Plainte contre Teriipaia : Brotherson “laisse la justice faire son boulot”


Tahiti, le 9 janvier 2024 - Interrogé en marge des vœux à la presse mardi, sur la plainte pour provocation à la discrimination raciale qui vise son ministre de l’Éducation, Ronny Teriipaia, le président Moetai Brotherson s’est gardé de faire tout commentaire en déclarant qu’il “laisse la justice faire son boulot”.
 
C’est la saison des vœux et la présidence n’y déroge pas. Moetai Brotherson a reçu les représentants des médias locaux mardi pour la traditionnelle cérémonie des vœux à la presse. L’occasion de parler de “l’année médiatique qui s’annonce et que l’on espère voir se dérouler aussi bien que possible”, a d’emblée annoncé le président du Pays avant de rendre compte du suivi d’un dossier initié par son prédécesseur. Édouard Fritch en avait fait son annonce phare en janvier 2023 lors de la précédente cérémonie des vœux à la presse : l’inscription de la formation aux métiers de journaliste sur la liste des professions pouvant bénéficier d’une bourse majorée. Une aide de 60 000 et 150 000 francs accordée sans limitation de revenus. Deux étudiants se sont portés candidat en 2023. “Deux futurs journalistes sont en formation actuellement”, a rendu compte Moetai Brotherson précisant, en guise d’appel “aux jeunes qui veulent se lancer”, que le dispositif est “évidemment reconduit pour les années qui viennent”. Après ce préambule, parole a été donnée à l’audience pour une séance de questions.
 
“Ça ne me pose pas de problème”
 
Interrogé justement à propos de la plainte pour provocation à la discrimination raciale déposée par le président du Tapura Huiraatira à l’encontre du représentant Tavini Mitema Tapati et du ministre de l’Éducation, Ronny Teriipaia, Moetai Brotherson n’a pas été très disert. Dans le viseur d’Édouard Fritch, des propos en tahitien tenus en séance plénière à l’assemblée le 26 octobre dernier par l’élu Tavini sur le “blanchissement” de la population : “Notre pays a considérablement blanchi aujourd'hui. On le voit tous !” Puis, le 2 novembre, interrogé à ce sujet, le ministre de l’Éducation en avait rajouté une couche en déclarant : “Ce n'est pas du racisme... C'est la réalité. On parle d'invasion quand la population autochtone n'est plus visible sur son territoire.”

Et justement, questionné au sujet de cette déclaration de la part du ministre de l’Éducation de son gouvernement, et sur le thème du caractère exemplaire que l’on peut attendre d’une telle fonction, Moetai Brotherson a préféré faire un pas de côté, mardi, en relativisant la nature de ces propos : “Ça ne me pose pas de problème. Je laisse la justice faire son boulot. Je n’ai pas à me substituer à la justice. Dans cette affaire, chacun peut avoir son interprétation. Chacun peut considérer ce qu’il veut sur ce qui a été dit”, a-t-il déclaré mardi, rejoignant ainsi la ligne argumentaire déjà empruntée par le président de l’assemblée au sujet des propos de Mitema Tapati.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 9 Janvier 2024 à 18:39 | Lu 3788 fois