Plus de 500 athlètes attendus au Heiva Tū’aro Mā’ohi


Tahiti, le 12 juillet 2022 – Après les courses de va’a tā'ie dimanche dernier, le Heiva Tū’aro Mā’ohi se poursuit jeudi dans les jardins de Paofai, pour les courses de porteurs de fruits, puis samedi et dimanche dans le parc Vairai, pour les épreuves de lancer de javelot, lever de pierre, coprah, lutte traditionnelle et grimper au cocotier. Enoch Laughlin, président de la Fédération des sports et jeux traditionnels, nous en dit plus sur le programme de ces trois jours, qui devraient mobiliser plus de 500 athlètes venus des différents archipels, mais aussi de la région Pacifique.
 
Comment s’annonce ce Heiva Tū’aro Mā’ohi 2022, organisé comme chaque année par la Fédération des sports et jeux traditionnels ?
“Notre fédération, qui a été créée il y a 17 ans, rassemble actuellement 28 associations, 16 dans les îles et 12 sur Tahiti. On comptabilise environ 800 athlètes. Après deux ans de crise sanitaire, on attend une mobilisation plus importante cette année. J’ai l’impression que les gens ont envie de participer, d’être présents, donc on a de grosses délégations qui viennent des archipels. Il faut savoir que chaque île est un peu spécialisée dans une discipline. Aux Tuamotu, on compte essentiellement des athlètes en grimper de cocotier, en lancer de javelots et un peu en coprah. Des îles Sous-le-Vent, on reçoit beaucoup d’athlètes pour le coprah, venant notamment de Taha’a. Ce sont les champions dans cette épreuve. Les porteurs de fruits et les leveurs de pierre viennent plutôt des Australes. En fin de compte, à Tahiti, ce sont surtout des associations des îles qui font perdurer ici leurs activités sportives. Cette année, les Marquises se sont structurées en une association de Tū’aro Mā’ohi donc on devrait les voir arriver lors des prochaines éditions. On a également des participants internationaux avec la Nouvelle-Zélande, les Samoa, Hawaii, la Californie… Les sports traditionnels commencent à bien s’implanter à l’international. Les structures déjà existantes pour le va’a ou la danse nous facilitent les accès. Il y a aussi un festival des sports traditionnels à Toulouse et on s’est également rendu compte que nos amis basques pratiquent aussi le lever de pierre, un peu différemment de chez nous certes. Donc on espère qu’ils participeront aussi dans les années à venir. Pour cette édition en tout cas, je pense que ça va être un bel événement, avec une participation de qualité importante, autant au niveau local qu’international, notamment de la région Pacifique.”
 
Combien d’athlètes sont attendus ?
“On pense atteindre les 500, voire 600, mais c’est encore trop tôt pour le dire. En général, on a de 80 à 100 participants par discipline, sauf en grimper de cocotier, qui ne regroupe que 20 à 30 athlètes, car c’est une discipline très difficile, ou en lancer de javelots, où là on tourne plus autour des 100 à 150. Aux courses de va’a tā'ie (pirogues à voile, qui se sont tenues le week-end dernier à la pointe Vénus, NDLR), il y avait déjà 80 participants.”
 
Les célébrations se poursuivent donc ce jeudi 14 juillet au parc Paofai, avec les courses de porteurs de fruits. Peux-tu m’en dire plus sur cette journée ?
“On va démarrer à midi, avec les inscriptions, visites médicales, signatures de décharges… C’est quand même une épreuve physique, de courir avec une charge sur le dos. Les plus petites pèsent 10 kilos, les plus grosses 50 kilos. Cette année, nous avons décidé de les offrir aux novices car ce n’est pas évident de trouver des fruits et de savoir les attacher. On s’est aperçu que dans la zone urbaine, de Mahina à Punaauia, les gens n’ont plus beaucoup de fruits et constituer une charge, aujourd’hui, ça représente un certain coût pour les familles. À 300 Fcfp le kilo de bananes, une charge de 30 kilos coûte 9 000 Fcfp, et les fruits ne vont pas toujours pouvoir être consommés après la course… Donc on a mis ça en place pour les débutants. En catégorie open, on leur offre une charge de 15 kilos. Les 12 premiers inscrits dans les catégories vahine et jeunes de moins de 19 ans (u'i 'āpī) pourront aussi recevoir une charge en cadeau, respectivement de 10 et 15 kilos. C’est une sorte de promotion pour inciter les ‘coureurs du dimanche’ à participer. Après, il y aura aussi nos champions, qu’on voit s’entraîner tous les matins. La catégorie 50 kilos sera bien étoffée, avec essentiellement des athlètes de Rimatara et Rurutu. Dans les 30 kilos, les participants viennent davantage de Moorea et Maiao. Ça va être une belle journée, haute en couleurs, qui débutera par une petite cérémonie culturelle au cours de laquelle un orateur expliquera d’où viennent ces sports. Puis on démarrera les courses à 15 heures pile, dans au moins six catégories, peut-être plus selon le nombre d’athlètes inscrits. Puis un spectacle de Tamariki Poerani, la troupe de Makau Foster, sur le thème des sports traditionnels viendra clôturer la journée.”
 
Puis ce week-end, les autres épreuves se disputeront sur le site du parc Vairai, à Punaauia…
“Exactement. On se retrouvera là les 16 et 17 juillet pour les autres épreuves. Tout d’abord le lancer de javelots, qui s’étale sur les deux journées car on a quatre catégories : en individuel, en équipe, les u'i 'āpī  (jeunes) et les kai toa. Il s’agit d’une nouvelle catégorie qu’on a créée cette année pour les plus de 60 ans car ils ont du mal à s’intégrer avec les jeunes. Ensuite, on a le coprah, avec également une nouveauté puisqu’on a mis en place deux catégories différentes en individuel : les moins de 35 ans et les plus de 35 ans. L’épreuve du coprah, en individuel ou en équipe, consiste à couper le coco et à enlever la noix. Il ne faut pas confondre avec l’épreuve du décorticage, qui consiste à enlever la bourre de coco. Dans cette dernière, des équipes de deux personnes sont constituées, un homme et une femme qui doivent débourrer 20 ou 30 cocos le plus rapidement possible. Pour ces deux disciplines, on a fait venir 4 500 cocos de Taha’a.
Cette année, on va attacher une attention toute particulière à la lutte traditionnelle en raison d’une possible exhibition aux Jeux olympiques de 2024. La fédération française souhaite mettre en exergue cette discipline donc on s’y prépare, avec nos champions, qui se sont déjà illustrés à Hawaii. En lever de pierre, la compétition promet d’être serrée, avec nos ‘aito des Australes. Chacun vient défendre son île, d’autant plus qu’il y a des prix en numéraires qui motivent tout le monde à se surpasser. Les catégories sont fonction du poids des athlètes, la pierre est toujours plus lourde que le leveur. En super lourds et extra lourds, les pierres peuvent peser jusqu’à 150 kilos. Enfin, en grimper de cocotier, on attend le ‘champion du monde’ samoan Ellio Fiapa’i, qui affrontera nos athlètes des Tuamotu et de Tahiti. Il n’y a pas beaucoup de participants dans cette discipline car elle est très physique. Les grimpeurs sont presque des acrobates, ils utilisent leurs bras, leurs pieds, pour se hisser à 9 mètres. Ce n’est pas à la portée de tout le monde.”
 
Des animations sont-elles également prévues en dehors des épreuves ?
“Oui, il y aura du mā’a Tahiti préparé par des associations de Taha’a, ainsi que des spectacles proposés par des Marquisiens samedi et par 'O Tahiti E dimanche. Des ateliers à destination du public se tiendront sur les deux jours, ainsi que des stands d’artisanat avec des produits spécifiques des archipels. Ces journées sont aussi l’occasion de rencontrer les familles des îles, qui accompagnent les athlètes.”
 

​Programme

Jeudi 14 juillet, dans les jardins de Paofai 12h : inscriptions (licences, visites médicales, pesée des charges) 15h : courses de porteurs de fruits 16h30 : spectacle traditionnel  
Samedi 16 juillet, au parc Vairai, à Punaauia 11h à 15h30 : atelier jeux traditionnels 9h à 11h30 : lancer de javelots pātiafā / coprah équipe vahine 12h à 13h : mā’a Tahiti / spectacle traditionnel 13h à 16h : lancer de javelots pātia 'ai / coprah équipe tāne / lutte traditionnelle sélective / lever de pierre vahine, léger, moyen et master  
Dimanche 17 juillet, au parc Vairai, à Punaauia 11h à 15h : atelier jeux traditionnels 10h à 12h : lancer de javelots te vahine – u'i 'āpī / décorticage cocos / coprah individuel master tāne 12h à 13h : mā’a Tahiti / spectacle traditionnel 13h à 16h : lancer de javelots iaora pātiafā / lever de pierre lourd, super lourd et extra lourd / coprah individuel tāne / grimper au cocotier ta'uma ha'ari / lutte traditionnelle finale  

Rédigé par Lucie Ceccarelli le Mardi 12 Juillet 2022 à 18:26 | Lu 2191 fois