C’est l’une des conclusions du colloque sur les politiques d’aménagement du littoral dans une perspective d’adaptation au changement climatique, organisé pendant une semaine au Sofitel de Tahiti.
A l’issue de dizaines d’heures de discussions qui se sont voulues avant tout pragmatiques, les participants ont réunis leurs propositions dans une déclaration finale qui sera rendue publique ultérieurement.
Agnès Benet, docteur en biologie marine et organisatrice du Forum, résume pour Tahiti Infos les principaux enseignements de ce colloque : entre autres, que le béton ne protège pas contre l’inéluctable montée des eaux à laquelle sera confrontée la Polynésie.
Bien au contraire, c’est un appel à la végétalisation de nos côtes que lancent ces biologistes. Et qu’il n’existe pour l’heure aucune certitude sur le niveau d’élévation de la mer auquel sera confrontée la Polynésie.
A l’issue de dizaines d’heures de discussions qui se sont voulues avant tout pragmatiques, les participants ont réunis leurs propositions dans une déclaration finale qui sera rendue publique ultérieurement.
Agnès Benet, docteur en biologie marine et organisatrice du Forum, résume pour Tahiti Infos les principaux enseignements de ce colloque : entre autres, que le béton ne protège pas contre l’inéluctable montée des eaux à laquelle sera confrontée la Polynésie.
Bien au contraire, c’est un appel à la végétalisation de nos côtes que lancent ces biologistes. Et qu’il n’existe pour l’heure aucune certitude sur le niveau d’élévation de la mer auquel sera confrontée la Polynésie.
Agnès Benet, docteur en biologie marine
Tahiti Infos : Quel est le point à retenir de ces 4 jours de discussions sur les conséquences du changement climatique sur le littoral polynésien ?
Agnès Benet: Ce qui ressort, c’est que le littoral a été beaucoup modifié par l’homme. Les grandes préoccupations des participants sont donc de préparer l’avenir. On croit que la population peut se protéger en construisant des murs sur le littoral : c’est une grave erreur. Déjà parce que la mer monte tout doucement de 3,3 millimètres par an, donc il n’y a pas d’urgence à se barricader. De plus c’est la pire solution, parce que la houle va détruire assez rapidement ces constructions. Enfin les murs augmentent l’érosion du littoral, qui sera d’autant plus vulnérable à l’élévation du niveau de la mer.
Certaines des 118 îles de Polynésie française sont-elles vraiment menacées de disparition d’ici la fin du siècle ?
Les scientifiques peuvent dire à quoi on doit s’attendre pour la fin du siècle, mais avec une certaine incertitude, puisqu’il y a une variabilité régionale. Les paramètres ne sont pas les mêmes en Polynésie qu’en métropole, c’est important de le savoir. Dire que les Tuamotu seront rayés de la carte d’ici la fin du siècle, c’est provocateur, et ça n’a pas été dit une seule fois pendant le forum. Et ce n’est pas du tout à l’ordre du jour. Si la mer montait d’un mètre cinquante en effet, on pourrait le craindre, mais ce n’est pas du tout ce qui est prévu. L’élévation du niveau de la mer a été expliquée par Annie Cazenave, spécialiste de la question en France, et membre du GIEC. Selon elle, le niveau de la mer pourrait monter de 30 cm à 1 mètre en un siècle, mais il reste une grosse incertitude. Un mètre modifierait beaucoup la géomorphologie des côtes, mais au cas par cas, selon les îles. Il est impossible d’être plus précis sur un siècle.
Comment peut-on lutter contre l’érosion des littoraux due à la montée des eaux ?
Selon une étude assez ancienne et assez critiquée, mais qui donne un ordre de grandeur, 1 cm d’élévation du niveau de la mer provoquerait 1 mètre d’érosion. Mais il faut aussi prendre en compte la qualité des sédiments, la pente du littoral, la végétation… C’est pour cela qu’aujourd’hui on travaille plus sur des méthodes vertes pour protéger le littoral de façon naturelle, car les racines retiennent les sédiments. Ici, on a beaucoup défriché. Il faudrait arrêter ça,et remplacer les murs par des végétaux.
Les politiques sont-ils à l’écoute de ces propositions ?
Ils sont à l’écoute, car ils sont quand même à l’origine de ce colloque qui s’est fait avec l’aide du Pays, de l’Etat, de la commission européenne, de l’ONERC (Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique). C’est la preuve que les grandes puissances qui sont demandeuses de solutions, donc je pense qu’ils seront à l’écoute de nos réponses. Les colloques sur les changements climatiques, il y en a plein, mais c’est la première fois qu’un colloque sur l’adaptation est organisé. Aujourd’hui on a conscience qu’on ne peut plus arrêter ce phénomène. Même si on stoppait toutes les usines de la terre, le phénomène serait irréversible, donc il faut s’y préparer et s’adapter.
Quelles autres solutions proposez-vous contre l’érosion ?
Notre message est qu’il faut laisser le littoral à l’Etat naturel. Ce qui est fait est fait, quand on a construit des murs sur les côtes on se posait pas la question, et on ne connaissait pas les connaissances, mais maintenant on peut informer, conseiller les gens. Dans notre déclaration finale, on explique l’importance de la pédagogie et de la communication. Il faut aussi redynamiser le récif frangeant, qui a perdu son action de protection du littoral car il est abîmé et détruit. Or il permet de limiter l’action de la houle sur le littoral et donc de diminuer l’érosion. On peut placer par exemple poser un récif artificiel. Tout est possible, mais après se posera la question du financement.
Agnès Benet: Ce qui ressort, c’est que le littoral a été beaucoup modifié par l’homme. Les grandes préoccupations des participants sont donc de préparer l’avenir. On croit que la population peut se protéger en construisant des murs sur le littoral : c’est une grave erreur. Déjà parce que la mer monte tout doucement de 3,3 millimètres par an, donc il n’y a pas d’urgence à se barricader. De plus c’est la pire solution, parce que la houle va détruire assez rapidement ces constructions. Enfin les murs augmentent l’érosion du littoral, qui sera d’autant plus vulnérable à l’élévation du niveau de la mer.
Certaines des 118 îles de Polynésie française sont-elles vraiment menacées de disparition d’ici la fin du siècle ?
Les scientifiques peuvent dire à quoi on doit s’attendre pour la fin du siècle, mais avec une certaine incertitude, puisqu’il y a une variabilité régionale. Les paramètres ne sont pas les mêmes en Polynésie qu’en métropole, c’est important de le savoir. Dire que les Tuamotu seront rayés de la carte d’ici la fin du siècle, c’est provocateur, et ça n’a pas été dit une seule fois pendant le forum. Et ce n’est pas du tout à l’ordre du jour. Si la mer montait d’un mètre cinquante en effet, on pourrait le craindre, mais ce n’est pas du tout ce qui est prévu. L’élévation du niveau de la mer a été expliquée par Annie Cazenave, spécialiste de la question en France, et membre du GIEC. Selon elle, le niveau de la mer pourrait monter de 30 cm à 1 mètre en un siècle, mais il reste une grosse incertitude. Un mètre modifierait beaucoup la géomorphologie des côtes, mais au cas par cas, selon les îles. Il est impossible d’être plus précis sur un siècle.
Comment peut-on lutter contre l’érosion des littoraux due à la montée des eaux ?
Selon une étude assez ancienne et assez critiquée, mais qui donne un ordre de grandeur, 1 cm d’élévation du niveau de la mer provoquerait 1 mètre d’érosion. Mais il faut aussi prendre en compte la qualité des sédiments, la pente du littoral, la végétation… C’est pour cela qu’aujourd’hui on travaille plus sur des méthodes vertes pour protéger le littoral de façon naturelle, car les racines retiennent les sédiments. Ici, on a beaucoup défriché. Il faudrait arrêter ça,et remplacer les murs par des végétaux.
Les politiques sont-ils à l’écoute de ces propositions ?
Ils sont à l’écoute, car ils sont quand même à l’origine de ce colloque qui s’est fait avec l’aide du Pays, de l’Etat, de la commission européenne, de l’ONERC (Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique). C’est la preuve que les grandes puissances qui sont demandeuses de solutions, donc je pense qu’ils seront à l’écoute de nos réponses. Les colloques sur les changements climatiques, il y en a plein, mais c’est la première fois qu’un colloque sur l’adaptation est organisé. Aujourd’hui on a conscience qu’on ne peut plus arrêter ce phénomène. Même si on stoppait toutes les usines de la terre, le phénomène serait irréversible, donc il faut s’y préparer et s’adapter.
Quelles autres solutions proposez-vous contre l’érosion ?
Notre message est qu’il faut laisser le littoral à l’Etat naturel. Ce qui est fait est fait, quand on a construit des murs sur les côtes on se posait pas la question, et on ne connaissait pas les connaissances, mais maintenant on peut informer, conseiller les gens. Dans notre déclaration finale, on explique l’importance de la pédagogie et de la communication. Il faut aussi redynamiser le récif frangeant, qui a perdu son action de protection du littoral car il est abîmé et détruit. Or il permet de limiter l’action de la houle sur le littoral et donc de diminuer l’érosion. On peut placer par exemple poser un récif artificiel. Tout est possible, mais après se posera la question du financement.