Polémique EDT : Nuihau Laurey attaque Valentina Cross pour diffamation


Valentina Cross et Nuihau Laurey, le 26 avril dernier sur le plateau de l'émission radiophonique A vous la parole.
PAPEETE, 23 mai 2016 - La représentante souverainiste Valentina Cross fait l’objet de trois citations directes en correctionnelle pour "diffamation envers un citoyen en charge d’un mandat public" à la demande de Nuihau Laurey. Une audience est programmée le 26 juillet prochain.

Lors d’un face-à-face télévisé sur Première, le 25 avril dernier, la représentante Union pour la démocratie (UPLD) Valentina Cross avait accusé publiquement la société EDT Engie d’escroquerie et de tentative de corruption et Nuihau Laurey de s’être rendu coupable d’un délit de favoritisme envers l’électricien en pesant, par divers aménagements de la convention de service public, dans les affaires de Secosud pour soutenir le concessionnaire EDT. Ce débat particulièrement virulent avec le ministre en charge des énergies s’était poursuivi le lendemain avec une confrontation du même ordre lors de l’émission "A vous la parole" sur Radio 1.

Suite à ces échanges publics houleux, le vice-président avait annoncé le dépôt d’une plainte pour diffamation envers son accusatrice. Valentina Cross se trouve finalement visée depuis lundi par trois citations directes en correctionnelle pour "diffamation envers un citoyen en charge d’un mandat public" à la demande de Nuihau Laurey. Ces convocations en justice s'intéressent aux débats publics sur Première et Radio 1 mais également aux diverses publication faites par l'élue souverainiste sur Facebook, dans le forum "Unis pour une éléctricité juste en Polynésie".

La première audience contradictoire devant le tribunal de grande instance de Papeete a été fixée au 26 juillet prochain.

La notification a été signifiée à l’élue souverainiste par voie d’huissier, lundi en début de matinée. Contactée dans la matinée Valentina Cross s’est dite "surprise d’avoir appris tout ça par la presse" bien avant le passage de l’huissier, lundi matin. Le quotidien La Dépêche de Tahiti consacre en effet un entrefilet à cette procédure pour diffamation dans son édition de lundi.

Dans l’après-midi Valentina Cross est revenue sur cette affaire en réaffirmant ses accusations à l’encontre de Nuihau Laurey et de la société EDT Engie : "Ce sont des méthodes qui ne m’impressionnent pas du tout", a-t-elle réagi à propos des trois citations directes. "Je suis au regret de constater que M. le vice-président, qui est sensé représenter et défendre l’intérêt général de la population, se comporte en véritable marionnette de cette multinationale qui conspire délibérément contre les polynésiens avec son aide. Il pourra me faire dix, vingt, trente citations directes… Si son objectif est de me faire taire, non seulement je ne vais pas me taire mais ça me conforte encore plus. Je suis complètement dans mon rôle d’élue. Des gens ont un jour mis leur bulletin dans l’urne. Et ça c’est quelque chose de sacré. Alors si M. Nuihau Laurey a envie de défendre une multinationale qui spolie la population, c’est son choix. Moi, je suis fière de faire ce que je fais et pour quoi j’ai été élue".

Contrairement à l'action judiciaire susceptible d'être consécutive à une plainte, la citation directe présente l'avantage d'une procédure courte et simple. La partie civile qui décide d’y recourir a la possibilité de saisir directement le tribunal en informant la personne poursuivie des lieu et date de l'audience. L'auteur présumé de l'infraction se voit ainsi convoqué à une audience sans qu’il y ait besoin d’accomplir la phase d'enquête préalable. En revanche, si le recours à cette procédure s'avère abusif le tribunal peut condamner la partie civile à payer une amende pouvant aller 1,8 million Fcfp.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 23 Mai 2016 à 16:38 | Lu 4344 fois