Plan Climat Stratégique : comment s’adapter aux changements climatiques ?


« Si nous ne nous occupons pas de l’Environnement », ironisait récemment l’astrophysicien et militant écologiste Hubert Reeves, « c’est l’Environnement qui s’occupera de nous, rapidement, sévèrement ». En Polynésie française, même si à ce jour, aucun modèle précis ne pose objectivement le diagnostic d’un réchauffement observable du climat, le ministère de l’Environnement prend l’initiative de mettre sur pied un programme de réflexion qui doit aboutir, courant mai, à la rédaction d’un Plan Climat Stratégique. Le document aura la vocation de servir de référence dans le cadre de la réflexion des aménagements futurs en Polynésie, afin de les adapter à l'impact sur l'environnement des changements climatiques à l'horizon 2100. « Si on attend d’avoir des certitudes objectives on ne fait rien », s’indigne Tekau Frere, conseiller environnement au Ministère de l’Environnement. « Or on sait que le coût de l’inaction est beaucoup plus important que l’action actuelle (…). Ce qui nous intéresse, c’est le principe de précaution. On est conscient que la situation va se dégrader (…) ce qui va poser des problèmes cruciaux. L’idée c’est de dire : la situation n’est pas bonne - on le sait - ; va-t-on continuer à maintenir un mode de fonctionnement complètement inadéquat ou réagit-on et change-t-on cela ? ».
 Jeudi 15 mars, présidence Broche, les intervenants invités à prendre part aux 5 ateliers thématiques qui se tiendront, dans le cadre de cette réflexion, du 20 mars au 19 avril, ont été conviés à une présentation de la problématique et des enjeux pour l’avenir du Pays.  Des  représentants des services administratifs du Pays, de l’Etat, des communes ; des représentants de la société civile et du secteur privé (pétrolier, industrie, transport) ; des représentants du secteur bancaire : une soixantaine de participants d'horizons divers a pris part à la réunion.


Graphique prévisionnel des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2100 : les six scenarii du GIEC
Le scenario A1B

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a posé 6 scenarii concernant l’évolution planétaire probable des émissions de gaz à effet de serre, à l’horizon 2100. Le scenario A1B, retenu pour la réflexion, est une hypothèse moyenne, supposant un monde caractérisé par une croissance économique très rapide avec un pic de la population mondiale au milieu du siècle et l’adoption rapide de nouvelles technologies, plus efficaces et moins polluantes.
A l’échelle de la Polynésie, au plan climatique et environnemental, ce scénario se traduit par des changements d’ampleur : augmentation de la température moyenne de 2.8°C ; augmentation du niveau de la mer de 21 à 48 cm ; augmentation de la fréquence et de la puissance des cyclones ; acidification (de ph 0.35) et réchauffement de l’océan (+1°C).

Une adaptation

L’idée est d’intégrer ce scenario et ses conséquences dans le cadre des aménagements à court et moyen terme. Et notamment, le résultat des réflexions, sous forme de recommandations, de manière transversale dans le cadre de la réflexion sur le Schéma d’aménagement général des équipements, le SAGE, en cours d’élaboration ; dans les Plan généraux d’aménagement (PGA), etc.
En somme, intégrer la problématique d’une évolution climatique dans les décisions engageant la collectivité à moyen terme. Atelier transport ; atelier bâtiment ; atelier énergie ; atelier systèmes productifs ; atelier écosystèmes, patrimoine et cadre de vie : la réflexion sera déclinée en plusieurs séquences. Les conclusions seront posées dans un document de recommandations qui sera validé en conseil des ministres avant juin. 

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 15 Mars 2012 à 15:41 | Lu 1766 fois