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Population en Polynésie française : 7 750 «personnes en moins», qui sont-elles ?


PAPEETE, mercredi 22 janvier 2014. Le recensement général de la population de 2012 a fait apparaître un déficit migratoire de 7 750 personnes par rapport aux donnés précédentes disponibles datant de 2007. Qui sont ces 7750 personnes qui ont en cinq ans «quitté» la Polynésie ? C’est à cette question que répond la première étude Points Forts de l’année 2014 publiée ce mercredi par l’Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF). En effet, le recensement de la population en 2012 a fait apparaître un déficit migratoire important et nouveau sur le territoire. «Le solde migratoire global de la Polynésie française peut être estimé à – 1 550 personnes par an entre 2007 et 2012, en forte baisse par rapport à la valeur annuelle moyenne de 2002-2007 (- 229 personnes par an), et bien loin des soldes migratoires apparents positifs des années 1996-2002 (+ 400 personnes par an)».

Il ressort des analyses menées par l’ISPF, que «en moyenne annuelle, ce sont 3 650 personnes qui ont émigré hors de la Polynésie française et 2 100 personnes qui sont venues s’y installer. Une augmentation de 25% du nombre des départs conjuguée à un ralentissement de même ampleur du nombre d’arrivées explique qu’un tel déficit migratoire n’avait jamais été observé ces 30 dernières années». L’ISPF relève qu’entre 2007 et 2012, ceux qui quittent la Polynésie sont à la fois des jeunes «près d’un émigrant sur cinq est un jeune âgé de moins de 25 ans» mais aussi des retraités, puisque «les migrants âgés de 60 ans sont aussi plus nombreux à quitter la Polynésie française». Il semble donc que le profil type principal de celui qui quitte le territoire ne soit pas une personne active. Autre précision d’importance de l’étude menée par l’ISPF sur ce déficit migratoire, «même si la baisse du nombre d’immigrants est importante, elle demeure nuancée entre immigrants natifs qui reviennent plus nombreux et les non natifs dont les arrivées en Polynésie française reculent».

Les motifs de départ ou d’arrivée en Polynésie française sont divers. Chez les 20-29 ans qui concentrent 29% des départs observés entre 2007 et 2012, cela peut s’expliquer par «la poursuite d’études, la recherche de travail et le choix d’une carrière militaire». Pour les plus de 60 ans, «la réforme des retraites en Outre-mer, l’instabilité politique, le sentiment d’insécurité, l’importance de la crise économique, locale et mondiale, la concurrence de zones plus attractives, sont autant d’explications possibles» à leur départ plus prononcé qu’auparavant du territoire. «Pour les autres tranches d’âges, le retour dans leur pays d’anciens migrants (fonctionnaires de l’État, militaires), la migration pour trouver un emploi, la présence d’une zone plus dynamique comme la Nouvelle-Calédonie peuvent aussi être des éléments explicatifs de cet exode sans précédent des résidents de 2007».

Entre 2007 et 2012, les nouveaux arrivants représentent 4% de la population totale polynésienne. «L’immigration provient en grande majorité de France métropolitaine, avec 79 % des arrivants qui habitaient en France cinq ans auparavant. Ils sont 9 % à venir de l’étranger mais sont de nationalité française pour 60 % d’entre eux». On retrouve les immigrants dans chaque archipel de Polynésie française, mais ils sont 84 % à s’établir aux Îles Du Vent où ils représentent 4 % de la population alors qu’ils sont deux fois moins nombreux dans les archipels des Tuamotu-Gambier et des Marquises. Le choix du lieu d’installation est principalement dicté par des considérations professionnelles ou
économiques. Les archipels des Australes et des Marquises ont comme particularité d’être les plus attractifs pour les immigrants natifs. Ils y représentent 19 % des arrivées, pour 15 % dans les Îles Du Vent et 11 % aux Tuamotu-Gambier.

Pour lire l'étude complète de l'ISPF sur le solde migratoire issu du recensement de la population en 2012, CLIQUER ICI

Profil type de l’immigrant en Polynésie française : une personne en âge de travailler et diplômée

Des immigrants en âge de travailler. La population nouvellement arrivée est différente de la population résidente présente en 2007 en Polynésie française, au regard des classes d’âges. Les principales différences concernent les scolaires (- 20 ans) et les seniors (plus de 60 ans). Ainsi les moins de 20 ans représentent un quart de la population immigrante. De la même façon, la part des plus de 60 ans est deux fois plus importante chez les résidents que pour les nouveaux arrivants.
A contrario, la classe d’âges active est surreprésentée chez les immigrants. Ce phénomène est très
marqué chez les immigrants originaires de Métropole. Ils sont, pour une grande majorité, âgés entre
20 et 60 ans. Les plus de 60 ans ne représentent que 5 % des effectifs.

Des immigrants diplômés. Sur les 10 650 immigrants arrivés en Polynésie française entre 2007 et 2012, 18 % d’entre eux sont âgés de moins de 14 ans et poursuivent leur cursus scolaire. Chez les 14 ans et plus, 62 % ont suivi des études supérieures au baccalauréat alors que ce n’est le cas que pour 16 % de la population résidente présente en Polynésie française en 2007.
La part d’immigrants diplômés du supérieur en Polynésie française ne cesse de progresser depuis 30 ans. Alors qu’ils ne représentaient que 22 % des nouveaux arrivants entre 1983 et 1988, leur part s’élevait à 38 % en 1996 et ils représentaient déjà 57 % des immigrants arrivés entre 2002 et 2007. Or, ces immigrants formés vont trouver du travail ou s’installent en Polynésie française parce qu’ils ont trouvé un travail sur le territoire. Cela ressort très bien de l’analyse faite par l’ISPF. Ainsi alors que la crise économique mondiale a affecté le marché du travail polynésien entre 2007 et 2012 avec un taux de chômage qui a quasiment doublé dans l’intervalle (de 11,7 à 21,8% avec 25 000 chômeurs comptabilisés fin 2012), le taux d’activité de la population immigrante est de 70,7%. «Il est en hausse de 0,9 point par rapport à la période précédente et reste 15 points plus élevé que celui observé dans la population résidente».

Des immigrants moins touchés par le chômage. Il ressort encore de l’étude menée par l’ISPF que le taux de chômage est trois fois plus faible chez les immigrants, «Le taux de chômage est ainsi de 7,5 % chez les immigrants contre 22,6 % dans la population résidente. Ainsi sur les 6 100 immigrants actifs à être venus en Polynésie française entre 2007 et 2012, ils sont 92,5 % à travailler pour 77,4 % dans la population résidente». En volume cependant, alors que la Polynésie française accueillait 1 550 immigrants actifs en moyenne annuelle entre 2002 et 2007, ce chiffre s’est réduit à 1 200 depuis 2007. Nouveauté encore importante entre 2007 et 2012, les immigrants sont majoritairement salariés du secteur public, «ainsi sur les 5 600 actifs immigrants qui travaillent, 53 % d’entre eux sont des salariés du secteur public alors que ce type d’emploi ne représente que 25 % des postes occupés par les résidents et 33 % de ceux occupés par les natifs immigrants».

Rédigé par Etude ISPF le Mercredi 22 Janvier 2014 à 15:17 | Lu 4188 fois