Plus d’injections, moins de prélèvements


Tahiti, le 1er avril 2021 - Alors que le nombre de malades se tarie, les autorités sanitaires ont décidé de fermer les centres de prélèvements de plus en plus déserts, à commencer par celui de Faa’a. L’occasion au passage de redéployer les ressources médicales sur la campagne de vaccination, mais après le long week-end de Pâques qui annonce un exode rural.

Plus d’injections, moins de tests. Alors que la campagne de vaccination bat son plein, les centres de prélèvements se vident. C’est qu’il y a beaucoup moins de raisons de se faire dépister. Non seulement le nombre d’appels à la plateforme Covid diminue, mais les motifs concernent essentiellement la vaccination (61%), et rarement la déclaration de symptômes (2,6%) selon le dernier bulletin épidémiologique. De même, les appels pour suspicions de Covid représentent une très faible proportion des appels au 15 (1,42%).

En témoigne également, le net recul du nombre de nouveaux cas :d’une soixantaine début mars, il est tombé à 41 à la mi-mars, puis à 24 cette dernière semaine (22 au 28 mars). Une incidence inférieure à 10 pour 100 000 habitants sur l’ensemble du territoire qui se traduit mécaniquement par une décrue du nombre de prélèvements. Même constat du côté des urgences, où le taux de positivité au SARS-CoV-2 est inférieur à 1% parmi les patients symptomatiques prélevés.

“Ressources humaines médicales limitées”

Des indicateurs qui justifient désormais une fermeture des centres de prélèvements. Ainsi, à raison de deux tests par jour, les centres les plus désertés ont déjà commencé à baisser les rideaux. A l’instar de Heiri à Faa’a, fermé depuis mercredi midi, suivi prochainement des centres de Paea et de Punaauia. Des centres qui pourront être “réactivés si besoin” précise le ministère de la Santé, notamment en perspectives d’une réouverture des frontières.

Mais si la maladie recule, c’est le moment d’augmenter la couverture vaccinale comme le préconise la Haute autorité de santé. La fermeture des centres doit notamment permettre de redéployer les ressources humaines sur les injections. Des ressources –médicales en particulier– loin d’être illimitées. D’autant que contrairement aux centres de prélèvement, la vaccination nécessite la présence d’un médecin pour les consultations et la sécurité, dans l’éventualité d’une allergie ou d’un malaise par exemple. “La campagne reste actuellement contrainte du fait des difficultés logistiques liées au vaccin et aux ressources humaines médicales limitées, en particulier dans les îles éloignées”, précise la plateforme Covid.

Tous les centres ferment pour Pâques

Si les autorités sanitaires avaient pu appeler en renfort d’autres professions en lien avec le corps médical (dentistes, ORL, kiné, etc.) pour les prélèvements nasopharyngés, seuls les médecins, les sages-femmes, les infirmiers, ou les pharmaciens d’officine sont habilités à administrer des vaccins. De quoi réduire encore le champ des “vaccinateurs”. A cela s’ajoute une certaine tension entre les professionnels patentés et leur recruteur, la direction de la Santé, pour des retards de paiement (lire encadré).

Difficile dans ce contexte de tenir la cadence imposée par le président Fritch de plus de 1 000 doses par jour, alors que 36 000 doses sont attendues en avril, soin 9 000 doses par semaine. Si au 1er avril, 24 825 personnes ont reçu leur première injection, la campagne de vaccination s'accorde une petite pause pour le long week-end de Pâques puisqu'il marque le début des vacances scolaires et donc un nouvel exode urbain.

En effet, la plateforme Covid indique aujourd'hui dans un communiqué que l’ILM ne renouvellera pas l’opération de centre de vaccination éphémère ce week-end et que tous les centres de vaccination seront fermés (du vendredi 2 au lundi 5 avril inclus), à l’exception de celui de Mahina (fermé du jeudi 1er avril au mercredi 6 avril). La réouverture des autres sites dès mardi promet une reprise sur les chapeaux de roues.
 

Préleveurs et vaccinateurs toujours en attente de paiement

Impatience pour les quelques préleveurs et vaccinateurs toujours en attente de paiement. Une dotation de 42 millions de Fcfp a bien été inscrite le 22 mars au collectif budgétaire, mais pour régler la facture de 2020. Au 1er avril pourtant, des patentés attendent toujours les versements de novembre, comme nous l’explique sous couvert d’anonymat, une infirmière libérale. Si elle est certaine d’être payée un jour, c’est plus le “retard énorme” qui l’inquiète. “Les choses se font extrêmement lentement dans les méandres de l’administration. On ne sait jamais à quel niveau ça traîne et tout le monde se renvoie la balle”. Si les numéros de mandat –correspondant à une facture– sont bien déposés à la paierie de Polynésie, ils sont souvent refusés pour des raisons qui leurs échappent. “On nous dit que c’est mal rempli, parce qu’on a écrit le Rib à la main alors qu’une copie du RIB est joint au dossier, donne pour exemple l’infirmière. Là, il faut tout recommencer, tout refaire”, et avoir une solide trésorerie en attendant l’administration.
 

Rédigé par Esther Cunéo le Jeudi 1 Avril 2021 à 17:38 | Lu 2843 fois