Pour le Tavini, "le chef Pakoko retrouve ses lettres de noblesse"


Dans un communiqué, le Tavini no te Henua Enana rend hommage au chef Pakoko, un guerrier marquisien qui s'opposa aux forces françaises en 1842:

"Nuku Hiva célèbre la mémoire du chef Pakoko

Après 168 ans d’amnésie et d’autocensure, le nom du chef Pakoko retrouve ses lettres de noblesse. Ce lundi 21 mars 2011, pour la deuxième fois, le Tavini no te Henua Enana a brisé les chaînes de l’oubli et rendu hommage à ce grand guerrier qui a eu l’audace de s’opposer à la présence de l’armée française. Plus de 100 personnes ont défilé à Taiohae sur l’île de Nuku Hiva dans une ambiance solennelle.

Contrairement à l’idée selon laquelle la Polynésie s’est donnée à la France», il y eut dans tous les archipels des mouvements de résistances, à commencer par l’archipel des Marquises. Tous ces actes isolés montrent que la présence française n’a jamais été acceptée spontanément et que la menace ou la force se sont avérées chaque fois nécessaires. L’invasion coloniale française de la Polynésie serait qualifiée de nos jours de terrorisme d’Etat.

Les Marquises n’ont aucun monument qui raconte leur passé, pas de stèle pour nos ancêtres. Les seuls qui existent rendent hommage à des étrangers venus pour conquérir. Voici les inscriptions de ces stèles :
- A Tahuata : « Ici gît Halley, capitaine de corvette, officier de la légion d’honneur, fondateur de la colonie de Vaitahu. Mort au champ d’honneur le 17. 7. 1842. » ;
- A Nuku Hiva : « À la mémoire des officiers marins et soldats français morts au champ d’honneur ».
Ces stèles sont éclairées la nuit.

Quand allons-nous bâtir des stèles et des monuments pour nos ancêtres ? Nous avons aussi l’avenue Dupetit-Thouars pour désigner le chemin qui longe la baie de Taiohae. Comment pouvons-nous encore accepter aujourd’hui cela ? Nous avons des ancêtres illustres tels que Pakoko, Temoana, Vaekehu, Kiatonui, …
Imagine-t-on que dans un village français, on aurait l’audace de donner le nom d’un officier allemand à une rue où des guerres violentes ont eu lieu entre Français et Allemands ? Cela serait indigne là-bas comme cela est indigne ici. Nous devons changer le nom de cette avenue comme on l’a fait pour l’avenue Pouvanaa à Papeete, c’est une question de dignité et d’honnêteté.

Cela est très important pour nos jeunes, ils doivent savoir qu’il y avait et qu’il y a encore un peuple sur cette terre. Ce patrimoine historique doit aussi être mis en valeur pour le tourisme. Les touristes viennent ici pour voir des référents étrangers, c’est absurde ! Au Sud, c’est Gauguin et Jacques Brel et les marquisiens ? Quand allons nous parler de nos ancêtres car ce sont eux qui ont construit ce pays depuis la nuit des temps, les autres n’étaient que de passage. Nous sommes en 2011, l’histoire des Marquises doit retrouver sa place.

Cela fait 168 ans, depuis le 17 septembre 1842 que nous nous infligeons l’autocensure de notre histoire. Nos ancêtres ont donné leur vie contre l’armée française pour préserver notre terre et nous n’osons pas en parler.
Notre histoire est notre richesse. Pour construire l’avenir, nous devons connaître le passé."

Tavini no te Henua Enana



Rédigé par communiqué du TAVINI le Lundi 4 Avril 2011 à 16:55 | Lu 1564 fois