Plus de 3.600 postes supprimés: journée noire pour l'emploi en France


Crédit Jean-Christophe VERHAEGEN / AFP
Paris, France | AFP | mardi 05/11/2024 - Fermetures d'usines, plans sociaux: le distributeur Auchan et l'équipementier automobile Michelin ont annoncé à eux deux mardi plus de 3.600 suppressions d'emplois en France, provoquant tristesse et colère chez les salariés concernés.

Ces annonces "sont évidemment éminemment préoccupantes", a réagi mardi le ministre de l'Economie Antoine Armand.

A l'Assemblée nationale, le Premier ministre Michel Barnier s'est dit "en désaccord" avec la décision de Michelin. Il a affirmé vouloir savoir ce que Auchan et Michelin ont "fait de l'argent public qu'on leur a donné".

Il y a d'un côté Michelin, avec l'annonce de la fermeture prévue avant 2026 de deux sites industriels dans l'ouest du pays, à Cholet (Maine-et-Loire) et à Vannes (Bretagne), ce qui concerne 1.254 salariés.

De l'autre, le distributeur Auchan, après plusieurs années difficiles, prévoit de supprimer 2.389 emplois en France sur 53.000 dans le pays, via notamment la fermeture d'une dizaine de magasins.

"C'est catastrophique. Ça va laisser beaucoup, beaucoup de salariés dans la difficulté, de familles. C'est choquant, scandaleux", s'est indigné Franck Martineau, délégué syndical FO Auchan Retail.

La direction espère limiter le nombre de licenciements secs via un accompagnement des collaborateurs concernés, formations de reconversion, congés de reclassement et plan de départs volontaires.

Longtemps considéré comme l'un des acteurs les mieux-disants en terme social au sein de la grande distribution, Auchan enchaîne les mauvais exercices économiques et sa holding Elo Groupe a annoncé en juillet une perte nette de près d'un milliard d'euros sur les six premiers mois de 2024.

- Crise de l'automobile -

Chez Michelin, les salariés de Cholet ont voté la grève et bloqué le site peu après les annonces de la direction.

A Vannes (Morbihan), l'annonce "a été accueillie par un grand silence. Tout le monde accuse le coup", a témoigné Eric Boisgard, salarié depuis 2004 et ancien délégué syndical CGT.

Pour le premier syndicat du groupe, la CFE-CGC, ces fermetures sont "une décision unilatérale, brutale et mal anticipée", a condamné son délégué syndical central José Tarantini auprès de l’AFP.

Le PDG de l'équipementier, Florent Menegaux, a justifié les fermetures par "l'effondrement de l'activité" et promis de ne laisser "personne au bord du chemin".

Il s'inscrit dans un contexte morose pour l'ensemble du secteur automobile européen, qui souffre d'un marché en berne et de la forte concurrence de marques asiatiques.

Le PDG de Michelin a également mis en cause une "dégradation lente de la compétitivité" de l'Europe, notamment liée aux coûts de l'énergie, qui empêche d'exporter.

Le groupe prépare d'ailleurs la fermeture d'ici 2025 de deux usines en Allemagne.

L'automobile, épine dorsale de l'économie outre-Rhin, y traverse une crise sévère.

L'équipementier Schaeffler a annoncé la suppression de 4.700 emplois en Europe et la fermeture de deux sites, évoquant "l'environnement de marché difficile" et la "concurrence mondiale croissante".

Les réductions d'effectifs toucheront principalement dix sites en Allemagne et cinq autres en Europe, entre 2025 et 2027.

Après les plans sociaux des plus gros équipementiers Bosch, ZF et Continental, le groupe Volkswagen, numéro 1 en Europe parmi les constructeurs automobiles, a créé le choc en annonçant début septembre des projets de suppressions massives d'emplois en Allemagne et en menaçant de fermer des usines.

le Mardi 5 Novembre 2024 à 06:24 | Lu 170 fois