Phare de la Pointe Vénus, Teara o Tahiti


MAHINA, le 26 janvier 2018. Le phare de la pointe Vénus, toujours en activité, est un vestige de l’évolution de l’histoire du Pacifique et de la conjonction de destins croisés.

La pointe Vénus

Le capitaine Wallis arrive à Tahiti en 1867 sur le Dolphin. Il jette l’ancre dans la baie de Matavai. Il ne sait pas, quand il débarque sur la pointe de sable à l’est du havre, qu’il va donner le départ d’une centaine d’années riches en événements. La pointe Vénus et son mouillage voient défiler presque tous les plus grands marins de l’époque qui s’empressent de déterminer et/ou de vérifier le positionnement de l’extrémité nord de Tahiti.

La pointe Vénus devient un point de référence incontournable et le plus mesuré du Pacifique. Rapidement, après les premiers circumnavigateurs, les protestants y installent une mission. La venue des Européens n’est pas sans entraîner des bouleversements dans l’ordre établi à Tahiti. Il se met en place à Haapape un « marché » entre les autochtones et les marins qui débarquent. La pointe se matérialise et se signale, dès Wallis, par un mât de pavillon, puis planté par les nouveaux arrivants et plus ou moins bien accepté par les natifs des tentes, habitations, forts, fortins, blockhaus se succèdent.

Le phare de la Pointe Vénus

La baie de Matavai est délaissée au bout de 50 ans au profit d’un meilleur port celui de Papeete. A partir de 1850, avec la recrudescence des navires de passage et, surtout, après 1860 avec les projets de lignes de navires à vapeur « anglais » trans-pacifiques entre l’Australie, la Nouvelle-Zélande et Panama, la pointe Vénus est dotée d’un fanal sidéral sur une potence en bois (1851-1856) puis d’un phare avec une tour en maçonnerie de 3eme ordre (1864-1868). Les abords de Tahiti sont éclairés au même titre que la présence française est marquée très fortement et très symboliquement sur le territoire. Le phare de la pointe Vénus entre dans la politique que mène la France depuis 1825 pour l’éclairage de ses côtes et celles de ses possessions d’Outre-mer. Les autres puissances de l’époque en font de même sur leurs rivages.

Le phare de 1867, est construit sur les recommandations de Léonce Reynaud, ingénieur des Ponts et Chaussées, secrétaire de la commission des phares à Paris. Ce sont les plans de deux phares français celui de la pointe de la Grave (Le Verdon-sur-Mer ; Gironde ; Aquitaine) et celui des Triagoz (Côtes-d’Armor, Bretagne) qui servent de modèle.

Les ouvriers catholiques de l’archipel des Gambier encadrés par le personnel de la direction du génie de la place de Papeete, principalement le capitaine du Génie Gustave Gabriel de La Taille et son adjoint le garde du Génie Louis Maxime Trézé réalisent l’ouvrage. Le Comte de la Roncière alors commandant des Etablissements français de l’Océanie, commissaire impérial aux îles de la Société joue un rôle de premier plan dans ce projet. C’est lui qui sollicite le ministre de la Marine et des colonies en 1864 pour sa réalisation. La partie éclairante arrive en 1865 à Papeete, c’est du matériel provenant des Etablissement parisiens Sautter et Cie.

Ce phare est 100% d’origine française et toutes autres allusions à des origines anglo-saxonnes sont purement farfelues et fausses.

Chronologie des principaux événements concernant la baie de Matavai et la pointe Vénus

23 juin 1767 : arrivée de Wallis dans la baie de Matavai à Tahiti, le Dolphin touche le récif ;
13 avril 1769 : arrivée de Cook à Tahiti (1° voyage) pour l’observation le passage de Vénus devant le Soleil ; départ 30 juillet ;
5 mars 1797 : les missionnaires de la London Missionary Society (LMS) arrivent à bord du Duff et s’installent à la pointe Vénus ;
22 avril 1839 : l’Artémise commandée par Laplace heurte un récif à l’approche de Tahiti ;
10 janvier 1851 : demande au ministre de la marine et des colonies du Commandant Bonard pour la construction d’un fanal à la pointe Vénus ;
29 juin 1851 : commission des phares donne son accord pour un fanal sidéral ;
28 janvier 1855 : connexion ferroviaire entre les ports de Panama et d’Aspinwall (Colon) pour franchir l’isthme entre les océans Pacifique et Atlantique ;
1856 : mise en service du fanal à la pointe Vénus ;
6 juillet 1856 : 64 ouvriers des Gambier arrivent à Tahiti avec les frères Gilbert et Théophile pour construire la cathédrale ;
11 août 1856 : premier coup de pioche pour le chantier de la cathédrale ;
mars 1857 : arrêt du chantier pour des raisons financières ;
26 mars 1857 : départ de Papeete des ouvriers pour un retour à Mangareva (ils arrivent le 10 mai 1857) ;
1857 – 1870 : arrêt travaux cathédrales / Diverses raisons ;
21 janvier 1860 : arrivée de la Thisbé aux Gambier. Elle part le 26 janvier 1860 avec un chargement de 70 tonneaux de pierre pour la cathédrale ;
12 avril 1864 : demande du Commandant de La Roncière pour la construction d’un phare à la pointe Vénus et la mise en place de deux feux pour le port de Papeete ;
4 juin 1864 : la commission des phares donne son accord pour le phare et les feux fixes du port ;
18 mars 1865 : l’appareil du phare arrive à Papeete par le trois-mâts barque Brémontier ;
1865 / 1866 : début travaux (?) ;
Janvier 1867 : 15 mangaréviens sont affectés à la construction du phare de Haapape ;
Août 1867 : le phare est terminé, une commission se réunit le 22 août pour l’inspecter ;
1 janvier 1868 : mise en service du phare ;
23 avril 1868 : inauguration du phare de Haapape ;
29 janvier 1875 : décision prise du Commandant Commissaire de la République de supprimer la direction du Génie de la place de Papeete ;
12 juin 1877 : achat par l’administration locale de la terre « Painavineti » appartenant à la Reine Pomare IV sur lequel le phare a été construit ;
(…)
A partir de 1953 : surélévation d’un étage ;
A partir de 1973 : électrification du phare ;

Le phare de la Pointe Vénus à Mahina, en 1885

Rédigé par Tahiti Heritage le Vendredi 26 Janvier 2018 à 10:20 | Lu 8449 fois