Plan de relance: les ONG écologistes regrettent l'absence de contreparties


Paris, France | AFP | jeudi 03/09/2020 - Le plan de relance est un pas en avant pour que la France effectue sa transition écologique, loin toutefois de la transformation nécessaire aux yeux des ONG environnementales, qui regrettent notamment l'absence de contreparties demandées aux entreprises qui recevront des aides.

Sur 100 milliards d'euros injectés dans l'économie sur deux ans, 30 milliards seront consacrés au verdissement de l'économie. Ces investissements, couplés à d'autres mesures, permettront à la France "d'honorer les engagements que nous avons pris dans le cadre de l'Accord de Paris" de réduction des gaz à effet de serre, a assuré la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili lors d'une conférence de presse.

"C'est une bonne marche", estime Grégoire Fraty, un des membres de la Convention citoyenne pour le climat. "En revanche, ça ne fait pas tout", modère-t-il.

Les ONG se montrent plus sceptiques. WWF voit dans ce plan "un effort pour la transition, pas encore de transformation". Si l'ONG salue les aides pour la rénovation des bâtiments et des modes de transport moins polluants, un de ses responsables, Pierre Cannet, déplore l'absence de conditions aux aides accordées aux grandes entreprises, dans un communiqué.

Même critique de la part de Cécile Marchand, des Amis de la Terre. "En l’état, les potentielles avancées (...) risquent d’être rapidement annulées par toutes les aides supplémentaires prévues dans les secteurs polluants, sans aucune contrepartie".

"Aucune garantie"

"Investir dans de fausses solutions au nom du +verdissement+, comme l'hydrogène non renouvelable, le nucléaire, l’agriculture de précision, la 5G, l’avion vert, les voitures thermiques neuves ou les SUV électriques, relève de l’anachronisme", renchérit Clément Sénéchal, pour Greenpeace.

L'Institut de l'économie pour le climat (I4CE), un think tank, appelle d'ailleurs à la vigilance sur la prime exceptionnelle mise en place pour changer de véhicule, "qui a favorisé les voitures peu performantes du point de vue du climat".

Si des efforts sont faits pour le vélo, "le plan de relance automobile doit prendre en compte la nécessaire baisse du nombre de véhicules motorisés en circulation", insiste de son côté Olivier Schneider, président de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB).

La baisse prévue des impôts de production pour les entreprises cristallise en particulier les inquiétudes.

"Les secteurs qui devraient le plus bénéficier de la baisse des impôts de production sont le secteur extractif et la finance, sans aucune garantie qu'ils s'engagent dans une transition écologique", alerte Quentin Parrinello, d'Oxfam.

"Il faut changer de cap"

Des associations regrettent que le plan ne s'étale que sur deux ans, comme le Réseau action climat (RAC), pour qui cette durée ne permettra pas aux "filières d’avenir de s’implanter de manière pérenne".

Pour d'autres, des secteurs essentiels sont oubliés. "Les énergies renouvelables sont (...) les grandes absentes de ce plan", déplore CLER – Réseau pour la transition énergétique.

Pour les ONG, ce plan de relance ne va pas assez loin pour transformer l'économie et répondre à l'urgence climatique et environnementale. 

Il aurait fallu "sanctuariser 20 milliards d’euros d’investissements publics par an jusqu’en 2030 pour la transition écologique", estime la Fondation de Nicolas Hulot pour la nature et l'homme. 

Celle-ci demande aussi qu'il n'y ait "pas un euro pour les projets néfastes pour la biodiversité et le climat", et "un suivi de la mise en œuvre par le Haut conseil pour le climat", l'instance chargée d'évaluer les politiques publiques dans ce domaine. 

"Après des reculs cet été sur les néonicotinoïdes et la biodiversité, nous appelons le gouvernement à changer de modèle agricole, lutter contre la déforestation importée et renforcer les aires protégées", insiste WWF, pour qui il faut "réellement changer de cap".

Le plan du gouvernement "est une inflexion bienvenue vers la transition bas carbone. (...) L'enjeu réside désormais dans la mise en oeuvre et le suivi", estime enfin le Haut conseil pour le climat.

le Jeudi 3 Septembre 2020 à 06:45 | Lu 325 fois