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Pirae interdit la baignade aux embouchures des rivières


L'arrêté municipal pris le 3 mars dernier à Pirae matérialise sur une carte le périmètre d'interdiction, entre les deux embouchures de rivière. La plage de la baie du Taaone reste ouverte aux baigneurs.
L'arrêté municipal pris le 3 mars dernier à Pirae matérialise sur une carte le périmètre d'interdiction, entre les deux embouchures de rivière. La plage de la baie du Taaone reste ouverte aux baigneurs.
PIRAE, le 14 mars 2016. En janvier dernier, suite à une rupture de l'émissaire des eaux usées de l'hôpital, la baignade était interdite par "précaution sanitaire" dans la baie du Taaone. Cet incident remettait en lumière la récurrence de la très mauvaise qualité des eaux aux embouchures de la Fautaua et de la Hamuta. Aussi, un arrêté municipal du 3 mars interdit désormais la baignade sur ces points précis. Toutefois, la baignade dans la baie du Taaone reste possible.

Il était temps. Alors que la mauvaise qualité des eaux de baignade est constamment relevée, année après année, par les analyses des eaux effectuées par le Centre d'hygiène et de salubrité publique (CHSP), la baignade est enfin interdite aux embouchures des rivières de la Fautaua et de Pirae. L'arrêté signé par le maire de la commune Édouard Fritch le 3 mars dernier est on ne peut plus clair sur les raisons qui ont conduit la municipalité à prendre cette mesure radicale. "Considérant qu'en vertu de ses pouvoirs de police municipale, il appartient au maire d'assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et l a salubrité publique ; Considérant que pour des raisons de salubrité et de sécurité publique, il y a lieu d'interdire la baignade aux embouchures des rivières de la Fautaua et de la Hamuta".

En effet, les embouchures de ces deux cours d'eau sont toujours extrêmement polluées. A chaque publication par le CHSP de la qualité des eaux de baignade, ces débouchés de rivières (et quasiment partout à l'aval des cours d'eau à Tahiti) sont systématiquement classés en "mauvaise qualité". Les analyses effectuées mi janvier dans la baie de Taaone, après la rupture d'une canalisation des eaux usées de l'hôpital dans le lagon à 150 mètres du bord de la plage, n'avaient pas dérogé à la règle. Bien entendu on y trouvait de la pollution (d'origine fécale) avec une qualité des eaux de baignade mauvaise dans le panache de pollution au milieu de la plage. Mais, la situation était nettement plus préoccupante encore aux embouchures des deux rivières qui bordent cette baie, car les seuils relevés au débouché de la Fautaua étaient bien pires.

On y avait trouvé, six fois plus d'Escherichia Coli qu'il n'en faut pour atteindre le seuil minimal de la mauvaise qualité de l'eau et dix fois plus d'entérocoques intestinaux. Des concentrations de bactéries entre deux et 23 fois supérieures aux polluants relevés dans le panache de la "pollution momentanée" ! Bref, ces analyses soulignaient une fois encore la contamination constante de ces deux embouchures. Avec des eaux qui apparaissent non conformes pour la baignade.

D'UN AVIS DE PRUDENCE Á L'INTERDICTION

Au vu de ce constat, il y avait donc urgence à agir, même si la situation était connue depuis longtemps. Ainsi, en août 2014, le site internet de la ville de Pirae présentait les résultats d'analyse des eaux de baignade effectués quelques mois plus tôt par le CHSP : ils confirmaient une mauvaise qualité des eaux de baignade aux embouchures des deux rivières. Toutefois, un simple avis à la prudence était lancé à la population : "par précaution, il est rappelé aux baigneurs d’éviter les embouchures de rivières et les sites à proximité. Plus vous vous éloignez vers la pointe Iriti, plus la qualité de l’eau de baignade sera de meilleure qualité".

Un an et demi plus tard, l'interdiction de baignade est à présent effective, par un arrêté municipal. Des panneaux indiquant cette interdiction seront prochainement installés sur la plage Laroche par laquelle, le plus souvent, la population peut se retrouver à se baigner à proximité de ces embouchures. "Cette interdiction entre en vigueur à la date du présent arrêté et jusqu'à ce que le Centre de l'hygiène et de la salubrité publique atteste d'un seuil de qualité des eaux compatible avec ces fréquentations" précise encore l'arrêté municipal de Pirae. Dans le cas de ces embouchures de rivières, extrêmement chargées de polluants qui proviennent de toute la longueur du cours d'eau, il faudra réaliser un long travail pour que les eaux usées (et pluviales) soient traitées comme elles le doivent, avant d'espérer inverser la tendance. Pour la Fautaua, la situation est plus problématique encore car, la rivière, est à cheval entre Pirae et de Papeete. Il faudra donc un travail conjoint et simultané des deux communes sur leur assainissement collectif et individuel avant d'espérer voir la situation s'améliorer.






Sur toute la commune de Pirae, là où la baignade est autorisée, elle se fait néanmoins sans surveillance, aux risques et périls des usagers.
Sur toute la commune de Pirae, là où la baignade est autorisée, elle se fait néanmoins sans surveillance, aux risques et périls des usagers.
Baignade et activités nautiques "aux risques et périls" du public

L'arrêté municipal de la mairie de Pirae sur la baignade ne se limite pas aux seules interdictions de baignade aux embouchures des rivières de la Hamuta et de la Fautaua. Il permet aussi à la municipalité d'indiquer que la baignade dans la commune n'est pas surveillée. "L'ensemble du littoral de l a commune est considéré comme étant une zone de baignades et d'activités nautiques non surveillée. Les baignades et les activités nautiques sont pratiquées aux risques et périls des intéressés. Les mineurs relèvent de la responsabilité des parents ou de tout adulte les accompagnant". Une baignade "non surveillée" qui ne dédouane néanmoins pas la municipalité de toute responsabilité en cas d'accident ou de noyade. Si des dangers existent (courants forts par exemple), ils doivent être signalés. Enfin le maire, dans le cadre de ses missions de police générale, doit assurer une intervention rapide des secours.

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 14 Mars 2016 à 18:05 | Lu 2652 fois