Plus de 40 millions de francs pour sécuriser la Papeno’o


Tahiti, le 6 novembre 2023 - L’émotion était forte, ce lundi matin, lors de l’inauguration de la stèle en mémoire des disparus lors de la crue de l’an dernier à Papeno’o. Et pour que ce drame ne se reproduise, l’ancien président du Pays Édouard Fritch a évalué à une quarantaine de millions de francs le montant nécessaire pour l’embauche de six à huit gardes champêtres. À l’heure actuelle, le nouveau président Moetai Brotherson “réfléchit”, mais pour le tāvana Flohr, “c’est urgent et je compte sur notre président pour régler définitivement ce problème”.  

Une stèle en mémoire de la disparition des six personnes – deux adultes, Kahalani Vehiatua épouse Teiri et Mike Teuira, seule personne dont le corps a été retrouvé, et quatre enfants, Tamatika Teiri, Mihilani et Manatea Teuira-Maihota ainsi qu’un bébé de huit mois, Marotetini Teiri –, emportées le 6 janvier 2022 par la rivière Vaitu’oru à Papeno’o, a été mise en place à l’entrée de la vallée, ce lundi.
 
L’émotion était forte lors de cette cérémonie de recueillement, où prières, chants ou encore témoignages se sont succédé devant une centaine de personnes. “Cela fait chaud au cœur, cela veut dire qu’ils n’ont pas oublié, comme nous, nous ne les avons pas oubliés”, assure Bianca Teiri. Elle considère que le lieu choisi “va nous faire avancer” car il est beaucoup plus pratique pour ce qui est des déplacements. “Dans la vallée, c’est un peu loin pour nous et il faut un 4x4 et nous n’avons pas les moyens de nous déplacer à chaque fois.”
 
Cette stèle a été érigée “pour ne pas oublier nos disparus et également pour que ce drame serve de leçon à tout le monde”, selon la tāvana Ingrid Teiri-Viriamu qui a également perdu des membres de sa famille. Selon elle, le lieu choisi est “stratégique car ici il y a les panneaux de signalisation en termes de sécurité (…) et lorsqu’on passe, on voit la stèle, c’est un message pour rester vigilant car la nature change à tout moment, tout peut arriver”
 
“Il faut se reconstruire et essayer d’avancer avec”
 
Pour Poerani Teiri, qui a également perdu plusieurs membres de sa famille dont sa compagne et deux de ses enfants, c’est le soulagement. “Maintenant, je saurai où me recueillir vis-à-vis de ma petite famille car au début, on courait dans tous les sens (…) dans la vallée, au littoral ou en bord de mer (…). Depuis un an, on en souffre.”  Mais Poerani sait aussi qu’“il faut se reconstruire et essayer d’avancer avec (…) et qu’on se soutienne mutuellement”. “Je parle en l’honneur de mon fils cadet que j’ai perdu. Je lui ai toujours inculqué qu’il faut être fort et ne jamais baisser les bras et depuis un an, quand j’ai un coup de blues et que je ne suis pas bien, c’est lui qui me donne la force d’avancer, c’est dur mais c’est la vie.”
 
Plus de 40 millions de francs pour les gardes champêtres
 
Après ce drame, il était question avec le gouvernement Fritch de la mise en place de six voire huit gardes champêtres dans la vallée de la Papeno’o. Et selon tāvana de Hitia’a o te Ra, Henri Flohr, “une réponse favorable” lui avait été donnée. “La majorité de cette vallée, c’est une propriété du Pays (…). Qui exploite la vallée et cette rivière ? C’est Marama Nui et le Pays est dans cette société (…) et ils ramassent des milliards.”
  
Le tāvana assure avoir rencontré le président Moetai Brotherson et compte bien l’inviter à venir visiter la vallée pour lui en parler plus amplement. “Il n’a pas donné de réponse, mais il réfléchit. (…). C’est urgent et je compte sur notre président pour qu’on puisse recruter et régler définitivement ce problème.”

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 6 Novembre 2023 à 21:17 | Lu 2441 fois