Plus petits, plus légers, plus modernes : coup de neuf sur les tōta


Tahiti, le 30 novembre 2020 - Après les billets, c'est au tour des pièces de s'offrir une cure de jouvence et de s'aligner sur les standards internationaux. Plus légères, plus petites et plus modernes, les unités de la nouvelle gamme seront déployées le 1er septembre 2021, avec en tête d'affiche une nouvelle valeur : la pièce de 200 Fcfp. Exit en revanche les tōta de 1 et de 2 Fcfp, de moins en moins utilisées.

Epaisses et encombrantes, elles ont pourtant le don d'amuser les touristes habitués à des devises plus sveltes. Plus de 70 ans après leur apparition en Polynésie, les pièces de monnaie ont bien mérité un petit rafraîchissement. Introduites pour la première fois en 1949, les pièces de 1, 2, 5 et 10 Fcfp, suivies des pièces de 20, 50 et 100 Fcfp dans les années 60 - 70, laisseront la place dès le 1er septembre à une nouvelle gamme, plus petite, plus légère, et plus "design". L'annonce de l'IEOM ce matin dans un communiqué de presse donne le top départ d'une campagne de communication avec l'agence polynésienne Exotic garden.

Un chantier qui s'inscrit dans le prolongement des nouveaux billets lancés en 2014 sur les trois collectivités françaises en Océanie (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et les îles Wallis-et-Futuna). A l'instar des billets, la nouvelle gamme de pièces se veut plus pratique, avec l'ambition de s'aligner sur les standarts internationaux et de réduire la quantité de monnaie en circulation, comme c'est le cas des 1 et 2 Fcfp, de moins en moins sollicités.

"Elles ne circulent plus, donc elle ne reviennent plus à nos guichets, les gens les gardent quelque part chez eux dans des bocaux, dans leur voiture, mais elles finissent aussi dans la nature." déplore Fabrice Dufresne, directeur de l'IEOM. En témoigne les pénuries en début d'année chez les commerçants. Des tōta dont la fabrication, le transport et la mise en circulation ont également un coût. "L'objectif de cette campagne, c'est aussi de sensibiliser le grand public au retrait de ces pièces" souligne le directeur.

61% des pièces en circulation sont des 1 et 2 Fcfp

Au 31 décembre 2019, 221 millions d’unités circulent en Polynésie selon le rapport d'activité de l'IEOM, pour une valeur de 2,6 milliards de Fcfp. Très peu reversées au guichet, les plus petites valeurs faciales (1 et 2 Fcfp) totalisent 61% des pièces en circulation, soit 132 millions d'unités. "Nous estimons un taux de retour de 50%, soit près de 70 millions de pièces qui seront échangées, récupérées et rapatriées via l’agence IEOM auprès de la Monnaie de Paris pour être refondues et pour récupérer le métal", précise Fabrice Dufresne. "Non seulement les gens ne les utilisent plus, mais elles sont aussi plus polluantes" du fait notamment de leur composition en nickel, en magnésium ou en aluminium. Le nouvel alliage contiendra ainsi plus de cuivre, un métal qui serait "plus respectueux de l’environnement."

Diamètre, épaisseur, alliage et poids : "Les caractéristiques techniques ont également été fixées de manière à faciliter la reconnaissance de chaque pièce", note l'IEOM. Plus on progresse dans la valeur faciale, plus le diamètre augmente pour les pièces de même alliage, c'est-à-dire "argenté ou jaune". La nouvelle pièce de 50 francs sera donc plus légère que la pièce de 100 francs.  
Toujours fabriquées par la Monnaie de Paris, elles pourront être manipulées par les malvoyants puisqu'elles présenteront sur les flancs des parties lisses et des parties cannelées perceptibles au toucher, à l'instar des euros.

Premier jet de 16 millions de nouvelles unités

Mais la star de cette nouvelle gamme, c'est incontestablement la pièce de 200 Fcfp. Jaune doré à l'intérieur, argentée à l'extérieur, elle évoque à s'y méprendre la pièce de 2 euros. Consulté par le conseil de surveillance de l'IEOM, tout comme ses homologues de Calédonie et de Wallis, le gouvernement polynésien est lui-même à l'origine de cette idée de création d'une nouvelle valeur.

Très utilisée, la pièce de 100 Fcfp ne va pas pour autant disparaître. Dès le 1er septembre, un premier jet de 16 millions de nouvelles unités, toutes coupures confondues, seront mises en circulation. Les transporteurs de fonds ne délivreront que des pièces de la nouvelle gamme. S'ouvrira dès lors une période de double circulation sur neuf mois, avec un retrait progressif des anciennes devises qui seront remplacées par les nouvelles. "Ce sera une phase importante, il faudra que les particuliers privilégient les nouvelles pièces", ajoute le directeur.

Reconnaissance électronique des distributeurs

D'où l'avance considérable sur l'échéance de la mise en circulation. Soit neuf mois pour "informer le plus tôt possible et de la façon la plus large" les particuliers, les commerçants, les entreprises et les administrations. "Les machines devront accepter à la fois les nouvelles et les anciennes gammes", explicite Fabrice Dufresne. La reconnaissance électronique des distributeurs de boissons ou des bornes de stationnement devra être programmée pour identifier les nouvelles pièces.
 
"Sachant que la plupart de ces appareils proviennent de métropole, nous avons déjà pris l'attache de ces entreprises par l'intermédiaire de la Monnaie de Paris pour qu'ils sensibilisent les fabricants sur ces machines", argumente le directeur. "On ne va pas attendre la communication pour leur donner le diamètre, l'épaisseur et toutes les spécifications nécessaires pour adapter leur machine." En local, l'institut s'est entouré de la société de communication polynésienne Exotic garden pour commencer à sensibiliser les acteurs de la filière fiduciaire et les monnayeurs.
 
Enfin, la nouvelle gamme de pièces reprendra les signes identitaires des trois collectivités du Pacifique qui figurent sur la gamme actuelle de billets. Ainsi chaque pièce se distinguera par un signe différent : la fleur de tiare, le napoléon, les oiseaux, l'habitat et la culture symbolisée par le va'a pour illustrer notamment la pièce de 200 Fcfp.
 

Rédigé par Esther Cunéo le Lundi 30 Novembre 2020 à 17:28 | Lu 15163 fois