Piqûre de rappel avant les JO


Les règles de prévention en matière de dégîtage et de protection individuelle ont été rappelées aux riverains des zones concernées (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 15 juillet 2024 – Dans la continuité des pulvérisations antimoustiques, dix agents de la Direction de la santé ont effectué une tournée de sensibilisation dans le secteur du quai de Vairao et du PK 0 au domaine Rose, à Teahupo’o. L’objectif est double en raison de l’affluence annoncée durant les Jeux olympiques : limiter la propagation de la dengue et prévenir l’introduction d’autres maladies vectorielles, comme la fièvre jaune.
 
Après les petites fourmis de feu, place à la lutte contre les moustiques à l’approche des épreuves de surf des Jeux olympiques. En complément des pulvérisations d’insecticide en milieu de semaine dernière, dix agents de la Direction de la santé étaient sur le terrain, lundi, afin de sensibiliser 200 foyers situés à proximité de deux zones stratégiques : le quai de Vairao, non loin duquel sera stationné l’Aranui, et le PK 0 de Teahupo’o jusqu’au domaine Rose, qui englobent la fanzone, le village de jour, la base arrière et de nombreux hébergements.
 

Un fond d’eau stagnante suffit pour abriter des larves de moustiques.

Prévention dans des quartiers ciblés


Carte à l’appui, les binômes ont sillonné les quartiers concernés dans une démarche de prévention en porte-à-porte, en insistant sur les règles élémentaires en matière de lutte antivectorielle. “Pour se protéger, ça passe par l’utilisation de répulsif cutané, de moustiquaires ou de diffuseurs électriques. Et surtout : pas de gîte, pas de moustique ! Les eaux qui stagnent permettent aux moustiques de se reproduire. Il faut faire le tour de son jardin une fois par semaine, car c’est le cycle de vie de l’œuf au moustique adulte, qui peut vivre un mois et voler dans un rayon de 100 mètres”, rappelle Noémie Piivai, chargée d’études sanitaires au centre de santé environnementale.
 
Défaut d’étanchéité des fosses septiques, pots de fleurs à l’abandon et pneus usagés font partie des gîtes classiques, facilement résorbables. Les agents se proposent d’ailleurs de faire le tour des maisons pour éliminer les gîtes et prodiguer leurs conseils. Les doléances en matière de ramassage des déchets sont également transmises à la commune. En cas d’absence, un avis de passage est laissé avec des recommandations en français et en tahitien.
 

Noémie Piivai et son binôme se sont chargés des foyers jouxtant la base vie des athlètes.

Un “double risque sanitaire”


En Polynésie, les dernières vagues épidémiques de dengue de types 1 et 2 remontent à 2017 et 2019. Outre des symptômes assommants (forte fièvre, maux de tête, douleurs musculaires et articulaires), cette maladie peut conduire à des hospitalisations et parfois à des décès. Avec 77 cas de dengue comptabilisés depuis novembre 2023, la phase d’alerte est toujours en cours, d’autant qu’une augmentation du nombre de cas a été relevée ces dernières semaines.
 
Dans ce contexte, l’afflux de délégations officielles et de simples visiteurs en provenance du monde entier n’est pas pris à la légère. “On a identifié un double risque sanitaire. Le premier, c’est une flambée potentielle de la dengue, qui circule actuellement sur le territoire. Le deuxième, c’est l’introduction potentielle d’autres maladies vectorielles, comme la fièvre jaune, qui sont présentes ailleurs dans le monde, mais pas encore sur le territoire. En revanche, nous avons le vecteur de ces maladies : le moustique Aedes aegypti”, explique la référente. L’équipe n’a pas tout à fait terminé son travail, puisqu’une autre phase de pulvérisation et de sensibilisation devrait être programmée à l’issue de la compétition.
 

Dix agents de la Direction de la santé sont intervenus à Vairao et Teahupo’o.

La parole aux riverains

Claire Aurentz, 62 ans, résidente de Vairao : “Je connais déjà les règles pour les moustiques, surtout que nous avons un nouveau-né à protéger de la dengue, en plus de la grippe. On fait attention aux pots de fleurs : on a déplacé toutes nos plantes. Ça fonctionne : on n’a plus besoin de faire brûler des bourres de coco pour chasser les moustiques. C’est bien de passer comme ça dans les quartiers pour sensibiliser tout le monde. Si ça peut nous permettre de ne pas tomber malade, on prend !”
 
Anna Maruhi, 30 ans, résidente de Teahupo’o : “C’est important de se protéger des moustiques. On a tendance à mettre ce problème de côté, par habitude… On préfère faire tourner les ventilateurs à fond ! Personnellement, je ne peux pas utiliser les tortillons, car mon fils est asthmatique. Bien souvent, c’est lorsqu’on est malade qu’on se décide à agir, alors que c’est tout aussi important pour nous que pour les autres.”

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Lundi 15 Juillet 2024 à 19:19 | Lu 1750 fois