La cour des comptes vient de publier un rapport sur les domaines de l'enseignement et la recherche dans les outre-mer. En Polynésie, l'université est davantage positionnée vers la formation que vers la recherche. crédit photo UPF
Tahiti, le 12 novembre 2024 - La Cour des comptes vient de publier son rapport sur l'enseignement supérieur et la recherche dans les Outre-mer entre 2018 et 2024, et notamment en Polynésie française. Même si ces domaines relèvent de la compétence de l'État, le Pays a sa carte à jouer pour adapter l'offre de formations à ses besoins. Une offre qui s'est d'ailleurs diversifiée et développée depuis les années 2000, au détriment, en revanche, de la recherche qui se retrouve sans grande surprise reléguée au second plan.
Avant toute chose il est important de rappeler, au regard de notre statut d'autonomie unique en son genre, que l'enseignement et la recherche sont deux domaines qui relèvent de la compétence de l'État. Le Pays, de son côté, est compétent en matière d'enseignement non universitaire, et peut aussi organiser ses propres filières de formations et ses propres services de recherche.
Autrement dit, même s'il s'agit d'une compétence d'État, le Pays a un rôle clé à jouer pour mettre en adéquation ces formations avec les besoins du tissu économique local. C'est ainsi que selon une étude réalisée par le service de l'emploi (Sefi), “les deux principaux secteurs identifiés sont la construction et la santé”. Le rapport de la Cour des comptes sur l'enseignement supérieur et la recherche dans les Outre-mer entre 2018 et 2024 rappelle qu'en ce sens, le Pays finance des “bourses majorées”, et que l'apprentissage est également un levier intéressant pour “répondre aux besoins de formations dans les secteurs en tension”.
Petite particularité du Fenua, il y a davantage de bacheliers professionnels (40%) que de bacheliers généraux (35%), sachant que ces derniers sont par ailleurs moins nombreux qu'en métropole (50%). Logiquement, ils sont donc aussi moins nombreux à poursuivre leurs études. Il n'en demeure pas moins que les départs d'étudiants vers l'Hexagone sont en hausse de 26% sur la période concernée. La Cour des comptes évoque également des départs vers les États-Unis, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande, qui sont cependant difficilement quantifiables. Ils sont 4 800 étudiants à rester étudier au Fenua, répartis sur dix sites de formation, et sachant que l'Université de la Polynésie française (UPF) concentre la majorité d'entre eux (3 079 étudiants accueillis à la rentrée 2023).
Peut mieux faire
Pourtant, l'offre de formation s'est beaucoup développée ces 24 dernières années en Polynésie, avec en plus des formations dispensées à l'université, l'ouverture de dix sections de techniciens supérieurs (STS), de trois classes préparatoires aux grandes écoles (CGPE), mais aussi avec l'Isepp (Institut supérieur de l'enseignement privé) et l'école de commerce de la CCISM. Et comme le relève la Cour des comptes, cette offre étant concentrée sur Tahiti, “l'enjeu de son accessibilité” est essentiel. Il a commencé à trouver une réponse avec les campus connectés mis en place depuis 2021, dont l'ambition est de couvrir l'ensemble des archipels. Force est malheureusement de constater qu'il y a des “abandons ou des réorientations en cours d'année”.
Le rapport de la Cour des comptes souligne néanmoins le “pilotage satisfaisant” de cette offre de formations pluridisciplinaires.
Petit bémol en revanche concernant la recherche qui s'articule autour de l'UPF, laquelle est davantage tournée vers la formation. Mais des progrès ont déjà pu être faits grâce à la structuration récente entre les acteurs du secteur via le consortium Resipol (régi par une convention entre l'UPF, le CNRS, l'IRD, l'Ifremer et, plus récemment (depuis 2019), avec l'université de Berkeley) mais aussi, sur le plan local, avec l'institut Louis-Malardé. Une coopération mieux structurée mais insuffisante au regard de la production scientifique qui manque encore de visibilité “à l'échelle internationale malgré un potentiel élevé”, note la Cour des comptes. Les perspectives sont toutefois encourageantes dans ce domaine, notamment grâce à la construction, il y a deux ans, d'un bâtiment dédié à la recherche au sein de l'université. Il permet d'attirer de nouveaux profils avec des enseignants-chercheurs qui apportent d'autres outils et méthodes de travail.
Là encore, le Pays a un rôle à jouer – même si cela ne relève pas de sa compétence – via l'octroi de financements, la délivrance d'autorisations, sur le plan environnemental notamment, ou le respect des conventions internationales (Cites).
Avant toute chose il est important de rappeler, au regard de notre statut d'autonomie unique en son genre, que l'enseignement et la recherche sont deux domaines qui relèvent de la compétence de l'État. Le Pays, de son côté, est compétent en matière d'enseignement non universitaire, et peut aussi organiser ses propres filières de formations et ses propres services de recherche.
Autrement dit, même s'il s'agit d'une compétence d'État, le Pays a un rôle clé à jouer pour mettre en adéquation ces formations avec les besoins du tissu économique local. C'est ainsi que selon une étude réalisée par le service de l'emploi (Sefi), “les deux principaux secteurs identifiés sont la construction et la santé”. Le rapport de la Cour des comptes sur l'enseignement supérieur et la recherche dans les Outre-mer entre 2018 et 2024 rappelle qu'en ce sens, le Pays finance des “bourses majorées”, et que l'apprentissage est également un levier intéressant pour “répondre aux besoins de formations dans les secteurs en tension”.
Petite particularité du Fenua, il y a davantage de bacheliers professionnels (40%) que de bacheliers généraux (35%), sachant que ces derniers sont par ailleurs moins nombreux qu'en métropole (50%). Logiquement, ils sont donc aussi moins nombreux à poursuivre leurs études. Il n'en demeure pas moins que les départs d'étudiants vers l'Hexagone sont en hausse de 26% sur la période concernée. La Cour des comptes évoque également des départs vers les États-Unis, l'Australie ou la Nouvelle-Zélande, qui sont cependant difficilement quantifiables. Ils sont 4 800 étudiants à rester étudier au Fenua, répartis sur dix sites de formation, et sachant que l'Université de la Polynésie française (UPF) concentre la majorité d'entre eux (3 079 étudiants accueillis à la rentrée 2023).
Peut mieux faire
Pourtant, l'offre de formation s'est beaucoup développée ces 24 dernières années en Polynésie, avec en plus des formations dispensées à l'université, l'ouverture de dix sections de techniciens supérieurs (STS), de trois classes préparatoires aux grandes écoles (CGPE), mais aussi avec l'Isepp (Institut supérieur de l'enseignement privé) et l'école de commerce de la CCISM. Et comme le relève la Cour des comptes, cette offre étant concentrée sur Tahiti, “l'enjeu de son accessibilité” est essentiel. Il a commencé à trouver une réponse avec les campus connectés mis en place depuis 2021, dont l'ambition est de couvrir l'ensemble des archipels. Force est malheureusement de constater qu'il y a des “abandons ou des réorientations en cours d'année”.
Le rapport de la Cour des comptes souligne néanmoins le “pilotage satisfaisant” de cette offre de formations pluridisciplinaires.
Petit bémol en revanche concernant la recherche qui s'articule autour de l'UPF, laquelle est davantage tournée vers la formation. Mais des progrès ont déjà pu être faits grâce à la structuration récente entre les acteurs du secteur via le consortium Resipol (régi par une convention entre l'UPF, le CNRS, l'IRD, l'Ifremer et, plus récemment (depuis 2019), avec l'université de Berkeley) mais aussi, sur le plan local, avec l'institut Louis-Malardé. Une coopération mieux structurée mais insuffisante au regard de la production scientifique qui manque encore de visibilité “à l'échelle internationale malgré un potentiel élevé”, note la Cour des comptes. Les perspectives sont toutefois encourageantes dans ce domaine, notamment grâce à la construction, il y a deux ans, d'un bâtiment dédié à la recherche au sein de l'université. Il permet d'attirer de nouveaux profils avec des enseignants-chercheurs qui apportent d'autres outils et méthodes de travail.
Là encore, le Pays a un rôle à jouer – même si cela ne relève pas de sa compétence – via l'octroi de financements, la délivrance d'autorisations, sur le plan environnemental notamment, ou le respect des conventions internationales (Cites).
257 emplois à l'UPF pour 3 milliards par an
Le rapport de la Cour des comptes invite à formaliser davantage la stratégie en matière de ressources humaines en pointant notamment du doigt un défaut de suivi de gestion des heures d'enseignement ou encore des frais de mission qui mériteraient d'être mieux encadrées. En 2023, l'UPF comptabilisait 257 emplois pour une masse salariale annuelle représentant environ trois milliards de francs. Des salaires payés par l'État, rappelons-le. Par ailleurs, les primes et indemnités progressent constamment depuis 2018 (+23,2%) note la Cour, qui précise que les primes d'éloignement versées dans le cadre de séjours règlementés de deux ou quatre ans représentent chaque année entre 100 millions et 116 millions de francs. Être attractif en utilisant un régime indemnitaire oui, mais sans s'écarter du cadre légal, préconise en substance la Cour des comptes, qui pointe aussi du doigt des lacunes au niveau de l'organisation du temps de travail des enseignants. Avec près de 24 millions de francs de frais de mission pris en charge chaque année par l'université, là aussi, il y a des progrès à faire, en agissant en amont.