Polémique surf international à Sapinus : La réponse du collectif tahitien en vidéo, interview avec un des coproducteurs, le Hawaiien Eric Schnitzler


Mardi 24 septembre 2013. On se souvient de cette vidéo provocatrice du Hawaïen Dave Wassel qui, tout en aiguisant un grand couteau, déplore de s’être fait griller la priorité sur une vague géante à Sapinus par le body-boardeur John Duval.

Cette vidéo avait crée une levée de boucliers à travers les réseaux sociaux. En dehors des règles de priorité sur lesquelles maintes discussions sont possibles, Dave Wassel, ayant payé pour surfer ce jour là, n’avait pas partagé les vagues.

Un collectif local avait annoncé la préparation d’une réponse. La vidéo a été finalement publiée aujourd’hui. John y donne sa version des faits, une version où il explique qu’après une heure d’attente, excédé, il a pris cette vague où Dave se trouvait et qu’après la chute il s’est retrouvé en grande difficulté à deux doigts de la noyade, sans être secouru par le jet ski qui aurait pourtant pu le sortir de ce mauvais pas.

D’autres comme David Tuarau, Alvino Tupuai, Nicolas Richard ou Tahurai Henry prennent également la parole pour évoquer l’esprit de partage, la nécessité de respecter la gentillesse locale ou encore pour mettre en garde par rapport à certaines règles à respecter. La vidéo terminant par l’intervention d’Heiarii Williams, local de la pointe des pêcheurs, qui conclut par ‘Dave, tu ne peux plus revenir à dans ce spot’.

Nous avons contacté Eric Schnitzler de ‘Within films’ qui a bien voulu accorder une interview à Tahiti Infos. Eric, ce grand et doux gaillard à la chevelure blonde est présent sur les spots de Tahiti depuis quelques années, filmant par passion et toujours disponible pour donner ses images aux surfeurs ou bodyboardeurs immortalisés dans leurs exploits.

Il a été également à l’origine de podcasts produits par son entité de production ‘Within films’ qui ont très bien fonctionné sur internet participant activement à la renommée et à l’accès à des contrats de sponsoring de certains bodyboardeurs locaux comme Tahurai Henry par exemple.

Tu peux te presenter ?

“Cela fait six ans que je suis à Tahiti. Je viens de Hawaii et j’ai rencontré une fille de Tahiti avec qui je me suis marié. J’ai vu en arrivant ici qu’il y avait beaucoup de talents locaux, notamment en bodyboard, en surf donc j’ai commence à les filmer. J’ai vraiment commencé à apprécier faire toutes ces images sur le surf à Tahiti. Je voulais qu’ils soient reconnus au niveau international, j’ai été très content d’y participer.”

Tu peux me parler de la spécificité d’internet, de cette nouvelle façon de produire des films à format courts, ces podcasts ?

“Un podcast est effectivement une vidéo courte. On s’aperçoit que les podcasts deviennent plus usités que les ‘vrais films’, tout passe par internet de nos jours, c’est un outils très puissant. C’est un moyen pratique et bon marché d’envoyer un message au monde entier, relayé par les partages sur les réseaux sociaux.”

Pour revenir à cette histoire de Dave Wassel qui est Hawaïen comme toi, que peux tu me dire ?

“Je viens effectivement d’Hawaii mais je n’aime pas voir des gens qui viennent de Hawaii où d’ailleurs, venir ici et manquer de respect aux locaux car les tahitiens sont très humbles et amicaux. Quand tu viens surfer ici à Tahiti, ils viennent te serrer la main, je pense qu’ils méritent le respect. J’étais là ce jour là en train de filmer à Sapinus, j’ai vu ce que Dave faisait et cela m’a dérangé. Dans un sens, ce n’est pas bon pour d’autres Hawaïens, car cela ne leur donne pas une bonne image. Il représente Hawaii, cela peut engendrer de la tension envers Hawaii, les surfeurs peuvent se dire ‘les Hawaïens sont comme ça’.”

Il ne s’agit pas d’une guerre mais d’un message de demande de considération?

“Ce n’est pas une guerre entre surfeurs et bodyboardeurs, entre ceux qui prennent à la rame et ceux qui font du tow-in, ni une guerre entre Tahiti et Hawaii, cela n’a rien d’une guerre. On ne parle ici que de respect. C’est avec le respect que l’on obtient du respect, ‘faatura, you know.’ Tout simplement.
C’est pour cela que l’on a fait cette vidéo. J’ai vécu ici assez longtemps pour voir la culture tahitienne et voir le fait que les tahitiens sont des gens très respectueux, ils ont besoin de respect également. J’ai donc rejoint un collectif, ce n’est pas moi tout seul, il y a l’aide de Haumaru, Sapinus Prone, Matarai et Maitairoa qui ont travaillé sur ce projet et qui ont pensé qu’un message devait être envoyé pour ne pas que cela se reproduise. Je n’aime pas voir arriver des gens ‘profiter’ de la culture tahitienne, cela ne peut plus être.”

SB

Rédigé par () le Mardi 24 Septembre 2013 à 15:38 | Lu 106 fois