Pour Jacky Bryant, le virage culturel de City au Tahara’a est “grotesque et ridicule”


Jacky Bryant, adjoint à la commune de Arue et président de Heiura-Les Verts. Photo : Greg Boissy
Tahiti, le 20 janvier 2023- “Grotesque et ridicule”. Ce sont les mots de Jacky Bryant, à propos de l’annonce du nouveau “consultant culturel” du groupe city dans leur projet du Tahara’a. Le président de Heiura-Les Verts est également revenu sur les dangers potentiels qu’une telle construction pourrait avoir sur l’environnement.
 
Jeudi, le groupe City présentait en conférence de presse son nouveau “consultant culturel” pour le projet de complexe hôtelier du Tahara’a : Tunui Salmon, un artiste plasticien également descendant de la lignée des Pomare. L’occasion aussi pour le promoteur immobilier d’annoncer l’inclusion d’un musée de 2 000 mètres carrés et d’une grande statue de Pomare 1er, dans le futur complexe hôtelier. Interrogé à propos de ce soudain virage culturel pris par le projet, Teiva Raffin, représentant local du groupe City, a nié avoir adjoint cette orientation nouvelle au programme immobilier du Tahara’a afin de donner le change aux protestations exprimées il y a six mois par des riverains et diverses associations culturelles ou de protection de l’environnement.

Dénégation qui ne convainc pas Jacky Bryant. Loin de là. Le président de Heiura-Les Verts et élu à la mairie de Arue a réagi vendredi en qualifiant cette manœuvre de “grotesque et ridicule” : “Ce projet de musée et de statue, c’est bien sûr de la poudre aux yeux. C’est une façon de procéder déplorable mais également un mépris total des membres de la mairie et des habitants d’Arue”, estime-t-il en regardant tout cela comme étant “bien évidemment une opération de communication, visant à amadouer les personnes réfractaires à cette construction. Depuis quand une statue et un musée justifieraient l’édification d’un hôtel ?” Jacky Bryant annonce également avoir “réaffirmé sa position au gouvernement la semaine dernière”, lors d’une commission spéciale.
 
“On détruit nos richesses naturelles pour les intérêts d’un groupe immobilier”
 
Parmi les arguments des opposants au projet du Tahara’a, ce sont les conséquences environnementales désastreuses et notamment la gestion des eaux usées, qui posent le plus problème. Le président de Heihura-Les verts le martèle : “La gestion des ressources en eaux et de leur traitement par la suite, sont désastreux. […] Rien que pour la construction, 90 000 litres d’eau, soit 90 camions-citernes, par jour sont nécessaires. Produire autant tirera trop sur nos nappes phréatiques et si on continue à les assécher, on va devoir faire comme à Bora Bora et boire de l’eau osmosée et ce n’est pas ce que je souhaite pour les Tahitiens”. En outre, c’est le traitement des eaux usées, après leur utilisation, qui sera délicat, estime-t-il : “Le groupe City a proposé d’en traiter la moitié, mais tout le reste sera donc rejeté dans l’océan. Et qui plus est, dans un spot de plongée prisé et somptueux. On détruit nos richesses naturelles pour les intérêts d’un groupe immobilier”.

L’homme politique évoque également ce qu'il estime un manque de réflexion dans ce projet sur les “énergies renouvelables” et notamment du photovoltaïque. Le groupe City espère quant à lui obtenir son permis de construire le plus rapidement possible pour commencer les travaux en début d’année prochaine.

Rédigé par Thibault Segalard le Vendredi 20 Janvier 2023 à 14:48 | Lu 3838 fois