Phosphate à Makatea : les protecteurs de l'environnement montent au créneau


Sylvana Nordman et Danny Pittman, présidentes des associations Fatu Fenua no Makatea et Te Rupe no Makatea, s'organisent pour dénoncer le projet de reprise de l'exploitation de phosphate à Makatea.
MAKATEA, le 23 septembre 2016. Les associations Fatu Fenua no Makatea et Te Rupe no Makatea montent au créneau pour dénoncer le projet d'exploitation de phosphate à Makatea. Elles ont interpellé le président du CESC.

Vendredi matin, les présidentes des associations Fatu Fenua no Makatea et Te Rupe no Makatea ont rencontré Winiki Sage, président du Conseil économique, social et culturel et président de la Fédération des associations de protection de l'environnement. Sylvana Nordman et Danny Pittman souhaitent que la quatrième institution du Pays se saisisse du dossier du projet d'exploitation de phosphate à Makatea.

En début de semaine dernière, le conseil municipal de Rangiroa, dont dépend Makatea, a profité de la visite du président du Pays pour adopter un vœu en faveur de l'exploitation secondaire du minerai de phosphate et de la réhabilitation de l'île de Makatea.

"Nous ne sommes pas réfractaires à un projet de développement sur l'île"
, indique Sylvana Nordman, présidente de l'association Fatu Fenua no Makatea. "Il y a tout un potentiel de développement en matière de tourisme vert, d'apiculture ou de culture maraîchère. On veut un vrai développement durable pour l'atoll."

Les deux associations craignent aussi que l'exploitation du phosphate et la réhabilitation de l'île aient un impact négatif sur l'île comme cela été le cas à Nauru. Aujourd'hui, la quasi-totalité du territoire de Nauru ressemble à un désert de pierres. La surexploitation du phosphate sur l’île a dégradé l’environnement : 80% de la surface du territoire a été creusée et la déforestation a tué des espèces entières d’oiseaux. "Est-ce que cette extraction vaut vraiment le coup alors qu'il y a des risques d'impact sur les espèces endémiques ? ", interpelle Sylvana Nordman.

L'atoll de Makatea a été classé site prioritaire de conservation en 2005 par des spécialistes de l'environnement dont Jean-Yves Meyer, délégué à la recherche. L'atoll abrite une faune et une flore plus riches que partout ailleurs dans l’archipel des Tuamotu : des oiseaux et plantes endémiques y ont été recensés.

Le réalisateur Michel Huet, naturaliste de formation, qui a déjà réalisé un documentaire sur Makatea en 2007, prépare un nouveau reportage qui devrait sortir l'an prochain. Il alerte sur la menace que fait peser pour lui l’exploitation du phosphate sur l’atoll de Makatea, en Polynésie française. Ce document sera pour les défenseurs de l'environnement un argument de plus.

Un communiqué du conseil des ministres soulignait mercredi : "il est important d’obtenir préalablement une large acception du projet par la population et les propriétaires de l’île". Si les élus de Rangiroa ont voté unanimement en faveur de cette délibération, les associations de protection de l'environnement n'ont pas dit leurs derniers mots.



Rédigé par Mélanie Thomas le Vendredi 23 Septembre 2016 à 17:14 | Lu 3419 fois