur dans l'Oise.
Malgré ces obstacles, il a décidé de tester le biocontrôle pour aller vers une agriculture plus raisonnée, "mais seulement sur de petites surfaces pour l'instant, car on n'a pas les moyens financiers de se lancer sur plus grand, de prendre le risque de louper des contrats avec Lu ou McDonald's".
L'agriculteur teste un produit à base de laminarine, une algue qui stimule les défenses naturelles de la plante contre les maladies, à l'instar d'un vaccin.
Cette solution se développe rapidement, avec un triplement des surfaces de blé et orge concernées ces deux dernières années. Mais si le produit semble efficace pour la prévention, il atteint ses limites lorsque la plante est vraiment malade.
"L'efficacité du biocontrôle n'est pas encore avérée sur les soins. Il n'y a rien en termes de désherbage ou pour les fongicides", constate Christophe Grison.
Pour le maïs en revanche, les trichogrammes semblent avoir démontré leur efficacité. Ces micro-guêpes s'attaquent aux larves de la pyrale du maïs, un ver redouté des agriculteurs.
Elles sont désormais utilisées sur 120.000 hectares de cultures et représentent un quart des traitements de la pyrale en France, selon l'Association française des entreprises de produits de biocontrôle (IBMA France).
- Axe stratégique -
Le produit le plus utilisé en grandes cultures (sur 300.000 ha) reste le phosphate ferrique, d'origine minérale, qui permet de faire mourir de faim les limaces...
Mais il y a désormais un "très net regain d'intérêt pour les céréales" dans la recherche, sur fond d'intérêt croissant pour le biocontrôle dans son ensemble, assure Régis Berthelot.
Car les réglementations sur les pesticides rendent l'innovation de plus en plus coûteuse. Les fabricants se tournent donc vers le biocontrôle.
Le biocontrôle fait désormais partie "des axes stratégiques de ces entreprises, y compris les grands groupes de chimie", souligne Denis Longevialle, secrétaire général d'IBMA. Bayer CropScience ou Monsanto par exemple, investissent massivement.
Mais le biocontrôle "n'est pas une solution miracle" et ne pourra pas remplacer complètement les produits chimiques pour les maladies les plus coriaces, nuance M. Berthelot, qui plaide plutôt pour une complémentarité entre les deux.
Pour que le biocontrôle soit efficace, il doit aussi être utilisé avec "plus de subtilité" que les pesticides classiquement déversés sur les céréales, ajoute M. Longevialle.
Les céréaliers devront apprendre à observer attentivement leurs champs, à mieux utiliser l'agronomie. Et parfois à perdre du temps.
"Pour les trichogrammes, il faut les déposer plant de maïs par plant de maïs. Il faut deux ou trois personnes pour aller dans le champ. Ce serait plus facile de démarrer le pulvérisateur", reconnaît Christophe Grison, persuadé tout de même que l'avenir est au biocontrôle, à l'image de la voiture électrique.