Plus de 5 tonnes de CO2 par touriste


Tahiti, le 8 avril 2024 - Commandée sous l'ancienne mandature par le Pays et Tahiti Tourisme, une étude approfondie des émissions de gaz à effet de serre a été réalisée en 2023 dans le secteur du tourisme. Deux bilans distincts : l'un incluant les vols internationaux et l'autre qui se concentre sur les seules émissions des touristes. Logiquement, l'empreinte carbone du touriste qui voyage en avion explose avec un impact de 5,2 tonnes de CO2 pour son trajet aller-retour.
 
Acter la transition écologique du Pays vers un tourisme durable et inclusif, c'est la stratégie dans laquelle s'est engagée la Polynésie française. Commandée par le Pays et Tahiti Tourisme en 2022, et réalisée avec le soutien de l'Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) en 2023, une étude permet ainsi d'évaluer la contribution du secteur touristique aux émissions de gaz à effet de serre en Polynésie.
 
Avec l'objectif de 600 000 touristes par an d'ici dix ans que s'est fixé le président Moetai Brotherson également en charge du tourisme, cette étude approfondie commandée par son prédécesseur va pouvoir l'aider à “activer des leviers d'atténuation et d'adaptation au travers d'un plan d'actions sectoriel du tourisme”. D'autant qu'à en croire cette étude, si d'aventure cet objectif parvenait à être atteint, “la hausse des émissions” serait alors de “70%” selon les estimations.
 
Faut-il rappeler que ce secteur est le premier moteur économique de la Polynésie avec pas moins de 77 milliards de francs de recettes touristiques engrangées en 2022. Le Pays ne peut donc pas se passer de cette manne financière, mais il doit arriver à conjuguer impératif économique et impact écologique.
 
Le secteur de la croisière en deuxième position
 
Cette étude permet ainsi de donner quelques pistes de réflexion en livrant des données sur deux volets distincts : un bilan hors transports internationaux et un bilan incluant ces transports. Un second volet qui semble a priori plus pertinent car on imagine mal un touriste venir en Polynésie à la nage. Le transport aérien “origine-destination” représente ainsi à lui seul “73% des émissions touristiques” et atteint “77%” quand on y ajoute le transport sur place, note d'ailleurs l'étude.
 
Laquelle précise qu'“un visiteur arrivant en avion engendre en moyenne 5,2 tonnes de CO2 pour son trajet aller-retour vers la Polynésie, et près d'une tonne de CO2 pour son séjour sur place”. Autrement dit, sur un séjour de quelques jours seulement, cela représente trois fois l'objectif annuel défini par les accords de Paris !
 
Notons enfin que les bateaux de croisière transpacifique représentent le “deuxième poste d'émissions avec 9% du total” et que le tourisme dans l'hyperluxe peut générer un impact allant jusqu'à “35 tonnes de CO2 par personne et par séjour” en combinant voyage en jet privé et hébergement en superyacht. Au total, les moyens de transport, avions et navires de croisière représentent ainsi 89% des émissions de gaz à effet de serre.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Lundi 8 Avril 2024 à 15:04 | Lu 2484 fois