Philippines: Duterte ré-enrôle la police dans la guerre anti-drogue


Manille, Philippines | AFP | mardi 05/12/2017 - Le président philippin Rodrigo Duterte a ré-enrôlé mardi la police dans la guerre sanglante menée contre la drogue, lançant aux défenseurs des droits de l'homme qui le critiquent qu'ils pouvaient "aller en enfer".
M. Duterte avait éloigné la police de cette campagne il y a moins de deux mois après des critiques croissantes, mais a décidé de l'impliquer à nouveau en raison d'une hausse des crimes liés à la drogue durant cette période, selon son porte-parole Harry Roque. 
"Vous pouvez tous aller en enfer!", a lancé M. Duterte dans un discours en se référant aux groupes de défense des droits de l'homme ainsi qu'aux évêques et prêtres catholiques qui ont appelé à mettre un terme aux meurtres commis dans le cadre de cette campagne.
Selon son porte-parole, le président a signé mardi un ordre pour confier à nouveau la guerre antidrogue aux policiers après "des appels du public" en ce sens.
M. Duterte, 72 ans, a été élu en 2016 après avoir promis d'éradiquer le trafic de drogue en faisant abattre jusqu'à 100.000 trafiquants et toxicomanes présumés. Depuis son arrivée au pouvoir, la police a annoncé avoir abattu près de 4.000 personnes. Parallèlement, des inconnus ont tué 2.290 suspects dans des affaires de drogue. Des milliers d'autres personnes ont été abattues dans des circonstances non élucidées, selon les chiffres de la police.
Le président reste très populaire dans l'archipel. Les Philippins estiment que la sécurité s'est améliorée sous sa présidence.
Mais ses opposants l'accusent d'orchestrer des meurtres extrajudiciaires en masse, perpétrés par des policiers corrompus et des miliciens.
M. Duterte avait annoncé en octobre que l'Agence philippine anti-drogue remplacerait la police pour mener cette guerre, après des manifestations d'opposition dans la rue suite à la mort de trois adolescents.
C'était la deuxième fois qu'il retirait la police de cette campagne, après une décision similaire de janvier à mars, mais il avait souligné que l'Agence anti-drogue ne comptait que 2.000 fonctionnaires contre 165.000 pour la police.

le Mercredi 6 Décembre 2017 à 00:50 | Lu 182 fois